Une chose est sûre, chroniquer un nouveau disque de Machine Head n’est jamais chose aisée, surtout quand son protagoniste a subi des critiques incommensurables pendant la sortie de son précédent album Catharsis en 2018. Ce dernier se voulait peut-être d’une certaine façon une version 2.0 de The Burning Red, lui aussi fort décrié à sa sortie en 1999. Bref, durant quatre longues années et une épidémie de covid oblige, le groupe californien d’Oakland a cependant publié quelques singles dont le très bon « Do Or Die » en 2019 qui mettait un doigt d’honneur à tous ceux qui pensaient que la bande à Robb Flynn était morte. MH est bel et bien vivant, et le clame haut et fort sur Of Kingdom And Crown aux allures de revanche sur le passé, même si sa tête pensante et si caractérielle dira certainement le contraire… Mais le bonhomme en a encore sous le pied. Des fois, on peut penser qu’il est sous-estimé mais pour autant, c’est un sacré compositeur.
Ce dixième album montre un Machine Head qui renoue avec son passé tout en gardant sa touche moderne, c’est-à-dire aux riffs et breaks fracassants, et arrangements délicats, notamment vocalement. Nous ne sommes pas sur un The Blackening 2 non plus, mais certaines réminiscences pourrait y faire penser par moment…
Of Kingdom and Crown se base sur un concept cette fois-ci et les morceaux s’enchaînent vraiment avec cohérence. Tout est lié, voire fluide. C’est Navene K (Entheos, ex- Animals As Leaders) qui assure la batterie, et ce, de très belle manière. Technicien hors-pair, il est très doué dans son domaine et insuffle du dynamisme pour ce nouveau cru 2022. Le guitariste polonais Vogg (Decapitated), quant à lui, apporte aussi du sang frais dans les compositions de Flynn dont le phrasé demeure redoutable. Aussi bien en scream qu’en chant clair mélodique, Robb Flynn progresse encore et montre une nouvelle fois qui est le « boss » du groupe d’Oakland depuis ses débuts en 1991, après l’ère Vio-Lence.
Alors certains diront « non, il chante trop, ou c’est trop mielleux par moment », d’autres diront : « enfin, ils sont de retours ! » comme lors de leur superbe retour avec The Blackening en 2007, mais Of Kingdom And Crown se veut plus condensé et assez moderne, alors que The Blackening était un retour à un thrash old school teinté de longues digressions heavy/thrash metal. Dans tous les cas, vous seuls en serez le juge, et même si la sentence est irrémédiable, le père Robb Flynn en a encore sous la pédale et nous le prouve ici. Le leader de Machine Head a la dent dure malgré les années qui passent. [Loïc Cormery]
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