Oyé, oyé, braves gens ! Retour à l’âge d’or des rois, des chevaliers, des clercs, des serfs et autres paysans. Fanfaronnant au clairon, Sent Empèri Gascon regorge d’une originalité sans pareille au sein de la scène folk metal extrême (Véhémence, Aorlhac, Paydretz, Abduction…). Son artwork traduit tout le folklore et la folie du projet musical Moisson Livide, celui d’un seul homme, Baptiste Labenne du groupe Boisson Divine (folk/rock metal français), plus connu sous le pseudonyme de « Darkagnan ». Gascon et fier de l’être, Moisson Livide nous rend fier de nos campagnes et de ce qui fait la France dans sa plus grande diversité, et ce, de manière burlesque. Ce premier album d’un one man band créé en 2022 déborde de joie et de drôlerie. Toutefois, derrière ce masque se cache le terroir d’une France qui se perd mais qui ne se laisse pas consumer pour autant ! Pour preuve, l’ensemble des paroles sont chantées en gascon ! Chaque morceau est un savant mélange de black metal et de folk aux influences heavy, avec sa propre personnalité. Les refrains chantés en chœur sont entraînants et généralement suivis d’un solo de guitare efficace (« La sèrp d’Isavit », « Sent Empèri Gascon »). Outre sa structure assez répétitive, Sent Empèri Gascon, se démarque de ses compères par l’usage foisonnant d’instruments folkloriques (« L’òmi xens passat », « Sent Empèri Gascon », « Passejada dolorosa » et son bignou).
L’album n’en perd pas autant son caractère très agressif avec des morceaux plus versés dans le black metal tel que « Sus l’arròda », véritable cri de guerre contre le sentiment d’intranquillité qui règne dans nos campagnes. Quand les titres sont plus heavy et épiques, cela rappelle les morceaux de bravoure des Belges d’Ancient Rites (toujours vivants), ou les passages les plus rares et mélodiques des furieux Basques de Numen. « L’òmi xens passat » s’ouvre sur une très belle intro. Une douce distorsion s’installe peu à peu, puis un instrument folklorique accompagne tout ce joyeux bazar metal. Arrivé à mi-chemin de ce morceau, une guitare nous met au défi à l’image des plus célèbres musiques d’Ennio Morricone. Comparable à un western spaghetti mais ici dans une France d’en bas méridionale, ce titre porte à lui seul l’esprit farfelu de son créateur. Par exemple, « Sent Empèri Gascon » nous offre une joyeuse fanfare aux allures militaires. Bien loin de faire tâche sur la scène musicale contemporaine, cette chanson se conclut avec brio une atmosphère poisseuse et joyeuse des temps passés (folklore moyenâgeux) aux couleurs très actuelles (cf. les paroles). Sent Empèri Gascon peut ainsi s’apprécier comme un album d’excès de joie et d’ivresse, à offrir à l’apéritif ou à partager entre amis, sans modération ! [Louise Guillon]
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