NEFARIOUS MASH : In Memory of Your Hopes

In Memory of Your Hopes - NEFARIOUS MASH
NEFARIOUS MASH
In Memory of Your Hopes
Black metal avant-gardiste
Autoproduction

Toc, toc, toc… Qui est-ce ? C’est le diable qui vient frapper à votre porte. Ce one man band isérois d’Eddy Jaber associe le vice de la musique à la vertu des paroles. Alors ange ou démon ? C’est ce que nous allons tenter de savoir ! Dès l’écoute d’In Memory of Your Hopes, tout semble millimétré, comme réglé sur du papier à musique. Les compositions frôlent la théorie mathématique. Cette première œuvre (autoproduite, qui plus est !) se veut avant tout intelligente et manifestement pensée dans ses moindres détails, et il vaut mieux si l’on assure toutes les parties d’instruments ici à l’enregistrement. Tout y est donc juste mais presque pesant parfois. Cette recherche d’une perfection musicale et littéraire ne sera pas du goût de tout le monde. Autant le dire d’emblée, Nefarious Mash n’est pas facile d’accès, et pour cause ! Ce projet studio (concrétisé par ce premier opus) est aussi déjanté que ce qu’a pu proposer Devin Townsend dans un autre sous-genre du metal (notamment l’album City de Strapping Young Lad sorti en 1997). Expérimental ? Avant-gardiste ? Difficile à dire mais ce qui est certain c’est que Eddy Jaber travaille à ce savant mélange de poésie incisive et de sons brutes. La fin presque inaudible de « Sin of Intelligence » rappelle les productions des premiers albums du True Norwegian Black Metal. La voix revêt une grande importance et constitue presque un élément de composition à part entière. Les changements inattendus de timbres et les nuances vocales sont sublimes à souhait. C’est la clef de réussite de ce premier album, mais pas seulement…

Il y a aussi les textes poétiques qui font appel à un vocabulaire recherché et concordent parfaitement avec cette musique « savante », presque élitiste. Eddy Jaber y dépeint le vice de la société par le rire narquois du diable de l’intelligence. Il dénonce une société qui se perd dans le vice de l’ignorance au détriment de la vertu de la réflexion, un peu dans la veine artistique des Néerlandais de Wesenwille dernièrement. Les paroles nihilistes à l’arrière-goût nietzschéen mettent à nu notre fuite de la réalité. In Memory of Your Hopes se clôt sur « Dawn » (10 minutes et 58 secondes à retenir son souffle) dont les dernières minutes vociférantes nous noient dans une déferlante de haine et de rage. Âmes sensibles s’abstenir ! « Nausea of Stagnation » et « In front of the Mirror » apparaissent comme les « vilains petits canards » de cette playlist sombre, froide, violente et déchirante, comme se doit à la base le black metal. Rien de méprisant à ce petit surnom mais qui souligne des compositions aux rythmes lourds qui dénotent. L’esprit d’un fou, la rage d’un berserker, en somme ce In Memory of Your Hopes. On y retrouve un mélange de bestialité métallique, empli de dissonances, au langage poétique avant-gardiste, mélange influencé notamment par l’œuvre d’Ihsahn et Emperor mais avec déjà sa propre personnalité. Ce premier essai est l’annonce de débuts prometteurs donc… mais attention à ce que la folie ne prenne pas possession de Nefarious Mash, telle la bête se retournant contre son maître ! [Louise Guillon]

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