THE HALO EFFECT : Days Of The Lost

Days Of The Lost - THE HALO EFFECT
THE HALO EFFECT
Days Of The Lost
Death metal mélodique
Nuclear Blast

Que font cinq anciens membres d’In Flames quand ils s’ennuient à Göteborg et doivent prendre leur mal en patience sans pouvoir tourner pour cause de crise sanitaire ? Du death metal mélodique made in Göteborg, pardi ! C’est donc sans prétention et non sans un grand savoir-faire que ce sont réunis dans la joie et la bonne humeur, comme au bon vieux temps, les cinq acolytes bien connus des fans du genre que sont Jesper Strömblad (guitare), Niclas Engelin (guitare, également ex-Gardenian, Ex-Passenger, Engel…), Peter Iwers (basse), Daniel Svensson (batterie) et le chanteur originel d’In Flames présent sur leur première démo et le premier LP Lunar Strain au début des années 90 avant de laisser définitivement la place au micro à un certain Anders Fridén alors dans Dark Tranquillity jusqu’en 1993 : Mikael Stanne (actuel frontman de DT).

Ces petites présentations de rigueur étant faites pour ceux qui n’auraient pas connu la genèse de toute cette bouillonnante scène metal suédoise de Göteborg, penchons-nous sur le cas The Halo Effet et ce premier effort longue durée. Et sans surprise, nous avons droit à une galette estampillée « melo death metal made in Göteborg » fait avec passion et amour, ça c’est certain, mais un tantinet trop prévisible (le premier titre « Shadowminds » avec sa petite boucle électro et son refrain accrocheur qui n’aurait pas dénaturés tous deux sur Moment, la dernière galette en date de Dark Tranquillity). Days Of The Lost sonne d’emblée très formaté et propret (le mixage met chaque instrument au même niveau sonore, la voix de Stanne y compris), mais si agréable à l’écoute, un peu comme une madeleine de Proust que l’on savoure. Sur le riff d’intro de la chanson-titre et en refrain, on croirait entendre tout bonnement un titre de Clayman d’In Flames. Alors si la production sonore apparaît, il est vrai, un peu trop polie, loin des démos brutes de leurs fameux groupes respectifs entre 1992 et 1994, elle sonne un peu comme à l’époque des fameux Studio Fredman de Fredrik Nordström à Göteborg à la grande époque, même si là c’est un peu plus fade. Heureusement, certaines compositions sont intrinsèquement plus contrastées (« Conditional » alternant intro plus lente et accélérations accompagnés des growls de l’énergique Mikael Stanne).

Musicalement, on baigne clairement dans ce death mélodique scandinave qui fut si populaire durant plus d’une décennie. L’approche se veut toutefois plus moderne, formatée comme on le disait, avec une majorité de rythmes mid-tempo ici et de nombreux arrangements électroniques si familiers aux deux légendes depuis trois décennies que sont toujours In Flames et Dark Tranquillity. Plus précisément, on baigne ici entre In Flames période Colony et Clayman, sans l’effet de surprise de l’époque, et le Dark Tranquillity pré-Projector jusqu’à Haven.

Sur « In Broken Trust » dont l’intro rappellerait presque le Pain de Peter Tägtgren avant que la magnifique voix si versatile de notre vieil ami Mikael Stanne réchauffe nos cœurs sur le refrain et nous fasse craquer comme à l’époque d’un certain Projector en 1999. Son sample entêtant renverrait presque à un hit jumpy de Mass Hysteria. Le chanteur de DT n’en abuse cependant pas (sauf sur « A Truth Worth Lying For ») mais ravira les fans de l’album Projector jamais resservi aux fans sur un hypothétique album suivant Projector 2. Dernièrement Dark Tranquillity montrait quelques signes d’essouflement, le line-up ayant beaucoup changé et vu partir le batteur Anders Jivarp, l’un de ses principaux compositeurs et membres les plus anciens (après Stanne). Si cela laisse son charismatique chanteur livré à lui-même, avec certes, d’excellents nouveaux musiciens au sein de DT (dont l’un des frangins Amott, Chrisopher de son prénom (ex-Arch Enemy, Black Earth, ex-Carcass, ex-Armageddon), l’ère Niklas Sundin et Martin Henriksson semble déjà si lointaine, chacun vaquant à d’autres projets après une certaine lassitude.

Une petite pensée au passage pour l’une des autres anciens gratteux de DT : Fredrik Johansson (R.I.P.) qui nous a quittés en début d’année à l’âge de 47 ans seulement. Côté guitares justement, si on espérait davantage de soli lumineux de la part de Jesper Strömblad et Niclas Engelin, le travail syndical des Suédois est essentiellement axé sur les mélodies dans les riffs de guitare, qui rappellent, ô combien, l’origine de leur death metal mélodique de Göteborg, à savoir le death metal américain qui se développait à l’époque outre-Atlantique et aussi outre-Manche, et la NWOBHM. Le parfait exemple pourrait être le claquant « Feel What I Believe », alors que la fin d’album tend vers une certaine mélancolie (« Last of Our Kind » et son violoncelle, suivi de « The Most Alone »). Mais le format des chansons systématiquement limité à une durée de quatre minutes de moyenne, et le fait de rester dans leur zone de confort rendent ce premier essai un peu en deçà de nos espérances. La douce nostalgie qui réside encore en nous ne suffira peut-être pas à faire de The Halo Effect l’effet escompté par ses auteurs justement auprès d’une, voire deux, générations de métalleux.

Mais c’est avec plaisir et sincérité qu’ils jouent ici cette musique qu’ils ont inventé il y plus de trente ans, et façonné avec le temps. Reste à savoir si de nouveaux fans adhéreront à ce nouveau side project dont le destin dépend aussi étroitement des deux légendes suédoises toujours en vie que sont In Flames et Dark Tranquillity. [Seigneur Fred]

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