Sérieux, qui ne connaît pas Tankard ? Ce groupe de thrash le plus cool de la Terre et surtout le plus grand buveur de bière ? Déjà, il est allemand, fête de la bière oblige à Munich… sauf que celui-ci est originaire de Francfort et sévit depuis près de quarante ans déjà outre-Rhin (1982) !!
Avec ses artworks toujours sympathiques teintés d’humour et d’alcool (Disco Destroyer (1998), Kings of Beer (2000), R.I.B. (2014)…), cette nouvelle cuvée 2022 semble paradoxalement on ne peut plus sérieuse dans son fond, que ce soit musicalement, avec un speed/thrash très costaud et appliqué, ou dans les paroles très pertinentes et contemporaines d’Andreas « Gerre » Geremia, se faisant l’écho de notre société malade (« Ex-Fluencer »), où parfois malheureusement l’alcool peut être un refuge et subterfuge pour fuir cette société où tout va toujours plus vite, ou bien quand tout s’arrête (« Lockdown Forever »).
Sur le premier extrait « Ex-Fluencer » justement de Pavlov’s Dawgs, notre vieil ami et chanteur Gerre se moque ainsi de la superficialité des réseaux (a)sociaux comme Instagram qui prédomine au sein de la nouvelle génération au point de rendre certaines personnes addictes et malades. On n’en veut pas à Tankard, mais bon, sur ce coup-là, comme leurs confrères de Kreator un peu plus tôt cet année qui dénonçaient cette virtualité omniprésente et la violence virtuelle sur son dernier opus Hate Übber Alles, ces artistes eux-mêmes utilisent plus que jamais ces mêmes réseaux pour communiquer et faire parler de leur actualité de nos jours, dans une industrie musicale qui a terriblement évolué depuis les débuts du thrash metal au début des années 80…
Mais n’oublions pas que le thrash vient du heavy/speed metal et du punk, quand ce courant musical, si populaire encore de nos jours, fit son apparition sur les scènes américaines et européennes. Sur un titre « Diary Of A Nihilist », encore une fois, une certaine réflexion politico-sociale transparaît chez Tankard, changeant un peu de la bière et du discours d’autodérision de ses membres, même si on adore toujours chez eux leur habituelle bonhommie (« Beerbarians »).
Enfin, on apprécie également les divers passages plus mélodieux entre deux riffs furieux, comme l’intro de la chanson-titre à la guitare acoustique, simple et qui fait le job, ou le plus introspectif « Dark Self Intruder », et les quelques soli de guitare concis et sans bavure de Andy Gutjahr,. Mais si certaines riffs peuvent parfois sembler un brin répétitifs (« Memento », « Metal Cash Machine), il faut bien bien avouer qu’ils sont très fédérateurs et en live feront un malheur. Tout cela fait de Pavlov’s Dawgs au final un dix-huitième album studio puissant, terriblement actuel, démontrant une certaine maturité chez nos Teutons, mêlant à la fois le fun et le sérieux, l’autodérision accompagnée d’un zest d’engagement ou plutôt une vision que possède si spécifiquement le thrash metal, qu’il soit américain, ou ici, européen.
Bon, après quarante ans d’existence, vous direz-vous, il était enfin temps de grandir, et justement, ce qui est intéressant chez Tankard, c’est qu’il s’adresse à la fois aux petits et grands qui trouveront leur bonheur pour une leçon de metal impeccable et terriblement jouissive. A consommer donc sans modération jusqu’à headbanguer contre les murs. [Seigneur Fred]
Publicité