TURNSTILE : Glow on

TURNSTILE
Glow On
Pop/Punk Rock/Hardcore
Roadrunner Records/Warner Music

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« Eh ! T’as écouté le nouveau Turnstile ? » Voilà un sujet sensible dans le milieu du hardcore ces dernières années, et surtout en cette veille de rentrée. La fin de l’été pointe bientôt le bout de son nez, et la publication de ce troisième album des Ricains de Baltimore attire en effet notre attention alors que le soleil nous caresse encore la peau, et que tout va bien dans le meilleur des mondes malgré les tristes actualités sanitaire et géopolitique de cette rentrée où des gens inconscients sont hospitalisés, et d’autres, conscients, veulent à tout prix quitter leurs pays pour éviter les règlements de compte et vivre librement dans leur pays… Alors relativisons ici car il ne s’agit que de musique, après tout, dont nous allons parler. Une musique agréable, groovy pour certains, ou difficilement supportable d’autres. Clairement, on aime ou on déteste Turnstile. « Des vendus ! » s’écrieront les fans purs et durs de hardcore, leur évolution étant devenue trop mainstream, qualifiée parfois de « hxc hipster » même. D’autres fans, et surtout médias, parleront eux de révélation de ces dernières années : « c’est génial ! Turnstile est un grand bol d’air frais qui casse les codes d’un genre établi ». Le hardcore, rappelons-le, mêle à l’origine le punk rock, le ska, un peu de hip-hop, et une dose de métal pour l’accordage toujours plus bas des guitares surtout depuis deux décennies, mais s’est radicalisé de plus en plus dans l’attitude et ses idées socio-politiques. Après, on parle alors de hardcore crossover plus largement. Pour l’accusé Turnstile dans notre collimateur ici, rappelons les faits : deux albums encensés par la critique (Nonstop Feeling (2015) et Time & Space (2018) pour lequel ils ont cédé à la tentation du label Roadrunner Records) ; et une série de cinq EP’s dont Share a View et Turnstile Love Connection (qui possédait un petit côté Beastie Boys sympatoche) parus successivement en 2020 et 2021 durant cette satanée pandémie histoire de nous faire garder le moral. Plutôt généreux de la part de nos jeunes Yankees, non ? Alors que penser sincèrement de Glow On à présent ? Déjà, de prime abord, la pochette rosâtre n’est pas sans rappeler les mêmes provocations artistiques d’autres Américains qui brisèrent les… codes du black metal shoegaze avec leur album Sunbather en 2013…

Le contenant passé, il faut avouer que le contenu s’écoute facilement. Leur musique groove, notamment en live où là, on doit bien avouer que les gars savent y faire toujours en toute simplicité. En studio, par contre leurs arrangements paraissent parfois assez simples. Mais n’est-ce pas là la clé d’un succès assuré ? Un refrain groovy (le rôle du bassiste Franz « Freaky » Lyons en la matière, celui qui joue très souvent dos au public sur scène, est d’ailleurs indéniable), un son bien produit, des compos efficaces ? Rappelez-vous les tubes des Nirvana, et autres formations de rock durant les années 90’s ? Puis Deftones à la veille des années 2000 ? Tiens, c’est justement là où l’on sent que le quintet de Baltimore puise majoritairement son carburant, enfin surtout les 90’s. Si cela était flagrant sur leurs deux premières bombes, ils ne s’en cachent plus du tout sur Glow On et développent ça. Ensuite, vous ajoutez un peu, voire beaucoup, de Snapcase pour les parties purement hardcore (sans le côté noisy) assez répétitives, et divers arrangements tendances très à la mode comme un peu d’électro/pop pour les intros et interludes (parfois totalement dispensables), des parties de piano à l’ambiance lounge, et le cocktail made in Turnstile ravira donc les fans qui feront l’acquisition de ce troisième LP. Pour les autres, il y a bien assez de sorties de galettes hardcore en ces temps de disette de concerts pour aller trouver son pied ailleurs et combler son appétit de décibels. En attendant, Turnstile c’est peut-être beaucoup de bruit pour rien finalement pour certaines personnes, mais sortir déjà trois albums studio remarqués et continuer à jouer en live par les temps qui courent en restant motivés, alors c’est tant mieux et rafraîchissant. Donner au moins l’envie à certains d’entre nous de retourner dans les pits en concerts, alors oui, nous on dit banco ! Et ça, c’est servir une bonne cause : celle de continuer à faire vivre la culture, déjà que l’industrie musicale va mal pour les promoteurs, maisons de disques, et artistes. Enfin, quant aux détracteurs qui reproche au groupe américain d’être signé sur Roadrunner Records depuis 2018, Turnstile a bien dû connaître et pratiquer le « Do It Yourself » avant d’être signé par le fameux label (appartenant, rappelons-le, à une major et au passage, n’oublions pas que nombreuses grosses formations de hardcore sont ou ont été au catalogue de majors ou gros labels metal/hardcore aussi : Sick of it All (Century Media), Madball (Roadrunner Rec., Nuclear Blast), Biohazard (Warner, Roadrunner), etc.). [Seigneur Fred]

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