MOTOCULTOR
Report complet

Comme à chaque milieu du mois d’août, c’est avec grand plaisir que nous nous sommes rendus une nouvelle fois en terres bretonnes pour la neuvième édition du Motocultor, festival montant et petit frère du Hellfest en quelque sorte (second festival de Métal en France avec plus de 22 500 entrées cette année), basé à Saint-Nolff à côté de Vannes (Morbihan) sur le site verdoyant de Kerboulard, ou plutôt humide qualifierons-nous en ce premier jour de festivités Métal et Hardcore… À l’affiche, du beau monde encore cette année malgré une programmation hétéroclite finale annoncée assez tardivement et quelques annulations de dernière minute (Six Feet Under pour la seconde fois et sans réelle raison, le coup de la panne de bus ayant déjà été fait l’an dernier), Kyle Gass Band préférant se produire outre-Rhin, ainsi que Delain, Cryptopsy, Werhmacht, Trouble, et Manzer)…

[Textes par Seigneur Fred – Photos : J-C Beaugé/Deadlypix]

MOTOCULTOR visuel 2015 (1)

Jour 1

Après de fortes intempéries (ah bon, il pleut parfois en Bretagne ?!), l’organisation du festival se trouva quelque peu ralentie et le site (hors camping) ouvrira au public avec une heure de retard le vendredi 14 août. Ce sont justement les Bretons de Belenos, originaires de Tréguier, qui ont l’honneur de revenir à St Nolff pour ouvrir les hostilités, deux ans après leur précédent passage. Leur délicieux Pagan Black Metal séduit les premiers festivaliers sur la nouvelle et troisième scène intitulée Massey Ferguscene pour l’occasion. Interprétant à la fois de vieux titres (un morceau notamment de leur première démo Un Amour Eternel) et un tout nouvel extrait du futur album en cours d’enregistrement à paraître l’an prochain, le groupe nous fait vite oublier la pluie et les fans sont ravis. Notons que cette troisième scène se devait d’être à l’origine une grande tente mais pour des raisons géologiques, dirons-nous, ce fut cette configuration de troisième scène ouverte située à l’entrée (et donc immanquable) qui fut installée. Parallèlement les Orléanais de Nesseria jouent déjà sur la Supositor Stage et leur Brutal Hardcore/Metal chaotique réchauffe les corps quelque peu humides. Mais un dilemme qui n’avait pas lieu jusqu’à présent au Motocultor Festival se profile alors dans nos esprits : avec désormais trois scènes, comment faire pour apprécier pleinement les deux concerts simultanés sur la Massey Ferguscene et l’une des deux principales scènes ?!


Bref, les Tchèques de Gutalax étant reportés au dimanche, Psykup foule alors les planches de la Dave Mustage et vont livrer un set tonique et renversant de leur autruche-core (comme nos Toulousains aimaient à le dire à leurs débuts aux découvertes du Printemps de Bourges il y a une quinzaine d’années), alternant moments plus mélodieux à des passages barrés créant une véritable fusion quelque part entre Mr Bungle qui aurait tourné Néo-Metal. Chapeau aux deux chanteurs qui font le show devant un parterre qui se remplit malgré une petite pluie persistante. Et pour continuer à nous réchauffer, rien de tel qu’un bon Heavy Metal à tendance Thrash old school des familles sur la Masey Feruscene avec nos briscards de Killers dont les classiques font mouche et nous collent toujours aux Basques trente ans après. Même si leur musique et le show peuvent paraître désuets et d’un autre temps, la formation des Pyrénées-Atlantique méritent le respect et même la médaille du mérite !

Peu de temps après, c’est un autre combo voisin qui se fait entendre et attendre sous une intro symphonique sur la Dave Mustage : Ancient Rites. Avec un nouvel album dans sa besace paru cette année chez Massacre Records, les Belges nous livrent un show carré avec quelques classiques. Alors que nous n’avions plus de nouvelles depuis Rubicon (2006), Ancient Rites semble être en forme en 2015, mais l’absence de basse se fait quelque peu sentir (les claviers enregistrés sont là pour compenser) et son chanteur et sympathique frontman Gunther Theys a tout de même perdu de sa superbe au niveau vocal, rendant leur Black Metal mélodique d’antan moins subtile et plus basique, plus typé Heavy/Black/Death Metal, les accents Folk ayant disparu malheureusement. Cependant, cela nous donne envie de nous replonger avec nostalgie dans les mélodies du superbe Dim Carcosa (2001) dédiée à la ville de Carcassonne.


Changement de registre sur la scène d’à côté (Supositor Stage) avec les Ricains d’All Out War originaires de Newburgh (NY) dont le Hardcore Metal fait déjà des victimes dans le pit en cette après-midi boueuse. L’ambiance monte et la boucherie est ouverte à St Nolff !

Parallèlement (argggh ! Quel dilemme, nos cœurs balancent) une des révélations Stoner française de ces dernières années était à ne surtout pas manquer sur la nouvelle et troisième scène dédiée majoritairement à ce style : il s’agissait de Mars Red Sky. Nous avions adoré leur second opus Stranded In Arcadia en 2014 et avions consacré d’ailleurs une interview dans Metal Obs au groupe bordelais fondé en 2007 et qui a déjà tourné à l’étranger avec Kyuss (reformation) et s’est produit sur divers festivals de renom. Leur musique emprunte d’influences diverses et subtiles (Pop/Rock, Prog’, Stoner, Psychédélisme et Sludge gentillet) et captive littéralement sur album mais sur scène, la sauce met un peu de temps à monter (pourtant, la basse vous prend aux tripes mais il manque quelque chose), la faute peut-être à un manque de temps (conditions de festival oblige) ou bien un léger manque d’assurance de son chanteur, mais incontestablement un groupe français talentueux à suivre de près et dans de meilleures conditions pour s’apprécier pleinement.

Sinon, toujours au rayon Made in France sauf que là, c’est nippon ni mauvais, ça se passe sur la Supositor Stage et fait mal par où ça passe autant qu’All Out War ou qu’un uppercut de Ken Le Survivant en pleine tronche : la sensation Hardcore Metal Rise Of The Northstar. Avec leurs petites décos mangas et autres calligraphies japonaises, les musiciens/rappeurs en kimono noirs donnent tout comme à chaque concert et digèrent leurs influences Hatebreed devant un public de fans grandissants. C’est bien rôdé et très efficace. Mention spéciale au chanteur Vithia en pleine convalescence avec sa béquille nous rappelant quand un certain Mouss de Mass Hysteria faisait de même sur scène en tournée. Énorme !


Un autre groupe français impressionna par sa maîtrise et son énergie : Heart Attack. Les Thrahseurs cannois ayant déjà fait leur preuve cette année au Hellfest et remporté le Headbang Contest (avec One Last Shot moins puissant et typé Métal), ces derniers mirent le paquet pour faire remuer le public de la Dave Mustage sans complexe à l’aide de ses riffs simples mais costauds doublés d’une hyper motivation à faire exploser un pacemaker. Chapeau les gars !

La politique artistique du Motocultor défend les formations françaises, et ce pour la bonne cause et notre plus grand plaisir auditif, surtout quand il s’agit de jouer un bon Hard Rock énergique déjanté avec les Sticky Boys révélés lors d’une pub pour la SNCF. Même si leur dernier album Make Art nous a un peu moins surpris sur disque, sur scène c’est toujours aussi jouissif depuis leur révélation au Hellfest en 2011, et du coup tout le monde a la banane dans le parterre devant la Massey Ferguscene, surtout les mecs devant les premières poitrines féminines dénudées… Le set s’achève dans la joie et la bonne humeur sur un titre disco en outro.

Un groupe plus calme et très attendu dans cette programmation toujours aussi variée du festival breton fut la formation islandaise de Solstafir dont le style n’est pas des plus évidents en plein jour en condition de festival mais leur Rock/Metal atmosphérique passa comme une lettre à la Poste (hors période de grève). Le show des Scandinaves apporta un peu de fraîcheur des plus appréciables avec un son de qualité et on eut même droit à des passages de banjo de la part d’un des guitaristes au look proche d’un ZZ Top (barbe oblige) parmi une setlist axée essentiellement sur les trois derniers albums. Mention très bien au chanteur Aðalbjörn « Addi » Tryggvason en grande forme ce jour-là. La classe ! Assurément un des grands moments de cette cuvée 2015.

Solstafir; Adalbjorn Tryggvason; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 14/08/2015

Après la banane des Sticky Boys précédemment, c’est l’heure d’avoir la frite avec à présent les Belges d’Aborted et notre ami hurleur Sven de Caluwé toujours aussi furieux et amateur de jeux vidéo (cf. son T-shirt Battlefield 3 comme il y a deux ans lors de sa prestation avec System Divide, le groupe de sa femme Miri Milman dont nous attendons avec impatience le second album studio, et aussi Aborted). Rien de bien nouveau sinon au rayon boucherie belge du Brutal Death Metal et si leurs derniers méfaits, The Global Flatline (2012) et The Necrotic Manifesto (2014) montraient un regain d’inspiration et de brutalité, nos voisins se révèlent toujours aussi efficaces sur scène, question show c’est rôdé, mais sans aucune surprise. Enfin, on a heureusement droit à un circle pit autour de la régie technique de la Supositor Stage histoire de faire concurrence à celui de Dagoba l’an dernier…

Aborted; Sven de Caluwe; JB van de Wal; Ken Bedene; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 14/08/2015

Maintenant que les choses sérieuses ont commencé, place aux Trolls et autres mythes nordiques avec nos Finlandais de Finntroll spécialistes du Humppa Metal. Ces messieurs ont, ce soir, un peu froid visiblement car ils ne sont pas torse-nus et maquillés comme à l’accoutumé. Alors que leur claviériste Trollhorn ne tourne plus avec le groupe depuis des années et que leurs albums ces derniers temps avaient tendance à être un peu moins originaux et typiques que par le passé dans leur genre, les Trolls d’Helsinki nous pondent un set avec plusieurs classiques afin de ravir les fans, mais il manque un petit quelque chose pour en faire un show exceptionnel, la faute probablement à un son trop brouillon sur la Dave Mustage et un côté plus Death/Black générique en live (notamment au niveau vocal) atténuant les spécificités folkloriques et dansantes de nos Scandinaves (pour rappel, aucun instrument folklorique sur scène n’est joué, ce sont uniquement des claviers et des samples !). On passe toutefois un moment convivial (peut-être pas pour la sécurité bien occupée et qui fit le job sans excès de zèle et avec respect envers les festivaliers) alors que la cervoise coule à flot au bar et que c’est l’heure de ripailler sur les stands. Si vous avez manqué leur show, rattrapez-vous avec leur album live paru l’an dernier Natten Med De Levande Finntroll ou bien sur les quelques vidéos officielles du festival !

Finntroll; Mathias Lillmans; Mikael Karlbom; Sami Uusitalo; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 14/08/2015

Avant de continuer un peu plus tard cette soirée folklorique sur la même scène avec Eluveitie où les fans échauffés par Finntroll s’impatientent déjà, place à deux groupes cultes américains totalement différents dans leur genre et se produisant simultanément : Sick Of It All sur la Supositor Stage, où comment les rois du New York Hardcore excellent depuis les années 80 et vous donnent une leçon de mosh-pit ; et Pentagram avec un Bobby Liebling inimitable, survivant de toute une époque, à l’instar d’un Lemmy Kilmister ou d’un Ozzy Osbourne, ayant traversé quatre décennies avec son Heavy/Doom Metal et rencontré tous les problèmes et déboires d’une Rock Star avant d’être papa dernièrement ! Bobby chante encore pas trop mal à 61 ans, mais rien que sa venue pour le soundcheck sur scène avec ses camarades fut à lui seul un moment unique et comique. Complètement allumé et pensant déjà qu’il s’agissait du show, il enleva son perfecto et tel un papy sortant de la maison de retraite à une heure tardive, fit quelques essais en se dandinant déjà devant une horde de fans avant de revenir pour un concert puissant et fort agréable. Voyant chaque année Sick Of It All un peu partout sur les festivals d’été quand ils ne tournent pas le reste du temps en Europe, nous assistons aux deux concerts, mais en privilégiant toutefois davantage le groupe culte américain de Washington D.C. Pentagram. Accompagné d’un bassiste au jeu appuyé et puissant (ce dernier ressemblant presque à un James Hetfield chauve), d’un seul guitariste délivrant des riffs mortels et d’un batteur en forme derrière ses fûts, ce fut là un moment fort et déjà culte de ce Motocultor 2015 sur cette nouvelle et troisième scène qui fournit décidément de bons moments en matière de Doom, Stoner et autres Rock fumants. Si vous en voulez encore, écoutez donc le petit dernier Curious Volume paru chez Peaceville Records…

Eluveitie; Christian Glanzmann; Shir-Ran Yinon; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 14/08/2015

Le clan helvète d’Eluveitie monta ensuite sur la Dave Mustage et son Folk Metal, très attendu, réchauffa les fans alors que la fraîcheur de la nuit se fait sentir (13 degrés…). Nos petits Suisses devenus grands désormais donnent là un show relativement classique mais très professionnel où malheureusement les instruments traditionnels (vielle même si cela reste assez moderne comme instrument, flûtes, cornemuse, mandoline…) ne ressortent pas toujours parfois. Vocalement, Anna Murphy est à notre grand désespoir inaudible sur ces premières interventions en duo avec le leader Chrigel Glanzmann qui lui se fait entendre avec ses éructations Death. Cela s’améliore heureusement durant le morceau très attendu « The Call Of The Mountains » chanté du coup dans la langue de Molière. Notons la présence de la nouvelle violoniste Nicole Ansperger (issue de la musique classique et du folk) qui rapidement a fait oublier Meri Tadić et donna là une de ses dernières prestations avec le groupe puisqu’elle est désormais remplacée par Shir-Ran Yinon à son instrument ; et une petite dédicace au bassiste blessé Kay Brem, debout et statique sur sa petite plate-forme posant du coup à la manière du bassiste de Rammstein. Enfin, comme d’habitude, nos troubadours de Zurich achèvent leur concert par l’hymne « Inis Mona » celte emprunté au répertoire traditionnel celtique « Tri Martolod ». Un très bon show, convenu (peu de différence par rapport à leur dernière tournée sur Origins) mais convivial et parfaitement adapté à l’ambiance festival même si tout ne fut pas audible (voix d’Anna Murphy entre autres). Vivement le prochain album acoustique, Evocation II, en cours d’enregistrement !

Pour finir cette première soirée, vous aviez le choix : soit continuer juste à côté dans le mosh pit de la Supositor Stage avec l’autre groupe culte de la scène NY Hardcore de la soirée : j’ai nommé Madball et son toujours imposant bassiste Hoya Roc accompagné d’un Freddy Cricien très en forme au mic et très en jambes (sympas ces superbes chaussettes sportives noires !) avant d’aller danser sur les morceaux dance/électro burlesques de l’ovni venu de l’est Little Big, ou bien aller vous suicider collectivement devant la Massey Ferguscene en écoutant la musique brute et dépressive de Triptykon. Dilemme artistique là encore mais notre cœur sombre en pleine nuit et privilégie finalement le nouveau projet artistique du guitariste/chanteur Tom Gabriel Fischer alias Tom G. Warrior (ex-Celtic Frost) dont le dernier album Melana Chasmata résonne encore dans nos âmes. Le concert des Suisses se veut alors en opposition totale à Eluveitie niveau ambiance et débute par l’intro instrumentale « Crucifixus » tiré du EP Shatter datant déjà de 2010. Passé une petite phrase ironique et assassine au micro où le leader, maquillé et tout en noir comme à son habitude, n’hésite pas à se moquer en préambule de ses compatriotes rois du Folk Metal, Triptykon attaque dans le dur direct avec une reprise de son ancien groupe culte Celtic Frost « Procreation Of The Wicked » suivi de « Goetia » du premier album de Triptykon, avant de replonger dans le passé sur « Circle Of The Tyrants » pour alterner de nouveau entre les deux albums de son nouveau groupe. Une rareté est alors interprétée : « Messiah », une reprise bienvenue de Hellhammer, l’époque pré-Celtic Frost, flirtant bon la préhistoire du Black Metal du début des années 80… Le seul bémol vient peut-être de la setlist pas forcément représentative de l’œuvre récente de Triptykon qui sur album alterne entre morceaux plus mélodieux et atmosphériques voire Gothic et accélérations écrasantes ou suffocantes alors qu’ici tout est brut et sans fioriture. Tom G. Warrior broie toujours autant de noir au côté de ses camarades de l’ombre V Santura (Dark Fortress, Noneuclid) à la guitare/chœurs et le très bon batteur Norman Lonhard (ex-Fear My Thoughts) qui martèle ses fûts tel un damné. Le seul petit rayon d’espoir réside dans les rares échanges de regards complices entre la belle et sombre bassiste Vanja Slajh et son mentor. La messe nocturne prend fin à 01h10 après « The Prolonging ». Ave Satanas.

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Jour 2

Après la pluie vient généralement le beau temps, la preuve en est en ce second jour de festival. Alors que le soleil vient lécher nos visages à peine réveillés et qu’il est déjà l’heure de déjeuner (petit déjeuner pour certains), l’appel du Thrash se fait déjà sentir dans nos cervicales avec Arcania qui ouvre le bal sur la Dave Mustage. La formation angevine connaît bien les lieux et se trouve tout à fait à l’aise ici au Motocultor avec son Thrash moderne et carré teinté parfois de légères influences old school accrocheuses, elle avait en effet remplacé avec honneur et au pied levé les Américains de Six Feet Under l’an dernier alors en panne de bus… Et c’est dans ce même style musical très prisé par les Espagnols énervés de Crisix mais dans une veine plus old school que l’on continue cette belle journée du 15 août qui s’annonce plus la fête du Thrash que de l’Assomption, probablement au grand dam de certains conservateurs religieux…


Abysse
(à ne pas confondre avec l’ancien side-project Black Metal de Peter Tagtgrën The Abyss), quant à lui, essaie de captiver et d’entraîner les spectateurs qui arrivent à l’entrée du festival en passant près de la nouvelle scène Massey Ferguscene avec son Post-Metal atmosphérique et progressif. Les Français s’en tirent plutôt bien à cette heure de la sieste. Puis ce sont d’autres Frenchies (décidément, l’affiche de cette édition 2015 fait vraiment la part belle aux groupes hexagonaux), à savoir les Ch’tis de Bliss Of Flesh, qui vont assommer une audience surprise par le professionnalisme de ces derniers. Il faut dire que Bliss Of Flesh pratiquent son Black/Death Metal puissant (influencé par Belphegor qui leur est contemporain, mais les harmonies mélodiques de guitares en moins) depuis 1999 ! C’est la première grosse claque de ce jour férié. Enchaînent ensuite et en parallèle les Ibériques d’Avulsed et les jeunes Tourangeaux de Drakwald. Les premiers se faisant trop rares en concert par chez nous, il serait immanquable de passer à côté de la boucherie Death Metal d’Avulsed même si finalement leur prestation demeura très classique mais efficace. Drakwald quant à lui se mit dans la poche l’audience attentive de la Massey Ferguscene notamment grâce à leur passages Folk entraînants (flûtes, cornemuse, etc.) et l’utilisation d’un drapeau arborant l’hermine bretonne. Un chouette concert convivial à l’image du festival, assurément !

On reste en France et là c’est une nouvelle claque qui nous arrive de l’est de la France et existe depuis plus de vingt ans : Kronos. Les Lorrains détruisent tout sur leur passage avec leur Death Metal puissant et sans répit, bien sonorisé dans l’ensemble. À noter dernièrement dans le line-up l’arrivée d’un nouveau chanteur nommé Triv et dont la voix gutturale sied à merveille à l’ensemble déjà très costaud et compact. Kronos nous gratifie au moins d’un titre extrait de leur nouvel album Arisen New Era actuellement disponible (cf. Metal Obs #69) et donne une claque au public du Motocultor qui avait tendance à faire bronzette sur la plaine bretonne de Kerboulard.

Jamais deux sans trois, et ce sont donc encore des Espagnols qui envahissent la Supositor Stage (décidément, que ce soit en sport ou en musique, ils sont partout ces Espagnols !) et ce n’est pas la première fois qu’ils font parler la poudre ici avec leur Thrash Metal superbement exécuté : Angelus Apatrida. Voici la troisième fois que le groupe d’Albacete (Castille – La Manche) foule la scène du Motocultor et franchement comment être déçu par ce quatuor qui s’affirme un peu plus chaque jour sur la scène internationale à chaque album (Hidden Evolution paru cette année après la récente réédition de ses deux premiers méfaits chez Century Media) ou tournée ? Angelus Apatrida donne exactement ce que l’on attend live d’un groupe de Thrash avec un son en plus parfait, le tout agrémenté par un final sur scène en compagnie de ses compatriotes présents quelques heures avant. Super show ultra efficace et dévastateur dans le pit ! Mais comme on ne voulut pas non plus manquer les Frenchies de Glorior Belli emmenés par son seul membre d’origine Infestuus. Nous nous ruons donc à la troisième scène où le Black Metal teinté de Blues et Stoner sudiste envahit les sens d’un public attentif. Original par son mélange et brut sur album (ils ont déjà publié plusieurs disques sur divers labels de renom), nos Black Metalleux font bonne impression, mais il manque néanmoins un petit quelque chose d’agressivité ou bien de variété dans le chant de son frontman Infestuus, pourtant présent scéniquement, et dans les riffs de guitares bien gras. Dans tous les cas, on attend avec impatience leur nouvelle galette prévue bientôt chez Nuclear Blast (une première pour un groupe français) !

Tankard; Andreas Geremia; Andy Gutjahr; Frank Thorwart; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 15/08/2015

Le festival faisant la part belle cette année encore à la scène française, c’est One Last Shot qui avait remporté également le Headbang Contest (au côté de Heart Attack), qui eut l’honneur de jouer sur la scène principale Dave Mustage et si son Hard Rock mit un peu de temps à attirer la foule, le groupe eut le mérite d’essayer avec quelques reprises pour reconnaître finalement qu’il était probablement la formation la moins Métal à l’affiche durant ce weekend…

Vous vouliez du Thrash et en redemandez encore ? C’est parti avec du bon Thrash teuton coup sur coup. Tankard, tout d’abord, nous gratifie d’un set énergique avec quelques classiques imparables (« Zombie Attack », etc.) entrecoupé d’un extrait de leur dernière cuvée R.I.B. (Rest In Beer). Le public attendait visiblement le quatuor de Francfort et il n’est pas déçu tout comme au Hellfest 2010, ambiance festival oblige. Son chanteur et véritable frontman, Andreas « Gerre » Geremia, toujours aussi sympathique et sans chichi, semble vouloir ressembler de plus en plus à leur imposante mascotte figurant sur leurs précédents albums en tripotant sa bedaine et, quand il ne joue pas avec son micro dessus, nous annonce entre deux chansons que c’est le batteur de Holy Moses qui fait l’intérim, Olaf Zissel étant hospitalisé. Alors que nos Poitevins de Klone effectuaient leur set sur la Massey Ferguscene devant un public de fans toujours plus grand (fruit de leurs intenses tournées françaises et étrangères) et concluaient par une reprise de Björk avec brio, c’est la légende Sodom qui prend place sur la Dave Mustage avec un son très fort mais malheureusement pourri (cette basse…). Visiblement, le public breton n’en a que faire dès l’écoute des classiques du groupe (« Agent Orange », « The Saw Is The Law », « Sodomy and Blood », etc.). On a droit à un extrait du dernier EP Sacred Warpath (voir notre chronique https://metalobs.com/sodomsacred-warpath/) annonciateur d’un futur album studio nerveux et belliqueux. Ça pogotte dur dans la fosse provoquant de la poussière en ce temps ensoleillé. Un show classique, quasi identique à celui du Hellfest, conclu par « Ausgebomb » mais il faut avouer que l’on a connu un Tom Angelripper plus ouvert et enjoué. Enfin Sodom reste Sodom : une légende du Thrash allemand !

Sodom; Bernd Kost; Markus Freiwald; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 15/08/2015

Nous quittons un trio pour un autre en direction cette fois de la Massey Ferguscene et il s’agit là d’une rareté à ne pas manquer au Motocultor cette année, à savoir Bömbers. Emmené par le leader charismatique Olve Eikemo alias « Abbath » d’Immortal (ou plutôt ex-Immortal, le groupe ayant splitté dernièrement), ce tribute band à Motörhead s’avère être bluffant tant musicalement que dans les poses (la basse, le micro…) et mimiques d’Abbath même si ce dernier aime toujours faire le clown (le crabe sur scène, quelques petites blagues) et cela fait du bien de le voir ne pas se prendre trop au sérieux contrairement aux premiers concerts d’Immortal où il fallait faire les méchants dans le milieu du Black Metal. Notre grand fan de Motörhead (et de Kiss, on le sait) enfile les classiques tels que « Bomber », « Ace Of Spades », « Overkill », un « Orgasmatron » plus que réussi et autres inédits ou raretés comme « I’m So Bad » malgré un ou deux pains techniques parfois en début de morceaux, le groupe se fait plaisir et nous fait plaisir avant tout et se la joue relax. Un superbe moment Rock’n Roll, sans aucun doute, alors que Motörhead nous fait peut-être sa dernière tournée actuellement…

C’est toujours dans la bonne humeur que la soirée continue en ce deuxième jour et comme d’habitude avec nos Nantais d’Ultra Vomit, on sait que l’on va se payer une bonne tranche de rigolage si bien sûr on aime le second, voir énième, degré et l’auto-dérision. Malgré une Supositor Stage moins richement décorée que l’an dernier avec Andreas et Nicolas (dont on se rappelle encore le show), nos amis en tenue de patients d’hôpital vont interpréter sans faille les quelques perles Grindcore de M. Patate ainsi que les morceaux plus variés et élaborés d’Objectif : Thunes dont les parodies (Immortal avec « Moutains Of Maths » par exemple) font toujours mouche en live. Le public du Motocultor reprendra d’ailleurs en cœur avec joie le final « Je Collectionne Des Canards (Vivants) ». À quand un nouvel album ?!

Ultra Vomit; Nicolas Patra; Flockos; Pierre Jacou; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 15/08/2015

Pendant ce temps-là, The Ocean s’applique à donner un concert propre de Post-Hardcore Metal avec de superbes lights sur la Massey Ferguscene où l’on découvre les nouveaux musiciens (batteur, bassiste, et second guitariste) autour du grand blond Robin Staps, seul membre originel de ce groupe (ou plutôt collectif au départ) berlinois. Notons une playlist très classique n’ayant pas évolué depuis la sortie de Pelagial en 2013. Là encore, après l’excellent coffret live et documentaire Collective Oblivion paru en 2013 chez Metal Blade (voir chronique), nous sommes curieux de voir à présent la suite à donner à tout cela en studio…

Place aux choses sérieuses à présent avec du lourd : Carcass ! Après leur reformation en 2007 et leurs participations au Wacken et au Hellfest en 2008 (puis 2010), leurs concerts se sont multipliés, et même si certains préfèrent peut-être sur album, il s’agit en live d’une tuerie avec un son énorme. Notons à la batterie la présence de Daniel Wilding en lieu et place de Daniel Erlandsson ainsi que le remplacement de Michael Amott à la guitare par Ben Ash depuis 2012-2013 au côté de Bill Steer, ces derniers se consacrant désormais à Arch Enemy. Jeff Walker et sa bande ont livré un show dynamique et ultra efficace et les fans des Britanniques sont ravis ! Les titres du dernier album Surgical Steel paraissent toutefois trop propres et basiques par rapport à l’ancien répertoire.

Death DTA; Max Phelps; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 15/08/2015

Seconde claque et leçon de (Death) Metal de la soirée (même si Carcass a penché vers le Grind à une période) : Death (Death To All). Il s’agit bien de cela ici : « la mort à tous » car ce fut un concert mortel, certes simple au niveau de la mise en scène et de la prestation (mention très bien aux lights sur la Dave Mustage), mais quelle performance musicale ! Le quatuor américain rend ici hommage officiellement à Chuck Schuldiner (R.I.P.) disparu bien trop tôt en 2001, leader et fondateur de Death (et accessoirement de Control Denied). En fermantd les yeux, c’était franchement bluffant tant le timbre de voix et l’interprétation minutieuse des classiques de Sream Bloody Gore, Leprosy, Spiritual Healing étaient proches de son regretté mentor. Le célèbre bassiste Steeve DiGiorgio (parfois considéré comme un mercenaire sur la scène Métal du fait de ses nombreuses collaborations avec d’autres groupes) fait le lien avec le public de temps à autre au micro et présente enfin ses compagnons : Gene Hoglan, impressionnant et en grande forme derrière les fûts (et bien plus motivé qu’avec Fear Factory au Hellfest en 2010) qui avait intégré Death entre 1993 et 95, le guitariste Bobby Koelble (présent en 1995), et le sosie musical et presque physique de Chuck, un certain Max Phelps (Exist, Cynic en live) qui en devient presque bluffant (tenue de guitare, voix, coupe de cheveux et look) ! Franchement, un bien bel hommage à Death, classique certes dans son interprétation, mais vibrant et sincère avec même une ou deux surprises dans la playlist par rapport à leurs précédents concerts de ces dernières années.

Pour l’after, deux scènes deux ambiances ! Vous aviez droit ensuite pour les plus courageux d’entre vous à : soit Brujeria et sa bande de gringos masqués (on t’a reconnu Shane Embury de Napalm Death, ainsi que Nicholas Barker (Ancient, Lock-up, ex-Dimmu Borgir, C.O.F.)) sur la Supositor Stage dont le Death Metal/Grindcore à la fois original dans son approche conceptuelle (espagnol, trafic de drogues et mafia mexicaine, etc.) mais basique musicalement a vite lassé le public. Comme d’hab’, nous avons droit à une petite « Macarena » version narcotique mexicaine « Marijuana ». D’ailleurs, on attend le prochain album studio des Mexicains chez Nuclear Blast pour très bientôt car le culte Brujerizsmo date de 2000 ; soit vous alliez voir les Allemands My Sleeping Karma et leur excellent Stoner instrumental et enivrant dont le dernier album Moksha nous avait plus que séduit cette année.

God Seed; Kristian Eivind Espedal; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 15/08/2015

Enfin,last but not least, si vous étiez très patients et aimez le True Black Metal, il ne fallait pas manquer le dernier concert des Norvégiens de God Seed. Rappelons qu’on y retrouvait (et il faudra donc désormais parler au passé) King ov Hell à la basse (ex-Gorgoroth, King Ov Hell avec Shagrath, I, Audrey Horne, etc.) ainsi que Gaahl (ex-chanteur de Gorgoroth, Wardruna). L’attente n’en valut pas la peine finalement car même s’il s’agissait de la dernière prestation du groupe et revêtait un caractère spécial ce soir-là au Motocultor, ce fut le minimum syndical sur la Dave Mustage que ce soit au niveau du show (lumières pas du tout adaptées à l’ambiance, aucun corpse paint ni même une cartouchière ou quelques pics comme clichés du Black Metal chez les musiciens, seul Gaahl arbore un maquillage au visage et porte un perfecto) ou bien au niveau de l’interprétation qui fut sans âme. Le chanteur rencontra plusieurs problèmes au niveau du micro (notamment sur les quelques chants clairs) et des effets (réverbération, blanc). Seul King essaya d’interpeller de temps à autre le public nocturne en bougeant sa basse avec énergie mais sans effet. Un concert de Black Metal décevant pour un groupe dont la carrière post-Gorgoroth (un album live puis un album studio) aura été finalement bien éphémère. Tout ça pour ça…

Jour 3

Troisième jour de festivités et d’orgies en tous genres pour certains, la fatigue se fait sentir pour d’autres, et c’est Hexecutor qui réveille les plus courageux et motivés d’entre nous à 11H45 sur la Supositor Stage avec son Thrash Metal old shcool très efficace alors que d’autres vont à la messe en ce jour du Seigneur… Puis c’est Deficiency qui continue de réveiller et mettre le feu auprès du public avec le premier Wall Of Death du dimanche. Leur musique assez moderne et bien ficelée provoque son petit effet à l’image de leur dernière petite bombe The Prodigal Child parue en 2013. Quant aux Tchèques de Gutalax, ils rattrapent leur absence de vendredi sans se faire prier avec leur Grindcore assez barré sur la Massey Ferguscene.

Amis de la poésie sexuelle et d’histoires en dessous de la ceinture, voici à présent les Néerlandais de Cliteater avec un programme chargé sur la Dave Mustage et leur dernier opus Cliteaten Back to Life que nous avions particulièrement apprécié à Metal Obs il y a deux ans. Son chanteur, Joost Silvrants, s’en donne à cœur et passe en revue l’anatomie féminine pour le plus grand plaisir de la gente masculine mais aussi féminine. Musicalement, Cliteater propose un Deah/Grindcore sévèrement burné et on en redemanderait presque.

Cliteater; Joost Silvrants; Vedran Bartolcic; François Lampin; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 16/08/2015

Après cela, il sera bien question de poésie et de douceur avec les Français d’Alcest qui se produiront sur la même scène pour un set d’une quarantaine de minutes de musique planante atmosphérique. Jadis catalogué Black Metal, la formation menée par son timide leader Neige depuis 2000 a évolué vers une Pop/Rock atmosphérique et progressive que certains aiment appeler Shoegaze ou Dream Pop, enfin pour une partie du public, ce fut synonyme de sieste et de digestion… Un peu de douceur dans un monde de brutes, cela fait toujours du bien.

Justement, en parlant de brutes, voici nos cousins québécois de Kataklysm qui enchaîneront plus tard toujours sur la Dave Mustage pour nous proposer leur savant mélange de Death Metal plus ou moins mélodique selon les périodes. Avec une seule guitare, cela fait moins d’effet sur scène, mais le set des Canadiens s’avère tout de même très efficace, mené par un Maurizio Iacono au chant toujours convaincant et communicatif (« Tabernacle ! » s’écria-t’il à plusieurs reprises pour secouer l’audience qui se réserve pour les groupes brésiliens à venir…). À l’image de leur dernier opus Of Ghosts And Gods, c’est bon, mais plus aussi bon que par le passé, comme si les vétérans de la scène de Montréal des années 90 avaient mis un peu trop d’eau (des mélodies et des éléments Deathcore) dans leur vin (leur Death Metal aux influences Grindcore d’antan)…

Kataklysm; Maurizio Iacono; Stéphane Barbe; Oli Beaudouin; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 16/08/2015

Entre temps, nous ne voulions pas manquer la fin du set de la nouvelle sensation Black Metal progressive Ne Obliviscaris dont nous avions fortement apprécié le dernier opus Citadel l’an passé. Pas totalement Black justement, les Australiens apportent véritablement quelque chose à travers leur musique teintée d’influences diverses avec un son unique. La présence de deux chanteurs crée une certaine plus-value même si le chanteur au registre Black et vêtu de noir manque de puissance et de charisme finalement en comparaison avec son autre camarade au micro. Le résultat est finalement plutôt décevant par rapport aux promesses sur album ; même l’ajout de violon n’y fera rien. On est très loin de la classe d’un Leprous ou Ihsahn en matière de Métal (extrême) progressif par exemple…

Delain ayant annulé, pas de temps à perdre avec les Brésiliens de Krisiun qui vont atomiser la foule du Motocultor avec leur Brutal Death particulièrement offensif et technique. Même si leur nouvel album Forged In Fury amène de nouveaux ingrédients plus Groovy (notamment à la basse), la bande des frères Kolesne ne se pose pas de question et envoie du lourd avec un son énorme à décrasser vos cages à miel. Le pit est en furie ! Classique mais terriblement efficace comme prestation.

Sepultura; Andreas Kisser; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 16/08/2015

La soirée brésilienne se poursuit à présent sur la Dave Mustage avec Sepultura et son chanteur géant Derick Green qui a troqué ses dreadlocks pour une coupe très courte pour l’été. Si le quatuor en tournée ne remplit guère les grandes salles (au détriment d’un Zénith de Paris en 1996 alors à son apogée), ce soir il y a du monde et nos piliers de la scène Thrash/Death sud-américaine vont aligner les classiques en tapant essentiellement dans l’ancien répertoire : de Beneath the Remains à Roots, en passant par Schizophrenia et Chaos A.D. Le groupe ne prend pas de risque et de toute façon en festival, c’est ce que les fans attendent, leurs dernières oeuvres étant parfois trop complexes. Seuls « Kairos » et « The Vatican » des deux derniers albums sont interprétés ainsi que le nouveau titre « Sepultura Under My Skin » qui célèbre les trente ans du groupe. Andreas Kisser fait le boulot comme pas deux à la guitare, mais ne parlera pas au micro pour haranguer la foule ce soir-là. Paulo Xisto se fait entendra à la basse et Eloy Casangrande remplace aisément Igor Cavalera derrière les fûts. C’est avec surprise et bonheur que nos Brésiliens interpréteront « Ratamahatta » (même si bien sûr Carlinos Brown n’est pas là pour chanter) avant de conclure comme d’habitude par le très puissant « Roots Bloody Roots » sur lequel tout le monde sautillera en chœur. Après certains préféreront toujours Soulfly ou bien l’époque de Max Cavalera, c’est certain, mais Sepultura reste un grand groupe sincère et loyal envers ses fans. Respect et joyeux anniversaire à Sep’ : 30 ans !

Puis direction l’Australie avec les Kangourous très énervés et talentueux Psycroptic qui donnent un set énergique et de haute volée sur la Supositor Stage. Leur Death Metal étant très technique, cela reste néanmoins accessible et très dynamique sur scène et c’est l’autre claque de la soirée. Son chanteur saute un peu partout et ça envoie sévère. On apprécie même certaines rythmiques Thrashy. Quant à la double pédale et les blasts beats à la batterie, ils font mal par où ça passe. Beaucoup découvrent le groupe originaire de Tasmanie et la plupart semblent conquis. Nous ne les avions pas mis en couverture de Metal Obs au printemps dernier par hasard…

Psycroptic; Jason Peppiatt; Joe Haley; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 16/08/2015

Agalloch était attendu sur la Massey Ferguscene et leur Folk Metal n’a pas déçu, rivalisant sans problème avec les formations européennes du genre. Un très bon concert de la part des Américains qui se font parfois rares ici.

Puis vinrent les Américains de Trivium sur la scène principale avec un show, comment dire… à l’américaine, quoi : magnifique déco et superbes lumières, la bande à Matt Heafy n’est pas venue les suitcases vides au Motocultor, et ce pour toujours satisfaire les fans. Leur Heavy/Thrash mélodique aux influences (souvent critiquées) Metalcore fait son petit effet. Mais leurs racines sont avant tout dans le Thrash des années 80, Metallica et Megadeth en tête. D’ailleurs, le chanteur/guitariste rendra un bel hommage à Ronnie James Dio (R.I.P.) sur un titre. Les musiciens sont motivés mais parfois le chant clair ou bien certaines parties de grattes semblent brouillonnes. C’est tout de même un show de qualité auquel on assiste en cette fin de festival alors qu’une partie du public commence à fatiguer et à partir.

Trivium; Matt Heafy; Paolo Gregoletto; Motocultor festival 2015; Saint-Nolff; 16/08/2015

Enfin, les Grecs de Septicflesh sont de retour au Motocultor après leur passage en 2012, et prennent d’assaut la Supositor Stage avec backdrops et décors antiques (symboles mythologiques égyptiens et grecs). Leur Death Metal orchestral ravit les fans, et pour une fois, pas de problème de son dans l’ensemble. Son frontman Seth Antonio Spirou au chant et à la basse avec son armure à la Dracula version Coppola est plus que convaincant. Comme à son accoutumé, le set est direct et puissant avec que des titres des derniers opus depuis la reformation du groupe athénien (Communion, The Great Mass, et le petit dernier Titan). Le seul bémol réside toujours en l’absence du guitariste Sotiris Vayenas qui, en charge des chants clairs, ne tourne plus avec ses compagnons et en l’utilisation de samples sur scène (crise grecque oblige) or un orchestre serait tant apprécié (un projet d’enregistrement live à Athènes est toujours en cours). Un très bon show d’un groupe qui ne connaît plus la crise depuis sa reformation en 2007 !
Pendant ce temps-là, sur la Massey Ferguscene, les Anglais d’Orange Goblin mirent une nouvelle fois le feu au Motocultor comme il y a deux ans. Les riffs sont d’une redoutable efficacité et les parties rythmiques font headbanger les plus fatigués d’entre nous. Son chanteur charismatique Ben Ward fait le boulot ici quand il n’est pas occupé avec son label la journée. Décidément, la Massey Ferguscene aura vu défiler de très bonnes formations avec du très bon en général. À confirmer l’an prochain.

Et pour clore cette neuvième édition du festival, la cerise sur le gâteau : Opeth. En configuration festival, on se demandait bien ce que la bande à Mickael Akerfeldt allait nous réserver à l’écoute des deux derniers opus, mais le chanteur/guitariste est bien trop intelligent et talentueux pour se laisser avoir aussi tard, même si beaucoup de personnes quittent le site ou vont se finir au camping, les Suédois vont délivrer un set classique, voire classieux, et efficace. Débutant forcément par les deux premiers titres Rock progressif Pale Communion, le reste de la setlist pioche dans le répertoire plus Death Metal de Blackwater Park, puis un retour au très seventies Heritage, avant de replonger dans le passé avec un extrait de Ghost Reveries et conclure par « Deliverance » extrait de l’album du même nom. Les lumières sont simples, limite intimistes et cheap, le son aux petits oignons permet quant à lui de savourer chaque note, le leader Mickael Akerfeldt nous sortant entre deux chansons quelques petites phrases teintées d’ironie comme il aime à les dire, mais n’en fait pas plus. Un concert simple, sans prétention, les fans restant un peu tout de même sur leur faim. Mais il est tard et on se donne rendez-vous l’an prochain, même heure, même endroit !

Cette nouvelle édition du Motocultor a rempli son contrat et c’est toujours avec plaisir et convivialité que s’apprécie la programmation diversifiée (avec une part belle consacrée à la scène française) et de qualité pour ce festival qui monte, se positionnant comme second festival de Métal dans l’Hexagone. Dommage pour les différentes annulations (Delain, Six Feet Under, Kyle Gass Band, etc.) mais les absents ont toujours tort… Mention très bien à la troisième scène Massey Ferguscene même si du coup on rate d’autres concerts simultanés, mention bien aux ingénieurs du son qui dans l’ensemble ont toujours proposé un très bon son. Cependant, plus de stands de restauration et plus de points d’eau (aucun ne fonctionnait le samedi après-midi sur le site au niveau des sanitaires), des douches chaudes au camping ainsi qu’une meilleure organisation à l’ouverture (certes dues aux intempéries en début de festival cette année) seraient les bienvenues. Attention à ne pas trop grossir tout de même et à avoir les yeux plus gros que le ventre, car le festival n’a pas épuré ses dettes passées et si aucune aide publique n’intervient dans les années futures, il sera difficile de continuer de si belles affiches car les locomotives américaines coûtent cher…

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