PARKWAY DRIVE : La quête de la lumière !

Quel plaisir de revoir Parkway Drive sur les feux de la rampe ! Quatre ans après la sortie de Reverence et une petite pause ayant retardé leur retour, Parkway Drive nous offre Darker Still, un album totalement rafraîchissant ! Avec quasiment vingt ans d’activité, nos Australiens ont la volonté de surprendre et de s’installer sur la durée comme un groupe incontournable de la scène metal contemporaine. [Entretien avec Winston McCall (chant) par Sacha Zorn – Traduction par Sarah Laichaoui – Photos : DR]

Salut Winston ! Reverence est sorti il y a quatre ans maintenant. Tu peux nous dire ce qu’il s’est passé pour vous durant ces quatre dernières années ?
C’est difficile de résumer quatre ans en une seule réponse ! (rires) La trajectoire du groupe a été très simple : à la fin de Reverence, il y a eu un accroissement massif de la popularité du groupe, de la taille des concerts… Et on sentait qu’il y avait beaucoup de choses à faire et beaucoup de travail. Et puis, boum, il y.a eu le covid, donc plus de tournées. On pensait presque à l’éventualité qu’on ne tournerait plus jamais. Et puis sur ces deux dernières années, on a écrit et enregistré un nouvel album. Donc pour résumer de façon succincte, c’est la meilleure description de ce qui s’est passé ! (rires)


Il y a quelques mois, vous avez annoncé faire « une petite pause » pour le bien du groupe. Ça vous a fait du bien ? C’était important de repartir tous motivés à bloc pour cette nouvelle ère ?
Oui, très important. En fait, nous avons fini d’enregistrer cet album et nous avions une tournée prévue en Amérique. On s’est assis et on s’est dit : « ok, qui est prêt à repartir en tournée ? » Et j’ai dit, non, on est épuisé et ce n’est pas comme si on était dans le bon état d’esprit à ce moment-là. Ça fait presque ving ans qu’on est en tournée de par le monde et que l’on vit pour le groupe non-stop depuis le premier jour. On n’a pas pris le temps de communiquer correctement, de faire le point sur les bonnes et les mauvaises choses. Ça nous a presque brisés en tant que groupe. Et on a juste réalisé que, ok, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On part en tournée en sachant que ça va causer des dommages et que le groupe pourrait se séparer, ou on fait une pause et on en parle vraiment pour se faire aider. On a choisi de demander de l’aide. On a fait des thérapies et des consultations de groupe pour se retrouver et faire face à vingt ans de musique. Ça a été très bénéfique et c’est ce qui nous a manqué. Maintenant, on se sent mieux que jamais.


Est-ce que tu considères que Parkway Drive est allé puisé encore plus loin musicalement sur Darker Still ?
Oui, sans aucun doute. Je pense que c’est l’album le plus sophistiqué et le plus progressif que nous ayons fait. Mais en même temps, je pense qu’il est probablement le plus spontané et le plus facile d’accès. La quantité de sonorités que l’on a voulu inclure sur cet album est bien plus importante que tout ce que nous avons fait auparavant, et bien plus engagée. L’objectif était de vouloir que les gens soient captivés, tout en ne rendant pas l’album prévisible. Un peu comme si c’était impossible d’anticiper la prochaine chanson. En l’écoutant du début à la fin, vous allez vous dire plein de fois « merde, c’est quelque chose de nouveau ! » (rires)


Le titre de cet album Darker Still peut avoir plusieurs significations. Est-ce aussi un constat que vous faites sur le monde d’aujourd’hui en fin de compte ?
Oui, complètement. C’est un constat, une déclaration à propos de la vie. Pendant tout le processus de création et d’écriture de l’album et de tout ce qu’il y avait autour, j’ai découvert en moi une certaine perspective de la vie. Le cours de nos existences ne s’éclaircit pas et ne redevient jamais comme avant. Quand tu traverses une période noire, dure et sombre, et qu’on essaye de te réconforter avec des « ça ira mieux, tout sera comme avant, ça va aller ». Ça s’est manifesté surtout pendant la période du covid où tout le monde était persuadé que tout redeviendra à l’identique, à la normale. La vie ne retourne jamais en arrière, rien ne s’efface, ça ne fonctionne pas comme ça. Du jour où tu es né jusqu’à ta mort, tu ne fais qu’emmagasiner plus d’informations, plus d’expériences, plus de vie… Tu accumules toujours plus à la fois dans ton corps et dans ton esprit. Plus tu en collectes en toi et plus tu grandis, ton esprit s’ouvre et tu dois alors faire face aux challenges que la vie te réserve. Tout devient plus dur et donc plus sombre. Ca ne veut pas dire que c’est mauvais mais que l’innocence disparaît et tu dois apprendre à vivre avec cette part d’obscurité. C’est la vie, c’est apprendre qu’il existe à la fois de la lumière mais aussi de la noirceur, le mix des deux faisant ce qui fait la vie. Le voyage de la vie consiste à trouver la lumière en soi et à réaliser qu’il fait aussi sombre, et ce, jusqu’à la mort.

Parkway

Justement, de quoi vous vous inspirez pour l’écriture de vos chansons ? (films, lectures…)
Absolument tout. Je prends constamment des notes de ce qui vient à moi, que ce soient des phrases ou des couplets. Je me documente et j’écris tous les jours, ça peut provenir de films, de tout ce qui a été cité. Je ne peux pas écrire sur quelqu’un d’autre ou sur autre chose que sur moi et ce que je ressens. Je documente cette période de ma vie pendant le processus d’écriture d’un album et ce qui en sort reflète à la fois la musique sur laquelle on travaille car c’est ce qui va m’amener à trouver de l’inspiration, mais aussi cette volonté de me lancer le défi de créer quelque chose qui a une vraie valeur artistique. Parfois, il ne s’agit pas d’écrire quelque chose d’incroyablement compliqué mais juste d’écrire et probablement d’écrire de manière très simple. Les choses les plus simples relèvent d’un énorme défi en termes d’écriture mais c’est aussi un reflet d’une partie de mon âme. C’est donc de là que ça provient. Pour moi, il s’agit vraiment d’un processus continu qui ne s’achève pas à la fin de l’écriture d’un album. Ça fait partie de moi, je suis fasciné par l’art du langage, la communication, l’art qui est juste un autre aspect de la communication, sans les mots. J’absorbe constamment tout ce qui me vient. Et au final, tu obtiens tout ce condensé en une cinquantaine de minutes.

Vous êtes devenus un groupe important dans le paysage métal depuis des années maintenant. Comment vous abordez ça entre vous ? Quel est votre perception ?
C’est très étrange d’être considéré comme « important » ou « influent » car j’ai toujours l’impression qu’on a commencé hier. C’est une perception très étrange du temps passé au sein du groupe, ça a fait passer les années très vite… Je trouve ça vraiment génial d’avoir eu une quelconque influence et un impact sur quiconque. On a toujours voulu mettre la barre haute avant tout pour nous. J’espère que notre parcours inspire et que ça prouve que tout est possible en venant de très loin et que ça a été au-delà de nos espérances. Si nous y sommes parvenus, d’autres personnes le peuvent aussi. On a une approche qui nous permet de nous surpasser, de rebondir, de relever des défis, de ne pas laisser place à l’erreur et d’être rigoureux dans chacun de nos projets.

Si aujourd’hui tu voyais le Winston de l’EP Don’t Close Your Eyes il y a dix-huit ans, qu’est-ce que tu lui dirais ?
C’est incroyable que tu me poses cette question, j’y ai pensé pas plus tard qu’hier… Tu es la première personne à m’interroger là-dessus. Passer les vingt ans, c’est une étape importante et mémorable. Je ne sais pas même par où commencer. Je lui dirais de défendre sa personne et ses intérêts, apprendre et oser à parler davantage, à se connecter aux autres. C’est tout ce que je me recommanderais, je suis très fier de tout ce que j’ai accompli avec le groupe. Il y a tellement de choses qui se sont passées, bonnes et mauvaises, sans quoi nous ne serions pas là où nous en sommes aujourd’hui. J’aurais pu grandir et me développer davantage en tant que personne si j’avais eu et pris le temps de ralentir la cadence, avoir eu le courage de dire non, de me rapprocher et de mes amis, du groupe pour demander de l’aide et dire quand ça ne va pas. Au-delà de ça, Winston de l’époque Don’t Close Your Eyes hallucinerait du chemin que Parkway Drive a parcouru et où il en est à présent. C’est tellement au-delà et à des années lumières de tout ce qu’on aurait pu oser imaginer en ayant commencé le groupe. Ça lui donnerait un énorme sourire aux lèvres au jeune Winston, c’est sûr.

DARKER STILL - PARKWAY DRIVE
PARKWAY DRIVE
DARKER STILL
Metalcore
Epitaph Records

Darker Still est un très bon album en provenance du pays des kangourous. Au-delà de surprendre, on retrouve Parkway Drive dans de nouveaux registres, comme sur la chanson-titre, ou bien « If a God Can Bleed « .


Cette toute nouvelle proposition musicale pourra peut être décontenancer certains fans, mais également capter une nouvelle audience. Car en effet, même si ce septième album va encore plus loin que son prédécesseur Reverence, il garde quand même l’ADN de Parkway Drive. Disons que le registre évolue, mais la signature qui définit le groupe est intacte. On le remarque nettement sur des titres comme « Ground Zero » , « Like Napalm » et « Glitch ». Et c’est tout ce qu’on demande d’une formation comme celle-ci : être capable de proposer un registre qui se renouvelle, est rafraîchissant, tout en restant soi-même.


L’énergie que fournit ici les Australiens est intacte, réussissant sans problème à nous transporter durant ces onze titres metalcore et bien plus aujourd’hui désormais. Alors voir évoluer Parkway Drive de la sorte malgré tant d’années est tout simplement une belle surprise ! [Sacha Zorn]

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