PHLEBOTOMIZED : Clouds Of Confusion

Clouds Of Confusion - PHLEBOTOMIZED
PHLEBOTOMIZED
Clouds Of Confusion
Death/doom metal progressif
Hammerheart Records

Reformés en 2013, les Bataves de Phlebotomized publièrent ensuite le bien nommé Deformation of Humanity (Hammerheart Records) en 2018. Ce disque, tout à fait correct, fit alors le bonheur des fans de death/doom metal mélodique et progressif des années 90 à la old Amorphis, Edge of Sanity, voire Anathema à ses tout débuts, en plus musclé néanmoins. Pour rappel, Phlebotomized grandit à l’époque de ses confrères Orphanage ou des tout premiers The Gathering (époque Always), formations de death/doom qui ont soit disparu ou bien muté depuis l’émergence de la scène hollandaise au tout début des années 90… Il n’y a qu’Asphyx, dans un genre plus brutal et direct, qui ne ramollit pas et excelle toujours dans son genre, ou bien Pestilence dans une veine plus technique et progressive. Bref, dans tous les cas, Phlebotomized avait accompli un retour avec les honneurs en 2018, et c’est avec plaisir qu’ils récidivent à présent avec Clouds of Confusion, quatrième album studio seulement, à l’artwork magnifiquement réussi et tout aussi triste que son prédécesseur Deformation of Humanity mais à l’approche graphique totalement différente.

Le court « Bury My Heart » (2’15) ouvre superbement ce bal empli de brutalité et de mélancolie, enchaîné de « Alternate Universe » qui, par ses soli de guitare et ses riffs plombés accompagnés d’une rythmique lourde et entraînante, donnent à la fois envie de headbanguer et de pleurer. En fond, les claviers subtilement dosés ne sont pas en reste, et contribuent à l’atmosphère de ce second morceau, et il en sera ainsi tout au long du disque. La durée des chansons ici peut très bien varier, le sextet hollandais ne se préoccupant point des formats (« Lachrimae », «Desolate Wasteland » d’à peine 1 mn chacun) du moment que la dynamique est là. Celle-ci permet à l’auditeur de rapidement pénétrer dans son univers lyrique abordant des thèmes aussi bien personnels comme la mort, que des choses plus abstraites, ésotériques mais souvent sombres, à l’image de la jolie pochette réalisée par Andrey Khrisanenkov /Armaada Art (Pyreria, Carnage, Nocturnal Art…).

La double production sonore réalisée en partie par Jörg Uken au Soundlodge Studio en Allemagne, et aux Bartok Industries avec le claviériste Rob op ‘t Vel., s’avère relativement compacte et moderne tout en conservant cette démarche old school du death metal, ce qui confère à l’ensemble cette touche de brutalité. Dans la férocité des riffs et le chant death du frontman Ben de Graaff, la mélodie n’est jamais en reste, les guitares et claviers se rejoignant alors et se complétant à merveille. Une parfaite illustration de cela pourrait être la chanson « Pillar of Fire » au milieu de l’album. D’une cohésion admirable, les quelques chants clairs de de Graaf et les claviers de Rob op ‘t Veld feront vibrer les fans de la première heure de Phlebotomized, mais aussi ceux des vieux Dark Tranquillity ou des derniers Insomnium (sans l’approche folk). Juste après, une suite au morceau d’ouverture refait son apparition dans le track-listing avec étonnement (« Bury my Heart (reprise) »). Avec grâce, ses claviers d’ouverture sauront séduire sans aucun doute les plus sceptiques d’entre vous. A l’inverse, les attaques frontales du très rentre-dedans « Destined to be Killed » ou bien encore du très heavy «Dawn of Simplicity » réveilleront vos instincts les plus sauvages. Ajoutons aussi l’intense « « Death will Hunt you Down » avec ses breaks et guitares catchy, ponctuées d’une nappe de claviers discrète et répétitive rappelant Dimmu Borgir (période 1997-2001). Tour à tour, ces multiples visages de Phlebotomized font de ce nouvel album une œuvre véritablement riche et surprenante, conjuguant à la fois sonorités old school et d’autres plus modernes, avec toujours cet élan de créativité et de propice à la décennie des années 90 (le très progressif « A Unity your Messiah Pre Claimed »), où tout n’était pas qu’une question d’empilement de riffs sans âme ou de production sonore numérisée à outrance avec Pro-tools, l’alchimie entre les musiciens étant alors primordiale. [Seigneur Fred]

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