C’est bien connu : ce n’est pas au vieux singe que l’on va apprendre à faire la grimace ! Alors quand il s’agit de death metal old school, les vétérans américains de Master, désormais établis en République Tchèque, répondent présents car ils sont passés maîtres du genre depuis leur apparition en 1983 sur la scène, non pas de Tampa (Floride), La Mecque du death metal US, mais de Chicago (Illinois). Donc respect tout d’abord pour la bande à Paul Speckmann ! Mais bon, que peut bien encore offrir Master sur ce quinzième album studio à ses fans, mais aussi aux plus jeunes et néophytes ? A tous ceux qui n’ont jamais connu la claque de leur premier album éponyme en 1990 ou du suivant, On the Seventh Day God Created… Master, à la grande époque de leur signature sur l’énorme label allemand Nuclear Blast ? Eh bien du bon vieux death metal des familles. En écoutant Saints Dispelled, on a comme la drôle de sensation que le temps s’est figé à la fin des années 80, quand le death metal commençait sérieusement à se mêler au thrash. La production sonore ici est tout à fait contemporaine, même si la batterie n’est ici pas triggée contrairement aux 3/4 des enregistrements death metal à l’heure actuelle. Les amateurs apprécieront donc… Car chez Master, le style a toujours été old school et n’a pas évolué, à l’instar d’un Obituary ou Massacre. Et c’est ça qui est bon ! Si certains morceaux peuvent sembler un tantinet longs et redondants (« Minds Under Pressure », « Walk in the Footsteps of Doom »…), ils ont le mérite de foncer tout droit dans le mur, comme un bélier tête baissée.
En véritable métronome humain, le nouveau batteur Peter Bajci (ex-Hypnos) lance très souvent l’assaut en introduction. Puis les riffs tronçonneuses à l’ancienne sont encore efficaces et bien ficelés, même si l’originalité fait défaut. Et les quelques soli de guitare tout en shredding viennent déchirer nos tympans déjà mal traités. Sur le premier titre par exemple, « Destruction In June », tout est dit. Les morceaux suivants sont toutefois moins longs et plus efficaces par conséquent (« Walk in the Footsteps of Doom », « Saints Dispelled », etc.). Et quelle férocité malgré l’âge de son frontman Paul Speckmann ! Ce dernier, qui vit désormais en Tchéquie, assure encore au micro même si les prises en studio peuvent être éternellement refaites, mais en live, on sait qu’il assure encore, le bougre ! Et quand les rares breaks surviennent, on replonge dans les années 80/90, à la grande époque des Sepultura (qui prend une retraite bien méritée) ou Obituary, alors en pleine ascension…
Sur le single « Minds Under Pressure », si un pont se fait attendre et la respiration arrive en milieu de morceau, le break s’avère simple mais d’une extrême efficacité. D’ailleurs, on ressent bien ce côté speed et thrash dans les compositions et rythmes chez Master. Parfois on a la même étrange sensation d’écouter comme si Lemmy Kilmister (R.I.P.) faisait du death metal avec Motörhead en duo avec Obituary dans la pièce à côté. Pour rappel, Paul Speckmann officie aussi également au poste de bassiste et chanteur. Une petite surprise vient charmer un instant nos sens et reposer nos cervicales : la chanson « The Wiseman ». Avec son intro jouée au lud (ou au glissentar ?) accompagnée de hang (percussion acoustique ressemblant comme à un wok à l’envers et que vous avez certainement déjà croisé) aux influences à la fois balkaniques et méditerranéennes, on se dit qu’un peu de diversité fait du bien, avant que ça reparte de plus belle, sur une rythmique très heavy. Puis « The Wizard of Evil » vient conclure les hostilités, là encore de manière très heavy et speed, avec toujours le même déroulé dans sa structure. C’est un peu là le point faible chez Master qui ne se prend pas trop la tête et a tendance à tourner en boucle. Enfin, pour les plus fans d’entre vous qui en voudraient encore, sachez que deux morceaux figurent en bonus : « Nomads » et « Alienation of Insanity », et ceux-ci sont plutôt bons et plus sombres. Reste à retrouver Master en live prochainement car ça ne durera pas éternellement. Il y a de fortes chances que ces vétérans du death metal de la première heure écument les festivals d’été en Europe avant d’aller retrouver son ancien public en Amérique. [Seigneur Fred]
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