KINGSMEN : Bones Don’t Lie

Bones Don’t Lie - KINGSMEN
KINGSMEN
Bones Don’t Lie
Metalcore / Deathcore
Sharp Tone Records

« Être un Kingsman, c’est être quelqu’un qui a le courage d’endurer le pire, mais qui continue de refléter les meilleurs aspects de l’humanité. Donc, avec toutes nos chansons, c’est ce que nous essayons de montrer. » C’est en ces termes que Tanner Guimond, chanteur de Kingsmen, a introduit ce nouvel album, Bones Don’t Lie. Après un premier opus (Revenge. Forgiveness. Recovery) qui semble avoir fait l’unanimité, le groupe de Providence (Rhode Island) aura-t’il le courage d’endurer les critiques intraitables quant à celui-ci ?

Que nos Américains soient rassurés : Bones Don’t Lie est le genre de disque qui capte immédiatement l’attention et qui, une fois terminé, suscite l’envie de le réécouter. Plutôt bon signe, non ? Ce dernier s’ouvre avec « Hiding In The Noise », préambule bien heavy, construit autour d’un motif de quatre notes. Soyons honnêtes : les pièces introductives fonctionnent toujours très bien et sont le meilleur moyen d’éveiller l’intérêt des auditeurs quant au reste de l’œuvre. Le titre éponyme arrive dans la foulée et confirme le talent du combo de Rhode Island dans la maîtrise des sons lourds. Le riff du début est sale, bien nerveux, la batterie fait traîner les couplets. La voix de Guimond et la partie instrumentale ont cet aspect daté, qui n’est pas sans rappeler ce que faisaient jadis Marilyn Manson ou Korn. Il en résulte quelque chose de franchement intéressant et de satisfaisant. De même que pour le côté très distordu, très industriel, on sent la recherche derrière et le travail de qualité en termes de production sonore tout au long de l’album.

La troisième chanson, « Bitter Half », se démarque de par sa batterie imposante, jouée par Michael Perrotta. On semble n’entendre que ça, c’est entêtant, et on s’imagine bien headbanger dessus en live. Toutefois, la dernière partie est peut-être un peu trop linéaire et fait donc retomber l’énergie du début trop rapidement. Dommage. S’ensuit « Trial By Fire » et son intro subtile, très radio rock, vite brisée par un gros riff à la Five Finger Death Punch. Sur « Memory », le quintet yankee alterne entre différents tempos. Alors que sur les couplets, le chant est plus agressif, sur le refrain claquant, il prend des envolées. Les riffs restent saccadés et une légère touche électro en fond vient étoffer l’ensemble et lui donner de la chaleur. En effet, l’ambiance industrielle a tendance à rendre la visualisation de chaque chanson froide et terne. Si cela n’est en rien une mauvaise chose, puisqu’il s’agit de l’âme même de cet opus, de légers changements de ton n’en restent pas moins agréables à l’oreille.

La sixième piste, « No Road Home », est sans doute la meilleure. Son atmosphère étrange ne laisse aucunement indifférent. La répétition de la phrase « I’ve been walking » sur le refrain dégage quelque chose de dérangeant, comme une impression d’être prisonnier d’une boucle. Le break de guitare vient briser cela, bien qu’il y ait toujours quelque chose de sinistre dans la mélodie, à en avoir des frissons. C’est là que transperce le génie des cinq hommes qui réussissent à nous mettre mal à l’aise avec une construction instrumentale pourtant très simple. Sur la septième plage, « Dead Letter », on a de nouveau affaire à ce qui semble être la signature musicale de Kingsmen, avec des parties calmes, radio rock et des parties metal plus extrêmes. Une chose est sûre : les changements de rythme et d’ambiances sont maîtrisés.

Le huitième morceau, « Catalyst », est le plus agressif de l’album. Il possède en effet des riffs et une batterie bien extrêmes, bien bourrins. Le mélange du chant clair et des passages distordus maintenu sur le refrain donne du poids à l’ensemble. Et le solo de guitare est excellent, bien qu’un peu trop court, ce qui est fort dommage, car il y en a trop peu sur ce nouvel enregistrement (deathcore oblige). Enfin, sur les deux dernières chansons, « Prayer Man » et « Diamondize », on retrouve encore une fois cette voix et cette musique à la Marilyn Manson, de même que cet aspect très industriel à l’atmosphère perturbante, mystérieuse. On se sent encerclé par ce que l’on entend, tel un tour de force vraiment prenant aux tripes.

Il est évident que Kingsmen a su faire preuve de créativité en alliant sur un même album du metalcore, du deathcore, de l’indus, et du nu-metal. Bones Don’t Lie est satisfaisant à écouter et a été intelligemment travaillé. Notons toutefois que le disque a cela de particulier qu’il rappelle plusieurs autres groupes (Marilyn Manson, Korn, Five Finger Death Punch, Rammstein…). Si tout cela est agréable à écouter, et même à réécouter, il peut aussi y avoir ce manque de surprise face à des sonorités qui ont déjà été proposées il y a deux ou trois décennies. Quoiqu’il en soit, Bones Don’t Lie reste agréable à l’oreille et nous laisse impatient de voir ce que Kingsmen nous proposera à l’avenir, notamment en live. [Aurélie Cordonnier]

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