WACKEN OPEN AIR FESTIVAL : Live report @Wacken (DE) du 02/08/2023 au 05/08/2023

C’est avec une joie non dissimulée que nous nous envolons de Bruxelles pour joindre Wacken, l’un des festivals de heavy metal les plus cotés au monde. Le voyage jusqu’à Hambourg se passe sans problème, on a bien le temps de déguster une bière entre deux avions. La pluie, qui tombe depuis plus d’un mois à Wacken, a rendu l’utilisation d’une grande partie du camping impossible ; des files de voitures et de camping-cars bloquent alors tous les accès au village. Pire, suite à l’impossibilité de pénétrer sur les champs boueux, des campings seront aménagés à Hambourg avec un système de navettes. Un collègue qui nous rejoindra en mettant 32 heures pour venir de Liège !! Au menu de ces 4 jours de festivités : pluie, boue, limitation d’accès du nombre des festivaliers, concerts annulés mais festival réussi ! [Live report par Sante Broccolo – Photos : Sante Broccolo]

Sur la route, nous entendons que l’organisation déconseille aux détenteurs de tickets encore chez eux de partir et le lendemain (premier jour du festival à 10h30) les guichets d’entrée ferment et un grand nombre de festivaliers en possession d’un ticket ne pourront plus entrer ; les organisateurs ayant décidé de bloquer le nombre de festivaliers à 61.000. Bon nombre de personnes auront donc fait le voyage pour rien. Quelle déception !

Alors que le premier concert doit commencer, aucun spectateur n’a pénétré dans l’enceinte, la libération n’aura lieu que 1h30 plus tard avec l’annonce de l’annulation de 6 concerts. Pendant ce laps de temps, la presse a droit à des commentaires sur l’entrée d’une partie des cendres de Lemmy Kilmister (R.I.P.) qui seront conservées à Wacken, dans une salle du café à l’entrée du village ayant servi de loge au groupe dans le passé.

Reliques de Saint Lemmy (R.I.P.)
Prika Amaral (Nervosa)



Le premier groupe, Skew Siskin qui n’est pas sans nous rappeler parfois Motörhead justement, recueille un succès certain auprès de fans impatients. Vient ensuite Nervosa un set thrash/death convaincant mais hélas écourté notamment suite aux ennuis de guitare de Prika Amaral, leader du groupe (désormais chanteuse également). Les musiciennes, et plus particulièrement les guitaristes Helena Kotina et Prika donc, affichent une grande complémentarité, que l’on peut parfaitement entendre sur leur nouvel et cinquième album Jailbreak (Napalm Records).

Hel Pyre (Nervosa)
Helena Kotina (Nervosa)

La pluie reprend alors de plus belle et ce n’est pas Deine Cousine, un groupe allemand populaire et sympathique mais peu intéressant qui nous stimule. Nous assistons au set de de Battle Beast qui a mis une ambiance de feu et surtout Doro qui fête là ses quarante ans en tant que chanteuse de metal par un concert avec des interventions vidéo notamment de Dee Snider ou encore de David Coverdale, plus une dizaine d’invités tels Uli John Roth, Joey Belladona, Phil Campbell et Mickey Dee, deux musiciens avec lesquels elle interprètera « Ace of Spades » en fin de show, et juste après « Love me forever » dédié à Lemmy. Il s’agit bien entendu d’un moment particulièrement émouvant pour l’ensemble du public qui a la chance d’être présent.

Leaves’ Eyes et sa nouvelle chanteuse Elina Siirala depuis 2016

Le lendemain, nous reprenons le chemin boueux du festival sous une pluie persistante. Dark Tranquillity nous récompensera cependant grâce à un set qui enthousiasme l’ensemble des festivaliers. Comme à l’accoutumée, le death metal mélodique des Suédois de Göteborg ne déçoit pas. Nous nous rendons au concert de Uriah Heep qui, après quelques problèmes de son au début, déballent leurs hits tels que « Lady in Black » , « Gipsy » ou « Easy Lovin » avec bonheur, et mettent le feu dans l’assistance. Malgré la pluie, c’est avec enthousiasme que le public accueille Hammerfall qui répond à l’attente des fans. Ce sont toujours les rois du power metal, solide, bien joué et leurs morceaux attendus ; le genre de concert où vous ne pouvez pas rester insensibles… Parfaite transition avec, un peu plus tard, le fameux groupe allemand Helloween qui clôture la soirée de la meilleure manière qui soit, et où les performances vocales font suite aux soli de guitares aussi abondants que réussis.

Le troisième jour marque une étape importante dans ce festival. La météo s’améliore et l’organisation accomplit un travail fantastique en ce qui concerne l’état du terrain. Notre troisième journée commence avec Amaranthe, groupe suédois qui compte trois vocalistes (2 hommes et 1 femme) en son sein. La complémentarité vocale entre eux est remarquable, et le jeu de scène d’Elyze Rid, habillée en longue robe noire, est harmonieux. Cela fait le bonheur des photographes dans la fosse presse. Par ailleurs, les musiciens qui accompagnent les trois chanteurs ne sont pas en reste.

Amaranthe

Après avoir assisté au début de la performance de Takida (du bon rock, sans plus), nous nous arrêtons au concert de Santiano, groupe allemand, qui tire son nom de la chanson d’Hugues Aufray et dont le répertoire folk enchante la foule. Le chanteur, très présent dans le show, n’hésite pas à s’engager dans des messages politiques en faveur de la démocratie.

Takida

Place à un mastodonte du heavy/thrash metal américain : Megadeth, ou plutot Megadave car il revient de loin le bonhomme après son cancer. Même si Dave Mustaine a déjà mieux chanté qu’à Wacken, la musique ne faiblit pas. Les soli de guitares se succèdent généreusement et la qualité s’améliore avec l’arrivée de Marty Friedman, le légendaire ex-guitariste du groupe, sur scène. Acte scénique rare pour être mentionné ici.

Megadeth

La journée se clôture avec un autre géant du heavy metal : Iron Maiden. Nos vétérans britanniques de la NWOBHM qui commence fort avec « Caught somewhere in time » et « Stranger in a strange land ». Le célèbre combo britannique n’hésite pas à jouer cinq morceaux du dernier album Senjutsu. Même si ce n’est pas le meilleur concert que l’on a vu de leur part, tous les ingrédients pour un set réussi sont au rendez-vous. Après cela, les festivaliers ont eu droit à un spectacle de drones saisissant dont une figure décrit le visage de Lemmy…

Iron Maiden

Le dernier jour arrive, et le soleil fait son apparition. Ouf ! La nature du sol s’améliore encore. Premier centre d’intérêt : les légendaires hardcoreux de Biohazard avec le line-up de sa fondation originale. Et directement, ça saute, ça bouge, ça lance des riffs assassins et ça joue encore bien. Une bonne piqûre de rappel des classiques du gang new-yorkais qui fait du bien ! S’agit-il de leur tournée d’adieu ? (lire notre interview réalisée quelques jours plus tard au festival Motocultor).

Biohazard

S’ensuit Katalysm, le groupe québécois qui nous assène d’un death metal sans concession et qui profite de ce concert pour revisiter une dizaine d’albums. Impossible de s’ennuyer pendant ce concert de bonne qualité ; du très bon death, puissant et mélodique ! L’intensité ne descend pas avec les vétérans de Possessed. Vitesse d’exécution, riffs soutenus bien relayés par la voix du chanteur impressionnant, Jeff Becerra, calé dans son fauteuil roulant. Les deux guitares pas du tout avares en soli se lancent dans des riffs assassins ; l’enfer n’est pas loin !! Nous passons ensuite rapidement sur Versengold qui récolte toutefois un franc succès auprès du public allemand. C’est bien fait mais cela ne nous laissera pas un souvenir indélébile…

Jeff Becerra (Possessed)
Versengold

Le festival allemand se termine pour nous et une question nous obsède : aurait-on dû maintenir cette édition en demi-teinte ? Bien sûr, la météo ne se maîtrise pas. Mais en toute honnêteté, l’organisation a tout fait pour ne pas reporter, et les décisions prises lui ont coûté un paquet d’’argent. Plus de 20.000 personnes n’ont tout de même pas pu venir (un système de tickets préférentiels a été mis sur pied pour eux), la pluie a certainement eu un impact négatif sur les rentrées de boissons et sans doute de nourriture. Toutefois les organisateurs ont certainement été trop loin pour se permettre une nouvelle remise après les deux années de crise sanitaire (2020 et 2021) liée au covid-19. Une chose est certaine : ils ont tout fait pour que cette édition soit une réussite et une fois de plus, dans ces circonstances, l’esprit Wacken fut présent. Chapeau à eux !! [Sante Broccolo]

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