LACUNA COIL
No more lacuna

Si Lacuna Coil a toujours fait partie du paysage musical metal a voix féminine ces (presque) vingt dernières années, force est de constater que la concurrence a toujours été rude. En effet, au milieu d’Epica, Within Temptation, ou autre Amaranthe, il devient compliqué d’encore et toujours devoir sortir du lot. Le groupe a eu tendance à user d’un côté « pop » dont il s’est apparemment lassé. Grand bien leur fasse, l’album sonne plus metal que jamais, et l’effet de surprise est très positif. Cristina et Andrea ne manquent d’ailleurs pas d’enfoncer le clou dans les quelques lignes qui suivent.

[Entretien avec Cristina Scabbia (chant) et Andrea Ferro (chant)
par Aurélie P.Lawless]

Lacuna Coil
« Delirium » sonne beaucoup plus « heavy » que les précédents albums. Doit-on s’attendre à un changement de direction de la part de Lacuna Coil ou est-ce un coup d’essai ?

Cristina Scabbia (chant) : c’était une combinaison de plusieurs choses. On s’est tout simplement rendus compte que nous préférions jouer les chansons les plus « heavy » que nous ayons lors des concerts. Du coup, notre sentiment était d’aller en ce sens même si, évidemment, pendant l’écriture des chansons, nous ne savions pas réellement quelle tournure cela allait prendre. On s’est juste laissé porter par la vague et on s’est dit que si une chanson tournait plus « heavy » qu’à l’accoutumée, alors il ne fallait pas y aller par quatre chemins et tout donner. Le plus important était de ne pas se limiter à ce que les gens pouvaient attendre de nous et de notre style « habituel » disons. Dans un sens on voulait surprendre ces mêmes personnes puisqu’on savait qu’on devait coller à un certain genre, plus soft, plus rock… On a alors décidé de prendre le contre-pied, sachant qu’en plus la tendance des groupes désormais est d’adoucir leur jeu. On trouve que ça manque un peu en ce moment. Le concept de « Delirium » était également propice pour une musique plus musclée que d’ordinaire, il était plus facile pour nous de représenter ce qu’on avait en tête de cette façon.
Andrea Ferro (chant) : il est encore trop tôt pour dire si nous allons continuer sur cette lancée, mais nous aimons le résultat. Les choses sont encore un peu trop fraîches pour que nous sachions quelle direction nous allons prendre à l’avenir. Pour l’instant il faudrait déjà qu’on écrive d’autres musiques en vue d’un futur album ce qui est loin d’être le cas ! (rires)
C.S : nous aimons nous réinventer même si nous savons que pour les fans ça n’est pas toujours évident puisque certains sont attachés à l’image qu’ils ont de nous. Ils veulent que l’on sonne de la même façon pour toujours, ils n’aiment pas le changement. Malheureusement nous ne sommes pas ce genre de groupes, je pense que ce ne serait pas honnête ni naturel. D’un certain point de vue cet album est assez rétrospectif puisque nous utilisions des voix growl de manière intensive donc ça peut rappeler certains éléments de « Comalies » et « Karmacode ». L’état d’esprit était presque similaire à celui de l’époque et notre sentiment aussi… Néanmoins cela reste un nouveau chapitre pour Lacuna Coil, avec un nouveau line-up, un vent de fraîcheur a soufflé sur le groupe.

C’est une bonne chose que d’insuffler quelques nouveautés. D’autant plus que le groupe a une fan base assez fidèle, donc il peut se permettre d’attirer de nouvelles personnes, qu’en penses-tu ? Il restera toujours les anciens albums pour les fans de la première heure qui n’apprécient pas le changement…

C.S : oui effectivement ! Si nous étions en mode pilotage automatique, on se serait dit « ok les gars on va faire l’album exactement de cette façon puisqu’on sait que ça va avoir du succès ». Le hic, c’est qu’au fond tu ne peux jamais prévoir. Il y a peut-être un truc que tu trouves personnellement super cool qui va être impopulaire au possible ou alors tout-à-fait l’inverse. Mais aussi longtemps que nous serons heureux et souriants à l’idée de jouer cette musique pour quelques années sur la route, c’est bien plus qu’assez.

Les « lyrics videos » sont très à la mode actuellement chez les groupes notamment pour les singles. Pensez-vous que ce soit une bonne idée afin de mieux capter l’essence d’une chanson/d’un album ?

A.F : c’est important d’avoir les paroles surtout quand c’est la première fois qu’on entend une chanson. Aussi, c’est une assez bonne alternative, car évidemment on ne peut pas faire une véritable vidéo pour chaque chanson… Ce serait génial hein (rires) mais ça ne risque pas d’arriver à moins d’avoir un budget colossal ! Il faut donc se focaliser sur le principal et ce qui est le plus déterminant pour la chanson et l’impact que cela peut avoir sur les gens. Je pense que c’est pas mal de commencer avec une « lyrics video » et d’ensuite, faire un vrai clip vidéo.
C.S : j’aime cette idée, ça fait un peu comme un prompteur en écoutant la musique, où tu peux visualiser les mots et ça devient beaucoup plus simple de les mémoriser. Ça joue bien sûr un rôle fondamental pour capter le message, l’univers lié à la chanson ou à l’album de manière générale. Nous ça nous permet aussi de mettre en avant l’inspiration que nous avons eu lors de la composition, surtout pour « Delirium » où de longs moments de silence ainsi qu’une atmosphère froide et aseptique sont majoritairement des thèmes dont nous nous sommes inspirés. Il faut que l’on trouve un moyen de les transmettre. Il y a la musique pour cela, mais les mots favorisent aussi énormément la compréhension.

Beaucoup de noms connus ont apporté leur grain de sel à cet album. Au-delà du fait que ce soit une bonne idée, cette dernière était-elle simple à mettre en place et à orchestrer ?

C.S : ça a été très très vite. À la base, notre propre guitariste (Maus, ndlr) a décidé de poursuivre dans sa propre voie et de changer le cours de sa vie quelques jours avant l’enregistrement. Et nous nous sommes retrouvés avec des parties de solo qui étaient vacantes… Nous avons alors pensé qu’avoir beaucoup de guests nous aiderait à palier le souci. Nous avons assez d’amis dans l’industrie musicale pour rendre cela possible… Myles Kennedy par exemple, avec qui nous avions déjà travaillé avec Alter Bridge par le passé, est venu nous prêter main forte. Nous avions gardé contact au fil du temps, on s’envoyait quelques messages, dont un à Noël et c’est là que je lui ai tout simplement demandé « hey, on aimerait que tu sois avec nous sur l’album ! » (rires). Je ne m’attendais d’ailleurs pas du tout à une réponse positive car il est tellement occupé en ce moment avec tous ses projets et l’écriture du nouvel album d’Alter Bridge. Je pensais qu’il dirait « Désolé, je suis occupé », mais non ! Il m’a juste dit « bien sûr, donne-moi juste les dates et tes deadline et quelques chansons », c’était dingue ! Il a choisi les chansons qu’il aimait le plus et il a juste écrit lui-même les solo et a même donné des indications pour les autres guests. Nous avons aussi demandé à Mark Vollelunga de Nothing More qui est également un très bon ami. Nous avons eu beaucoup de chance dans notre malheur pour cet album, mais tout le monde a mis du cœur à l’ouvrage. J’espère que ça s’entendra à l’écoute de « Delirium » !

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