NECROPHOBIC
The Swedish Touch

Si ces dernières années n’ont pas toujours été simples pour Necrophobic (disparition des labels Regain Records et Hammerheart Records ressuscités récemment, départ forcé de son chanteur Tobias Sidegård en 2013 à cause de problèmes personnels), cela n’a pourtant jamais découragé le fameux groupe suédois de black/death metal formé à Stockholm en 1989 au côté d’un certain Dissection… Auteur d’un huitième et très bon album Mark Of The Necrogram (Century Media, 2018)Necrophobic figure parmi les ultimes gardiens d’une tradition musicale scandinave née au début des anées 90… [Entretien avec Sebastian Ramstedt (guitare) par Seigneur Fred – Photos : Jens Rydén]

En premier lieu, j’aimerais faire un point avec toi à propos de votre nouveau chanteur, Anders Strokirk qui n’est pas totalement un inconnu pour les fans de Necrophobic puisqu’il figurait déjà sur votre tout premier album culte The Nocturnal Silence (1993)… Comment s’est passé son retour au sein du groupe en 2014 ?
On l’a appelé tout simplement. À vrai dire, on était toujours régulièrement en contact avec Anders depuis toutes ces années. Il nous a dépannés plusieurs fois en live dans le passé et il avait fait aussi une apparition sur une chanson de l’album Bloodhymns en 2002 (NDLR : dans les chœurs sur la chanson « Blood Anthem » précisément). Il y a eu quelques autres chanteurs avant lui cependant à l’époque de The Nocturnal Silence. Mais je n’étais plus dans le groupe en 2014 quand Anders est revenu puisque j’avais quitté Necrophobic en 2011 et avais dû faire un break jusqu’en 2016. En fait, il était le choix numéro un auquel les autres gars, Joakim Sterner (batterie) et Alex Friberg (basse) ont pensé quand il a fallu trouver un nouveau chanteur. C’est un très bon ami à nous, tu sais.

Anders Strokirk évoluait donc toujours dans la scène metal suédoise durant tout ce temps ?!
Euh, oui, il était dans le groupe Blackshine principalement, et ce, durant de nombreuses années. Mais je crois qu’il ne faisait plus grand-chose depuis quelques temps. Il était donc plus ou moins libre. Tu sais, Anders est un vrai métalleux, n’aie aucune crainte là-dessus ! (rires) 

Son grain de voix, il faut dire, colle parfaitement à la musique de Necrophobic et notamment sur ce nouvel album Mark Of The Necrogram ! 
Oui
, il est plutôt bon même parfait sur le nouvel album ! Cela correspond très bien au son de Necrophobic. À l’époque de The Nocturnal Silence toutefois, notre musique était orientée clairement death metal, alors que nos autres albums qui ont suivi étaient plus black metal. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en fait avec lui, mais j’étais confiant. Je pense qu’il fait un très bon chanteur, on va dire black/death metal et c’est très bien pour nous, j’en suis heureux. Mais depuis quelques années déjà, il tournait avec nous, depuis 2014.


Mais gardez-vous tout de même le contact avec Tobias Sidegård qui fut longtemps votre bassiste et chanteur (1991-2007 (basse) ; 1994-2013 (chant)) ? Quelles sont ses nouvelles depuis ses problèmes judiciaires avec sa famille ?
Oui, j’ai eu seulement quelques échanges avec lui depuis qu’il a dû quitter le groupe en 2013 suite à ses problèmes (Ndlr : violences conjugales), trois fois si ma mémoire est exacte. Comme je te l’ai dit précédemment, j’avais quitté le groupe de mon côté vers 2010, et je l’ai vu quelques fois entre temps depuis, mais de toute façon, entre nous, personnellement, il n’y avait aucun problème. On ne se voit plus guère à présent. Je le connais depuis des années et on a toujours été amis dans la vie. Mais parfois, tu perds le contact avec les gens à cause de telles circonstances. Je n’ai plus trop de nouvelles maintenant. Il me semble qu’il joue dans le groupe Order Of Isaz dorénavant, plutôt du style gothic metal…

Pourquoi de ton côté avais-tu quitté Necrophobic en 2011 ? Quelles furent les raisons ? Fredrik Folkare (Unleashed, Firespawn…) te remplaça alors à la guitare de 2011 à 2016 en plus d’être votre ingénieur son sur vos albums…
On travaillait dur avec Necrophobic depuis des années, et tu sais, quand tu t’investis à fond comme ça, il y a parfois des tensions dans le groupe qui peuvent naître en studio ou en tournée et par-dessus tout, je voulais faire ma propre musique à côté. On bossait sur du nouveau matériel et j’avais donc mes idées et Joakim Sterner (batterie) avait les siennes. On se disputait tout le temps à l’époque. Nous ne pouvions plus nous entendre pour continuer ensemble car on n’était plus d’accord sur l’orientation musicale. Il fallait donc mieux que je fasse un break avec le groupe à ce moment-là, j’en avais besoin car j’étais affecté, sinon cela n’aurait engendré que de la colère. Durant cette pause, les autres gars ont décidé de continuer et m’ont dit qu’ils ne m’attendraient pas et m’inviter à faire ce que j’aimais. L’autre guitariste, Johan Bergebäck, me suivit également. Fredrik m’a donc remplacé et je ne fus guère surpris en revenant dans le groupe. À noter que je ne suis pas l’un des membres fondateurs de Necrophobic puisque je ne suis arrivé qu’en 1996 pour le second album Darkside qui sortit l’année suivante…

Votre nouvel album, Mark Of The Necrogram, paraît sur le puissant label allemand Century Media, or son prédécesseur sur lequel tu ne figurais pas, Womb Of Lilithu, était sorti en 2013 sur le label français Season of MistNecrophobic a manqué à un moment donné d’une certaine stabilité nécessaire à son développement artistique et commercial du fait de l’arrêt de vos précédents labels : Regain Records et auparavant Hammerheart Records qui ont coulé ensuite et sont d’ailleurs récemment revenus sur la scène l’an dernier avec des nouvelles sorties. Ne penses-tu pas que le groupe n’a pas eu de chance à ce niveau-là et que tous ces changements ont pu vous ralentir ?
C’est vrai. D’une certaine façon, peut-être qu’en fait le groupe ne pouvait devenir plus gros qu’on l’était avec le soutien qu’on avait à l’époque. Mais en même temps, tu apprends dans ces circonstances à ne pas trop compter sur une maison de disques et tu deviens plus fort en tant que groupe. C’est à l’intérieur de ça que réside notre force malgré tout ce qui pouvait arriver autour, que l’on ait du succès ou pas, que l’on ait de nouveaux fans ou non, peu importait, Necrophobic a continué ainsi malgré tout durant ces années 2000 devenant par conséquent relativement fort et indépendant. Et on fait la musique que l’on aime, ce qui est notre but, sans toujours trop se soucier de cela. Néanmoins, je suis ravi bien sûr aujourd’hui que Century Media publie notre nouveau disque et ça fonctionne plutôt bien. Comment te dire ? J’ai de bons espoirs mais pas trop d’attentes, en fin de compte. On est toujours là et on continuera à faire ce que l’on aime.

Il faut dire que des groupes tels que Dissection dans le le passé, NecrophobicWatain également de nos jours, êtes en quelque sorte les gardiens d’une tradition de black/death scandinave avec ce son typiquement suédois, mêlant à la fois mélodie et agressivité… Comment vois-tu cela de ton côté ?
Ouais, je pense vraiment cela aussi et on est fier d’une certaine façon de continuer à perpétuer ce style musical depuis toutes ces années notamment auprès des fans. En tant que musicien et en tant que fan moi-même, je suis fier de ça, et on peut dire ça en effet, de même pour Dissection dans le passé malheureusement, et Watain aussi aujourd’hui, tu as raison même si dès le départ ils étaient black metal contrairement à nous à nos tous débuts où l’on était orienté death metal. Necrophobic fait partie de ces gardiens du son suédois à côté de ces autres groupes talentueux.

Et sans être trop nostalgique ni défaitiste, actuellement je ne vois pas tant de nouveaux groupes sur la scène scandinave qui pourraient prendre la relève à l’avenir…
Il y a quelques groupes, mais je ne vois pas trop non plus de nouveaux groupes intéressants excepté quelques-uns comme Rimfrost basé à Hagfors dans le centre-ouest de la Suède, ou bien encore Styggelse originaire de Göteborg. Ce sont par exemple deux groupes que j’aime vraiment beaucoup.

Le nom de ce huitième album Mark Of The Necrogram est-il justement lié à votre style musical suédois, votre logo visuel avec le pentacle de retour, et en même temps en clin d’œil à votre propre nom de groupe, Necrophobic ?
Oui, c’est presque comme un titre éponyme d’album en fait. Le nom de Necrophobic et donc ici « Necro » est à la base comme tu le sais inspiré de la chanson de Slayer. On avait pris ça à l’époque à la fondation du groupe en 1989. Et là, on ne voulait pas simplement appelé l’album Necrophobic car c’est donc à la base le nom de cette célèbre chanson de Slayer, mais ça ne collait pas pour un titre d’album. En fait, le « Necrogram » caractérise notre logo avec ce pentacle sous le nom du groupe depuis le début. Donc on a pensé à ça comme idée.

NECROPHOBIC promo photo 2018#2

Quant à la pochette du disque, elle est superbe. Elle a été réalisée par Kristian Wåhlin qui avait déjà travaillé avec vous dans le passé sur un vieil album, je crois…
Elle est magnifique en effet. Il a remis notre « Necrogram » (NDRL : pentagramme personnalisé et marque de fabrique du groupe) et a fait un très joli travail. C’était lui qui avait réalisé à l’époque l’artwork de l’album Darkside, oui. En fait, cela reprend cette fois ce que l’on apercevait au centre en fond rouge sur Darkside. On a donc demandé à Kristian de dessiner cette zone rouge en fond représentant une église satanique dans des flammes. L’artwork de Mark Of The Necrogram est donc en quelque sorte le prolongement de l’album Darkside, un peu à la manière d’Iron Maiden dans les années 80 comme sur l’album Powerslave où l’on avait les pyramides égyptiennes en couverture et sur la face arrière du disque avec le track-listing, on voyait l’intérieur ou plutôt l’autre côté du monument depuis son intérieur…

Comment avez-vous composé et écrit les nouvelles chansons de Mark Of The Necrogram ? En tournée peut-être mais tout le monde n’en est pas capable ?
Une chanson a été écrite en Russie lorsque l’on tournait. Il s’agit du titre « Tsar Bomba ». Toutes les autres chansons, je les ai écrites à la maison. Je fais des démos sur mon ordinateur dans mon home-studio. J’ai appelé Anders (chant) et on a bossé ensemble chez moi. C’était assez nouveau à vrai dire, car je suis revenu dans le groupe qu’en 2016 et moi je n’avais jamais travaillé encore avec lui. Trois chansons ont par contre été composées quand je m’étais retiré du groupe après 2010. Et le reste, j’ai demandé à Alex Friberg (basse) d’écrire le reste des chansons. Il est très bon pour ça. On était très contents des chansons quand on les a finies à la maison, notamment le premier extrait « Pesta » qui a fait office d’EP l’an dernier. On voulait sortir rapidement quelque chose d’où ce premier single en vinyle pour proposer quelque chose de nouveau en concert au public. C’est dans la lignée de nos vieux albums.

Allez-vous tourner pour promouvoir sur scène ce nouvel album et comment ça s’était passé pour Womb Of Lilithu en 2013 ?
Sur Womb Of Lilithu, étant absent, je ne peux pas trop dire, mais ce fut une période assez difficile pour tourner avec le groupe car il y avait peu de soutien du label et avec le changement de chanteur à cause du départ de Tobias, ça n’a pas été simple… Mais on va tourner davantage pour ce nouvel album. On va essayer de se concentrer plus sur les festivals d’été en Europe déjà. On est en train de voir le booking et de négocier. Cela sera affiché sur internet très bientôt.

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