TRISTITIA : One with Darkness (réédition)

One with Darkness - TRISTITIA
TRISTITIA
One with Darkness
Doom metal
Hammerheart Records (réédition)

Chaque année voit son lot de rééditions en tout genre avec plus ou moins d’utilité publique. C’est ainsi l’occasion de dépoussiérer des petits chefs d’œuvre oubliés afin de compléter sa discothèque (pour ceux qui en ont encore une) ou tout simplement découvrir, sous une forme ou une autre (vinyle, digital…), un disque. Afin de rendre hommage au guitariste fondateur de Tristitia, Luis B. Galvez (R.I.P.), disparu en 2023 à cause d’une saloperie de sclérodermie, nous vous suggérons son premier opus, baptisé One With Darkness, initialement publié un beau jour de l’année 1995 sur le label français Holy Records, label qui lança tant de formations prestigieuses françaises ou étrangères (Septic Flesh, Orphaned Land, Supuration/S.U.P., Misanthrope, Yearning, On Thorns I Lay…). Tout commence par une magnifique intro à la guitare acoustique (« Sorrow ») à tomber par terre. Simple, forcément triste (« sorrow » signifiant pour rappel « tristesse » en anglais), mais tellement beau…

Ensuite, dès le titre suivant « Kiss The Cross », on s’adresse alors aux fans de heavy/doom metal lyrique, épique, à la Candlemass, mais avec toutefois plus de noirceur. Il faut aussi remettre les choses dans son contexte car il s’agit d’un premier album, donc tout n’est pas parfait, et au niveau du chant clair, on peut toutefois émettre quelques réserves sur la voix grave de Thomas Karlsson. Mais il y a une ambiance déjà épique ici, dramatique même, à laquelle s’entremêle une noirceur donc, typique d’un dark/doom metal scandinave ou britannique. En plus du chant clair, des screams black prennent place de temps à autre, rythmant finalement et superbement des morceaux aux structures intéressantes, loin d’être ennuyeuses pour du doom ! Les réfractaires au genre sont donc invités à tendre ici une oreille ou deux. Après, on aime ou on déteste à la longue ce chant lyrique assez spécial de Karlsson, qui, lui, est toujours de ce monde. Le groupe suédois avait d’ailleurs sorti un ultime album autoproduit en 2022 au titre fait d’un jeu de mot facile, Doomystic. Celui-ci n’était pas si mauvais que ça, même si la grande inspiration des débuts s’était un peu diluée avec les années. La production sonore, malgré les années et il n’y a ici aucun remastering de l’album, demeure très bonne, et met en avant tout le talent du musicien d’origine chilienne, Luis Galvez, que ce soit à la basse, à la guitare électrique, ou acoustique (« One With Darkness », « Wings Of Sacrifice », etc.). Des claviers ponctuent de temps à autre la dramaturgie des compositions suicidaires du groupe basé, lui, à Halmstad en Suède. Les interludes à la guitare acoustique constituent cependant les spécificités de Tristitia, grâce aux racines sud-américaines de son principal compositeur Galvez.

Il n’y a qu’à écouter « Burn The Witch » par exemple pour fondre en larmes, avant de partir sur le puissant « Hymn Of Lunacy » et son riff heavy/doom et son chant black glacial. Les breaks laissent entrevoir quelques arpèges aussi à la guitare électrique d’une beauté à la fois lumineuse et mélancolique. Clairement, One With Darkness puis Crucidiction (également réédité) furent les acteurs d’un doom metal lyrique classieux que s’efforça à développer Tristitia durant sa trop discrète carrière, le groupe tournant peu ou pas. D’autres enregistrements virent le jour par la suite, comme The Last Grief ou Gardens Of Darkness, moins captivants, il faut bien l’avouer. Tristitia quitta alors le catalogue Holy Records avant de se perdre dans les limbes durant près de vingt ans. Le quatuor suédois refit surface avec une série de singles et Burial Of The Sad (Atolinga Records) en 2020, jusqu’à l’ultime Doomystic évoqué précédemment, avant de définitivement s’éteindre en 2023, la mort dans l’âme (Luis B. Galvez (R.I.P.)). [Seigneur Fred]

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