Takida : un nom Japonais inspiré par un dessin animé, Silver Fang, pour un groupe suédois, quoi de plus surprenant ?! Le fait est que ce combo de rock originaire d’Ånge (au centre de la Suède), qui n’a jamais joué en France, remporte un succès considérable dans son pays natal. Il est déjà certifié multi-platines, rien que ça ! Il s’apprête à conquérir l’Europe avec son nouvel opus : The Agony Flame, trois ans après le déjà réussi Falling From Fame. [Entretien avec Kristoffer Söderström (batterie) par Pascal Beaumont – Photo : DR]
Vous vous apprêtez à partir pour une longue tournée qui aura lieu du 15 février au 23 mars 2024, puis entamerez une seconde partie avec le Smoke & Mirrors Tour en Europe. Comment vous préparez-vous pour assurer toutes ces dates à venir ?
C’est un grand périple, c’est exceptionnel car nous allons proposer des versions spéciales de nos morceaux. On va offrir des versions acoustiques, avec des effets électroniques et un quatuor à cordes. Nous allons devoir nous préparer, en effet, car il y aura des violons, des trompettes. Tout cela implique que l’on va devoir répéter énormément, les titres seront très différents des versions originales. Ce sera plus léger et atmosphérique. On fera cette première tournée en février/mars, puis nous repartirons sur les routes pour donner cette fois-ci des shows électriques : on ira en Allemagne, en Suisse… Il y aura deux parties le Boxroom Tour et le Smoke & Mirrors Tour. On adorerait venir jouer chez vous en France, on l’espère car on n’a jamais donné de concerts dans votre pays.
Pour écrire ce nouvel album intitulé The Agony Flame, vous avez été très rapides… Comment avez-vous travaillé cette fois-ci en l’espace d’à peine deux/trois ans, Falling From Fame étant sorti en 2021 ?
Le processus a été un peu près le même, on s’est réuni et chacun à apporté ses idées. Cette fois, on a tous travaillé au studio Swedish Mountain, on a joué et enregistré ce qui en sortait. Par la suite on est parti donner quelques concerts, puis on est revenu au studio, j’ai enregistré mes parties de batterie sur quatre ou cinq titres en une semaine, tout a été fait au studio. J’ai enregistré mes parties très tôt en fait, et ensuite le reste du combo à travaillé sur les chansons, nous sommes d’ailleurs partis sur une autre direction qu’au début. J’ai dû refaire mes parties de batterie pour les adapter. Tous le procédé de composition et d’enregistrement a été assez long mais a mon niveau j’ai débuté assez tôt. C’est un privilège de pouvoir tout faire en studio, tu sais. Il appartient à notre claviériste (Ndlr : Chris Rehn bassiste et claviers). C’est une chance, on peut y passer beaucoup de temps. Ça nous a permis de tout écrire en studio, d’enregistrer directement, d’écouter, de retravailler. On peut y passer des semaines, voire des mois. A la fin, on y ajoute les guitares et les voix.
En fait, Takida a débuté en 1999. Je suppose qu’il y a des moments importants qui ont jalonné votre carrière ?
Oui, j’ai beaucoup de souvenirs. J’ai débuté au sein de la formation il y a vingt ans mais ne suis pas le batteur originel (Ndlr : il y en a eu deux avant lui : Niklas Källström et Fredrik Holm). C’est au moment où je suis arrivé que tout a vraiment débuté : on a commencé à tourner énormément, à sortir des albums, avons eu notre premier hit. Là, les gens ont commencé à s’intéresser à nous rapidement. On a fait notre première grande tournée dans des salles importantes comme à Stockholm devant 8 000 personnes. Ça été un très grand moment pour moi et ça reste un énorme souvenir. Je me suis dit : « voilà j’ai trouvé ma place, je suis arrivé a atteindre les rêves que j’avais lorsque j’étais enfant, joué dans un groupe, avoir du succès et donner des concerts devant des milliers de personnes ». On a aussi eu l’opportunité d’aller jouer hors de la Suède, en Allemagne, et dans le sud de l’Europe même si c’est arrivé un peu tard.
Vous avez récemment signé avec Napalm Records. Est-ce que quelque part ce n’est pas un nouveau départ pour Takida ?
Nous attendons avant tout une bonne entente de travail, qu’ils nous aident à nous développer, à faire connaitre notre disque. On recherche tous à avoir de bonnes relations avec les gens qui travaillent avec nous. Par le passé, on a eu beaucoup de labels et on a compris ce qu’il faisait : rien du tout. (rires) On reste motivé et on s’assure que les choses se font et que l’opus soit bien distribué pour que les gens puissent l’écouter.
Quelle idée aviez-vous en tête lors du choix de ce titre : The Agony Flame ?
C’est extrait de l’un des textes. En fait, je ne sais pas vraiment car c’est une idée de notre chanteur. Il a choisi ce titre et tout le monde était satisfait. C’est inspiré à la fois par les paroles et le feeling qui se dégagent de cet opus.
« Second Fiddle » est le titre qui clôt le disque et qui s’avère être une magnifique balade avec une mélodie peu classique, le tout accompagné de violons et d’un piano/voix. Comment est née cette chanson très différente de celles du reste de l’album ?
Ce titre vient de Robert Pettersson notre chanteur. Il l’a composé un matin très tôt alors qu’il n’arrivait pas à dormir. Je crois que ça lui a pris une heure, c’est donc vraiment un élan du cœur. Je ne peux pas dire si c’est un sujet personnel, il faudrait lui demander, on n’en a pas parlé ensemble mais je sais que tous ses textes sont profonds mais malheureusement je ne peux pas t’en dire plus…
Tu es le batteur de la formation. D’après toi, quelles sont les qualités qu’il faut posséder pour être un bon batteur ?
Pour moi, c’est le batteur qui est au service des morceaux. Il joue le bon rythme sur les chansons sans en rajouter, sans jouer nécessairement rapidement et techniquement. Selon moi, ce qui est important c’est le feeling avant tout, c’est ce que j’apprécie le plus.
Cela fait vingt ans ans que tu officies au sein de Takida. Te souviens-tu de tes débuts à la batterie personnellement ?
Lorsque j’étais enfant en Suède, on avait tous la possibilité de jouer d’un instrument et cela chaque semaine, ça fait partie du programme scolaire. Et tu choisis alors ton instrument. Mon frère jouait du piano, d’autres jouaient de la guitare et je me suis dit que ça manquait de batteur. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi la batterie. J’ai pris des cours et ensuite quelques années après, j’ai créé mon groupe. C’était très amusant. Cet instrument représente une part importante de ma vie. J’ai continué et puis j’ai rejoint Takida, je n’étais alors pas très vieux, vingt-un ans il me semble. J’avais l’impression d’avoir enfin trouvé la bonne formation pour être honnête. Ma mère m’a dit que je jouais de la batterie depuis mon plus jeune âge, je devais avoir quatre ans et je tapais sur les chaises, les casseroles, c’est peut-être dans mon sang.
Il doit y avoir une pléiade de batteurs qui t’ont donné l’envie de jouer de cet instrument, non ?
Je viens de la même ville que Tomas Haake, le batteur de Meshuggah, on a grandi au même endroit. Il est phénoménal, on ne joue pas de la même façon, bien sûr, mais en le regardant tu peux admirer tout son talent. Au début, c’était Metallica avec Lars Ulrich, et aussi Tommy Lee (Mötley Crüe), tous les batteurs aussi de rock grunge comme celui de Pearl Jam, Matt Cameron. En fait, ils en ont eu plusieurs à vrai dire ! (rires) Lorsque j’ai débuté ils m’ont tous influencé, il y a aussi ce côté un peu funky comme chez Chad Smith (Red Hot Chili Pappers), ou donc Matt Cameron (Pearl Jam, Soundgarden), et puis les Guns & Roses avec Steven Adler, Matt Sorum.
Après vingt ans sur les routes, te reste-t-il des souvenirs de rencontres t’ayant énormément marqué ?
Ce n’est pas personnel mais on est allé à un concert de Slipknot en 2009/2010 : moi, accompagné du guitariste Tomas Wallin et de Mattias Larsson et on a rencontré Corey Taylor (Ndlr : chanteur de Slipknot et Stone Sour) et les autres musiciens après leur concert, c’était incroyable. Cet été, on a vu aussi Steve Harris (Iron Maiden) qui est venu nous faire un petit coucou. Iron Maiden est une référence pour nous tous, on a grandi avec eux. Dave Mustaine (Megadeth) est venu aussi nous voir, c’est un peu irréel. C’est sympa mais je n’aime pas les ennuyer. Mais ce qui est important pour nous, c’est lors des festivals, la chose dont tu te souviens, c’est l’accueil du promoteur qui fait des efforts pour que tu te sentes bien, qui te considère et te donne ce dont tu as besoin pour passer une bonne journée. C’est quelque chose que tu n’oublies pas. Il y a aussi la scène qui est importante, si elle est bien tu t’en rappelles généralement… (sourires)
Pour conclure, souhaites-tu rajouter quelque chose qui te tient à cœur à propos de ce neuvième album studio de Takida ?
On a énormément travaillé sur ce disque, ce ne fut pas toujours simple, on a pris notre temps et on est très satisfait du résultat. On a des titres pop très catchy qui sont des succès radiophoniques. On ne s’y attend jamais lorsqu’une chanson devient un hit. Pour nous, ce qui est important c’est que nos fans apprécient nos chansons, et qu’on le voit lorsqu’ils crient lors de nos concerts en live. On ne regarde pas si les morceaux sont des hits, c’est le public qui est important, et tant mieux si ça fonctionne ainsi.
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