LIMBES – MÜTTERLEIN
Limbes x Mütterlein (split)
Black Metal atmophérique
Les Acteurs de l’Ombre Prod.
Les splits LP ou EP permettent bien souvent de découvrir et croiser diverses formations plus ou moins intéressantes qui, quand elles sont différentes et se mélangent vraiment en reprenant des compositions de l’autre, et vice-versa, attirent notre ouïe alors que nous ne serions peut-être passés à côté. Comme Griffon et Darkenhöld il a deux ans, le label français Les Acteurs de l’Ombre Productions met en avant cette fois deux artistes français : Limbes (ex-Blurr Thrower) et Müterlein. Derrière ces noms inhospitaliers se cache une musique tout aussi froide et sauvage. Normal, c’est du black metal, me direz-vous ! Et dès les premières notes du titre « Vérité » interprété par Limbes, pas étonnant du coup que l’on reconnaisse ces sonorités froides composées, il y a de fortes chances, à la boîte à rythmes par l’ex-Blurr Thrower, ou plutôt à partir d’une bande pré-enregistrée de blast-beats comme nous l’avait expliqué alors son chef d’orchestre à ses débuts. Screams schizophréniques, blasts synthétiques, et riffs rapides extrêmement saturés se répètent laissant place par moment à quelques plages atmosphériques et ce, durant un total de vingt-quatre minutes, sans jamais s’emmêler les pinceaux ni lasser. On ressent ici une bien meilleure maîtrise dans la composition et les arrangements. Tout n’est plus aussi binaire comme auparavant, et s’intègre sur la durée de cette longue première chanson véritablement habitée et prenante équivalente en fin de compte à la durée d’un EP. Si l’album Les Voûtes paru en début d’année vous a plu malgré ses petites imperfections de jeunesse, nul doute que cette première partie réservée à Limbes vous intéressera ici.
En réponse à cela, la reine mère Mütterlein donne le change sur des effets électroniques à l’atmosphère plus qu’inquiétante, accompagnée de la voix de l’artiste pro-queer qui répond à la violence de Limbes par sa mélancolie glaciale. L’unique morceau là aussi, intitulé « Liars Wankers » pourrait rappeler certaines ambiances lugubres de Wolvennest. Et quand les guitares surviennent, légères et mélodieuses mais toujours torturées, sa prêtresse élève la voix. Elle se dresse comme un rempart à nos sociétés contemporaines toujours plus inhumaines et encore patriarcales. Un aspect incantatoire, ensorceleur, prédomine alors, qui n’est pas sans rappeler la meilleure période d’Opera IX quand Cadaveria officiait encore dans les messes noires des Italiens. La production sonore se veut cependant plus moderne et feutrée qu’il y a vingt ans.
Ce split dégage vraiment deux personnalités artistiques qui ne demandent qu’à se développer sur un album entier chacun et surtout sur scène, quoique, parfois certaines expérimentations sont bien meilleures quand elles demeurent cantonnées au studio dans les limbes. Petit conseil : écoutez au casque pour encore mieux en retirer la substantifique moelle. [Seigneur Fred]
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