C’est avec une émotion sincère que nous avons appris le décès de Ryan Siew, survenu le 19 juin dernier à l’âge de 26 ans. Si les conditions du décès du guitariste du groupe de metalcore australien demeurent discrètes, il va sans dire que la sortie de ce nouvel album de Polaris, prévue le 1 e septembre 2023, sera un hommage, riche en retenue et en émotion. Pour ce troisième essai, les Australiens ont adopté une approche très mûre et aboutie pour une formation encore jeune. Plus sombre, plus lourd, Fatalism s’inscrit dans le prolongement de son prédécesseur, The Death of Me qui nous avait déjà bien tapé dans l’oreille. Nominé aux ARIA Music Awards, l’album avait représenté un tournant dans la carrière du groupe, qui avait entériné son style et affirmé ses convictions musicales. L’engagement de leurs paroles s’allie à présent parfaitement avec leurs compositions musicales. Le titre phare « Inhumane » révèle la saturation d’informations qui conduit au choc, puis à la tristesse avant de simplement mener à la désensibilisation comme une forme de protection.
Ce sentiment est exacerbé par la violence de la musique, que l’on retrouve également sur « Parasites », l’un des meilleurs titres du disque avec ses breaks et ses distorsions semi-indus/électro, et également sur « Dissipate » un morceau flirtant avec le deathcore. Notons pour cet album l’ajout (inévitable dans le metalcore actuel ?) d’ambiances et de textures, avec les synthés tantôt superposés dans « Overflow » et « Aftertouch », tantôt enveloppants comme « Nightmare » et « The Crossfire ». Fatalism a été conçu avec un soin particulier par son ingénieur du son live Lance Prenc (co-production, mix, et mastering) pour parvenir à cet équilibre délicat entre violence exacerbée et agressivité, émotions et mélodies. Le chant a été capté, quant à lui, par Scottie Simpson (Alpha Wolf).
Si les membres du groupe ont annoncé leur volonté de poursuivre l’aventure Polaris malgré la disparition de leur guitariste, la sortie postmortem de Fatalism sera sans doute douce mais amère, pour ce dernier enregistrement avec Ryan Siew (R.I.P.). [Marie Gazal]
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