NOSTROMO + NOVELS
L’Oasis, Le Mans (72), 01/12/2017

Si 2016 a vu le fameux combo suisse se reformer après onze ans de silence radio, 2017 fut assurément l’année du live pour Nostromo. Fort d’une tournée à succès dans l’hexagone en début d’année en première partie des non moins fameux Gojira, et avec des participations à divers festivals (The Outbreak en mai dernier à Blois où nous les avions croisés avec Impureza, mais surtout les plus grands du genre : DownloadHellfest, et Dour en Belgique), le quatuor helvète remet une piqûre de rappel en cette fin d’année au pays des rillettes avec son Brutal Hardcore/Grindcore au lendemain d’une date parisienne sold-out à La Maroquinerie alors qu’il n’a toujours aucun nouvel enregistrement à nous proposer. Pour autant, la formule reste imparable…

[Texte et photos : Seigneur Fred]

NOSTROMO live@L'Oasis-Le Mans 01-12-2017 #24
Mais c’est d’abord devant un parterre d’une petite centaine de personnes que la soirée commence dans la salle de l’Oasis avec les excellents Rockeurs de Novels (ex-Nameless). Si le groupe sarthois joue à domicile, l’accueil se veut paradoxalement froid comme l’hiver alors que ses musiciens délivrent pourtant un set puissant et sans bavure. Les lights, plutôt sobres, mettent en avant son frontman Franz, totalement habité, mais qui communique peu entre les morceaux sauf à la fin du concert. Les riffs de la paire de guitaristes sont généreux donnant dans un Heavy/Rock musclé, mais où la mélodie et l’émotion priment toujours, quelque part entre le Rock alternatif des années 90 et le Neo-Metal des années 2000… Son chanteur/bassiste donne tout ce qu’il a dans le ventre et tombe même le maillot vers la moitié du set venant jouer de sa quatre cordes devant la barrière de sécurité où question slam, c’est le calme plat dans le pit. Son grain de voix claire évoque les débuts du défunt Chris Cornell (SoundgardenAudioslave) du côté de Seattle, le groupe manceau ayant d’ailleurs déjà effectué deux petites tournées outre-Atlantique. Après avoir interprété plusieurs extraits de leur dernier album en date, Mirror Dog (2013), place à la nostalgie avec la reprise pleine de fraîcheur du hit de Beck en 1993 et son célèbre refrain « I’m A Loser » presque autobiographique ici quand on se souvient des déboires de Novels à ses débuts en 2005 (changement de nom contraint et forcé, et retrait du marché de son premier véritable album Unfold à cause d’une cruelle maison de disques) Une fois encore, son chanteur impressionne au micro par sa polyvalence vocale sur le phrasé rappé de cette chanson Grungy. Mais nous sommes bientôt en 2018, on attend donc avec impatience un nouvel album des Manceaux.
Place aux choses sérieuses et bien plus brutales à présent avec nos p’tits Suisses de tête d’affiche qui ont mis le feu la veille à La Maroquinerie durant cette seconde tournée française et dont la set-list ce vendredi soir demeure guère inchangée. Attention toutefois à Nostromo de ne pas lasser l’auditoire à force, car si votre serviteur et fidèle fan les voit pour la troisième fois cette année, il n’y a plus de réelle surprise dès l’intro futuriste et inquiétante du show immédiatement enchaînée avec l’habituel bulldozer « Epitomize » qui réveille à peine l’Oasis et ses timides spectateurs. Mais la machine Grind helvète de nos JajaJéjé et Cie est bien huilée. Même quinze ans après, nos compères savent comme personne comment s’y prendre pour vous broyer les cervicales et détruire vos cages à miel avec ses mosh parts furieuses et ses rythmiques syncopées (« Collapse »). À la guitare, Jéjé, qui arbore fièrement le T-shirt de son autre groupe Mumakil (à quand un nouvel album ?), décoche des riffs plus incisifs que jamais sans oublier d’apporter un peu de groove par moment quand il prend alors sa BC Rich rose qu’il affectionne tant. Lad, à la basse, demeure statique sur le côté droit de la scène et se montre plus discret qu’autrefois. Le public s’en aperçoit à peine, mais derrière les fûts, un des membres historiques du groupe de Genève manque à l’appel : le batteur Maik. « En arrêt paternité », ce dernier est remplacé par le formidable Kevin Foley (ex-Benightedex-AbbathSepultura (live)Nightmare (live), etc.). Si son jeu est différent du batteur originel qui joue, lui, au clic avec le casque, on se régale quand même de ses blasts beats et parties de double pédale, le public manceau n’étant pas perdant au change. Javier ne tient pas en place sur scène et joue avec son fil de micro tel Thierry la Fronde. Il remercie un public bien moins fourni qu’à Paris la veille (environ 250 personnes ont fait ce soir le déplacement au Mans). Javier, c’est un chanteur sincère et sans concession qui affiche un joli sourire derrière sa barbe de hipster au lieu de faire le dur comme bien souvent dans le milieu Hardcore entre deux morceaux. Comme d’habitude, nous avons droit aux deux reprises de leurs groupes références : « Corrosion » (des regrettés Nasum), et « Twist The Knife » (Napalm Death) tiré de l’EP culte Eyesore. En guise de rappel, deux autres titres clôturent les hostilités dont, bis repetita, « Epitomize », pour les « retardataires qui auraient manqué le début du concert  et dont j’ai noté les noms » dixit Jéjé (rires) Une heure de show intense et puis c’est fini, Nostromo a fait le boulot devant un public ravi mais quelque peu vieillissant et loin d’être déchaîné comme au Hellfest (ambiance festival oblige). Tout le monde quitte la salle, direction le bar, avec en fond sonore « Hurt » de Johnny Cash suivi de la musique du dessin animé Inspecteur Gadget… 
Si le groupe suisse n’a pas interprété la nouvelle chanson « Uraeus » (où alors je suis devenu sourd), on attend de pied ferme dorénavant un troisième album studio de Nostromo (leur manager ne nous dira rien mais son sourire en dit long…). N’oublions pas que les Suisses sont généralement lents à la détente…

 

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