Ne dit-on pas en général que l’habit fait le moine ? Arborant fièrement dans la vidéo de leur premier single « Marrow » de beaux t-shirts de leurs groupes favoris, tels que Faith No More, Frank Zappa, Combs, The Obsessed ou encore Black Tusk (exclusivement des influences US), forcément, alors on s’imagine visuellement que Restless Spirit ne va pas donner dans le metalcore, ni le revival thrash crossover, mais bel et bien dans le stoner, le doom et le sludge metal. Bon,ok, même si Faith No More et Frank Zappa pourraient brouiller quelque peu les cartes ici, mais prouvent par la même occasion la grande ouverture d’esprit de nos trois Yankees. Eh bien, c’est un bingo ! Sur un riff entêtant et une voix claire ici, la rythmique nous donne illico l’envie de headbanguer avec une mousse à la main. Les mélodies sont soignées et quelques effets ici ou là apportent un peu de mordant supplémentaire. Mais le son relativement brut avec cette basse bien saturée nous indique que l’on est tout de même dans du bon gros stoner/sludge des familles. À première vue, on dirait que le trio de Long Island a décidé de revenir à l’essentiel sur cette troisième galette Afterimage, délaissant les travers et méandres de leur précédent album Blood of the Old Gods (Lifesblood Records) qui avaient pu perdre certains auditeurs en 2021.
Sur un rythme plus lent et lourd, le très heavy « Shadow Command » continue ainsi sur cette approche plus mélodieuse et accessible, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Cela évoquera Mastodon ou Baroness pour les aficionados de bon vieux stoner/sludge. Avouez qu’il y a pire dans le genre comme influence ! La furie demeure quand même chez Restless Spirit, et les passages plus énervés ne sont pas pour autant tombés dans les oubliettes du genre, comme les accords de guitares plus incisifs et les growls signés Mike Hill (du groupe new-yorkais voisin de Brooklyn, Combs, tiens donc !) à deux reprises et sa fin bien énervée. La fuzz est gracieusement utilisée ici, comme sur le très heavy là encore « Of Spirit And Form », ou le presque thrashy « All Furies ». Ce côté fougueux et musclé rappellera les riches heures de Corrosion Of Conformity.
Dans tous les cas, si on aurait aimé peut-être plus de growls et pas toujours ce même chant clair de la part du guitariste Paul Aloisio qui peut finir par lasser, musicalement c’est un régal pour nos esgourdes. Et nos trois musiciens savent faire parler la poudre quand il faut sans oublier la mélodie, passant d’un instrumental bien burné, le bien nommé « Brutalized », à un hymne à la Black Sabbath ou High On Fire, comme sur leur dernier single « The Fatalist » avec ce solo de guitare simple mais ô combien efficace, gorgé de feeling, signé du maître Scott « Wino » Weinrich (The Obsessed), ou l’épique « Hell’s Grasp ». Clairement, Restless Spirit livre là une troisième galette plus qu’agréable, rentre-dedans, et personnelle (« Marrow » abordant la fin de vie d’un proche). Le trio américain ne s’embarrasse plus trop des expérimentations, privilégiant des mélodies plus abordables. En cela, Afterimage est une franche réussite, sans être révolutionnaire, et preuve d’une belle progression artistique. [Seigneur Fred]
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