Mais qu’est-ce qui explique tout ce bruit autour de Polyphia ? Pour rappel, derrière ce nom se cache un groupe instrumental américain fondé à Plano (Texas) en 2010 autour du guitar hero Tim Henson. Ce buzz ne date pas d’hier : les premiers succès de Polyphia remontent à 2013 avec l’album Muse. C’est vraiment la chanson « G.O.A.T » à succès (33 millions de vues) qui les a hissés au titre de phénomène sur la toile. Ce quartet de metal prog (à défaut de pouvoir mieux le qualifier) offre une musique unique digne de virtuoses de la gratte (ce n’est pas pour rien que Steve Vai et Joe Satriani les ont adoubés dès 2017 au NAMM Show à Anaheim (Californie)), mixant riffs complexes et influences metal, rock prog et surtout hip-hop, et trap.
S’il est fascinant, voire hypnotisant, de voir leurs mains danser sur les manches ouvragés de leurs Ibanez, le tour de maître de Polyphia vient aussi de leur liste d’invités prestigieux : Chino Moreno (Deftones), Steve Vai, la chanteuse Sophia Black, les rappeurs Lil West et $not, les artistes de hip-hop Brasstracks et Killstation, au service d’un opus varié, frais, neuf dont le spectre musical brasse large, à l’image de cette brochette d’invités. Co-écrit avec Wes Hauch (Alluvial), « Playing God » se déploie sur des airs de flamenco, voire de bossa nova, et trap, le plus simplement du monde à la guitare sèche. Le kawaï « ABC » pourrait presque être qualifié de K-pop, là où « Memento Mori » et « Fuck Around and Find Out » s’enchaînent avec un rare naturel autour du style rap, contrebalancé par le djent de « Bloodbath » dont la participation du chanteur de Deftones se fait remarquer par ses vocaux venus d’un autre univers.
Comme si cela ne suffisait pas, les quatre jeunes prodiges s’offrent le luxe d’inviter Steve Vai pour une authentique bataille de guitar heroes sur « Ego Death », un titre aux finitions très travaillées, Vai lui-même étant ravi de soutenir la nouvelle vague de « shredders » qui renouvellent la pratique de l’instrument à six (ou sept, voire plus si affinités) cordes. Un million de vues déjà en une journée sur YouTube, de quoi faire pâlir de jalousie certains influenceurs sociaux… En unifiant un public aux goûts et horizons variés autour d’une même musique, Remember That You Will Die serait-il l’album idéal que tout le monde pourrait apprécier sur notre planète ? [Marie Gazal]
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