Avec la sortie de Spirits, Romuvos célèbre ses dix ans de carrière et un palmarès de quatre albums studio. Dans un style musical dominé par des têtes d’affiche comme Wardruna et Heilung (pour ne citer qu’elles), Romuvos assume un véritable parti pris qui semble porter ses fruits depuis son établissement à Berlin en Allemagne. Au-delà du simple attirail musical traditionnel tel qu’on le retrouve chez certaines formations appartenant à cette mouvance pagan/folk très en vogue, la tribu d’origine lituanienne se démarque par une orchestration moderne aux sonorités « metal ». Après un premier titre versé dans le folklore mythique de la Baltique (« Snake Dance »), « Sun and the Morning Star » fait rugir les premières guitares, à la grosse différence d’un Wardruna par exemple. Spirits se veut progressif dans son ascension musicale. Plus l’on s’enfonce dans ses méandres et plus les guitares se font entendre (moins puissantes que chez leurs voisins d’Eluveitie cependant).
Cet univers tout droit venu des pays baltes n’a rien de kitsch. On baigne davantage dans le paganisme. Son spiritisme (forcément avec un tel nom d’album) éveille les forces de la nature et les mythes qui y reposent (« Garden of the Sun », avec ses percussions, sa guimbarde, et autres grigris shamaniques d’incantation). Nous sommes bien souvent comme plongés dans un sommeil profond. Et chaque morceau apparaît alors, tel un songe duquel nous sommes extirpés en douceur de temps à autre, par le son des guitares et les battements des percussions (« Become As One » ou « Spirits Of The Oak » aux légers relents de Falkenbach, en bien plus folkloriques ici) car leur mixage demeure homogène et bien intégré. « World Tree » jongle avec les sonorités empruntées au « viking/pirate metal » donnant ainsi un arrière-goût d’Alestorm (qui revient d’ailleurs prochainement avec un EP plus folk metal) au morceau. Cette perméabilité des frontières entre les genres permet ici au groupe d’allier l’épique au mythique mais toujours dans un esprit sérieux. Force est de constater que Spirits s’avère un album uniforme dans lequel aucun morceau ne semble meilleur qu’un autre. Malgré ses qualités indéniables dont des parties de guitares bien senties, certes assez basiques mais bien amenées encore une fois, et des atmosphères plaisantes et épiques, ce nouvel opus manque quand même d’un peu de peps sur sa longueur. Avec pour ligne de conduite les chœurs et les vents du nord de la mer Baltique, Romuvos revient aux sources de ses deux premiers albums faisant par la même occasion un pied de nez à la dernière sortie d’il y a quatre ans (The Baltic Crusade). [Louise Guillon]
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