Dire que nos quatre New-Yorkais de Biohazard étaient très attendus au festival Motocultor avec son line-up historique est un doux euphémisme. De notre côté, on était dans les starting-blocks, que ce soit au micro afin de les interviewer avant de monter sur scène, treize ans après notre dernier face-à-face au Hellfest en 2010, ou bien dans le pit comme en témoigne notre live report et vidéo ci-après… Car durant ces dernières années, de l’eau a coulé sous les ponts de Brooklyn : Evan Seinfeld, qui s’en était allé pour un business plus florissant avec sa femme, a repris son poste ; Billy mène sa carrière solo avec Billybio. Malgré tout, le célèbre gang de hardcore/metal crossover continua l’aventure en pointillé. Un album studio, Reborn In Defiance, vit le jour en 2012 mais depuis, c’est la vache maigre… Nous avons donc tenté de faire le point avec nos Américains plutôt pressés d’en découdre devant nos questions sur leurs projets, malgré un fair-play exemplaire et même quelques petites blagues en français de la part de Billy. Alors maintenant les gars, à quand un nouvel album studio de Biohazard ?? [Entretien avec Evan Seinfeld (basse/chant) et Billy Graziadei (guitare/chant) par Seigneur Fred – Photos & vidéos live Motocultor 2023 : Seigneur Fred – Autres photos : DR]
Comment allez-vous les gars, à quelques heures avant votre show qui marque le retour du line-up historique de Biohazard, ici au festival français du Motocultor, le deuxième plus gros festival metal et hardcore en France, vous savez ? Alors êtes-vous prêts car nous, on vous attend de pieds fermes ? (sourires)
Evan : Oui, on est prêts, mec !
Billy : Pour moi, non, pas encore. J’ai besoin de m’échauffer environ une heure avant de monter sur scène. Mais « on va tout détruire… ! » (Ndlr : en français)
Ah oui ? As-tu des gimmicks justement avant de monter sur scène ? Vous vous échauffez sur vos instruments et votre voix ? Faites-vous un peu de sport ? Quelques bières ou boissons énergisantes aussi peut-être ? (rires)
Billy : Non, pas de boisson. Mais oui des exercices physiques.
Evan : Oui, je fais des exercices, différents mouvements. Je m’échauffe donc. Pour moi, c’est très important. Tu sais, les concerts que l’on donne, c’est très athlétique sur scène, dirons-nous ! (rires)
C’est drôle car la dernière fois que l’on s’est rencontré, enfin Evan tu n’étais pas là, mais cela remonte à treize ans, au festival Hellfest en 2010, avec Billy et Dany. La programmation était similaire à ce weekend ici au Motocultor car hier jouait aussi Watain. Je crois que vous vous connaissez d’ailleurs, non ?
Billy : Ouais, un peu. Au passage, sentaient-ils ? (Ndlr : il le dit d’abord en anglais, puis essaie en français)
Comment ça ?!
Evan : Billy te demande, enfin veut dire : « est-ce qu’ils sentaient ? » Autrement dit, est-ce que les gars de Watain puaient ? (sourires)
Euh, non, je n’ai rien remarqué de spécial auprès d’Erik Danielsson… (Ndlr : un peu surpris par la question de Billy). Pourquoi donc ?
Billy : OK. Car en général, ils puent le sang de cochon qu’ils utilisent pour leurs shows sur scène… (rires) Comme Mayhem si tu veux, etc.
Ah d’accord. D’ailleurs Erik Danielsson, le chanteur et principal compositeur de Watain apprécie ce que vous faites, m’a-t’il dit. Et vous, appréciez-vous aussi leur musique ?
Billy : Oui, c’est réciproque.
Evan : Nous, on aime tous les genres de groupe, tu sais. Et particulièrement les groupes qui jouent de la musique super heavy et qui sont à fond dans leur truc.
Ecoutez-vous du black metal à vos heures perdues ?
Billy : Ouais, parfois.
Evan : Ouais, de temps en temps. J’en écoute parfois, mais j’en écoutais surtout à nos débuts, avant de monter Biohazard. A l’époque, j’écoutais pas mal Venom, Hellhammer… Du vieux black metal des années 80, tu vois. Ça m’a pas mal influencé car il y avait ce côté punk, car finalement, le black metal, c’est comme le punk rock mais dans le metal, tout comme le thrash auparavant.
Tout à fait. Quelle va être la set-list de votre concert de Biohazard ce soir au Motocultor avec ce line-up historique donc ?
Billy : On va jouer tous les putains de classiques qui tuent de notre début de carrière. Si tu veux, c’est un peu comme une célébration de nos premières années avec Biohazard. Voilà, c’est ce qu’on fait.
Evan : C’est en gros les temps forts de notre répertoire, essentiellement à nos débuts
Donc les classiques d’Urban Discipline, State Of The World Address, etc. Par exemple : « Shades Of Gray », « Love Denied » et « What Makes Us Stick » ?
Evan : Eh mec, c’est top secret, là ! (rires)
Pas de reprise ? Par exemple « After Forever » de Black Sabbath que vous jouiez autrefois sur scène dans les années 90 (cf. No Holds Barred – Live in Europe/Roadrunner Rec. 1997), après votre participation au premier volet du tribute Nativity In Black en hommage à Black Sabbath ?
Evan : Non, pas de reprise. De toute façon, on n’a pas vraiment le temps ! Non, comme je te dis, on joue nos meilleures chansons du vieux répertoire. Parfois, c’est aussi à l’improviste entre nous. Même si on était amis, et que l’on t’invitait à jouer sur scène, on ne te dirait rien à l’avance, sinon ce n’est plus une surprise pour personne ?! Et puis ce serait une injustice pour les autres fans… (sourires)
Evan, qu’est-ce qui t’a motivé en fin de compte à rejoindre le groupe après toutes ces années en dehors de Biohazard ? Sincèrement…
Evan : Selon moi ? C’est marrant car juste avant cet entretien, on a répondu à une autre interview à la radio, et c’était intéressant ce que Billy a répondu à ce sujet à mes côtés… Pour moi, c’est essentiellement lié à mon grand périple que j’ai effectué depuis mon départ de Biohazard. Cela m’a pris du temps, mais j’avais beaucoup de choses à mener à côté, et il fallait une certaine réflexion. Tu sais, j’avais besoin d’espace, de prendre l’air, et surtout mon cœur devait parler avant tout. Quand Billy m’a recontacté, c’est quand on s’est revu, après dix ans sans se côtoyer, lors des funérailles de notre ancien manager de Biohazard qui est décédé… Quand tu regardes dans ta vie ce qui est vraiment important dans des moments comme ça, on met de côté les rancœurs et les choses négatives du passé dans ce cas pour ne pas se focaliser dessus, et on essaie plutôt de se rappeler les bons moments passés ensemble et toute la gratitude que l’on a les uns envers les autres. C’est ça qui est important. J’étais vraiment mal à l’époque où j’ai quitté le groupe, tu sais. Depuis, j’ai fait du chemin, et je leur dois toute ma gratitude aujourd’hui, à Billy et les autres gars du groupe. Toutes les superbes soirées que l’on a passées ensemble sur les routes, avec les fans. Tout ça m’a donné envie de rejoindre à nouveau la bande, ce qui a débouché à cette tournée.
Durant l’épidémie de covid-19, du fait du confinement et toute la frustration de ne pas pouvoir tourner, cela vous redonné l’envie de repartir sur une tournée après et refaire des projets avec le groupe ?
Evan : On a vraiment eu le temps de penser à des choses, c’est sûr, mais on ne pouvait pas faire grand-chose, en effet, si ce n’est cogiter. On a accepté les choses, et on s’est tous rendu compte que Biohazard nous manquait. C’est en nous, c’est notre passion cette musique. Quand on regarde tout ce que l’on a accompli, en fin de compte, c’est magique.
Toi, Billy, je sais que tu as été pas mal occupé dernièrement avec ton propre projet solo, Billybio. Tu as publié deux albums et tourné pour les défendre live. Mais durant la pandémie, avec cette reformation, as-tu déjà commencé à travailler sur des nouvelles chansons, des paroles pour un futur album studio de Biohazard éventuellement ?
Billy : Durant la pandémie, j’ai dû composer et écrire une centaine de nouveaux morceaux mais pour Billybio et Powerflo. Cent-dix chansons de mémoire… Une partie est parue avec mes deux albums solo donc (Billybio) et Powerflo. Et j’ai aussi produit pas mal de groupes d’amis. J’ai notamment produit le groupe franco-américain Yard Of Blondes pour deux albums. La pandémie, c’est malheureux à dire mais j’ai été très occupé et très prolifique. Ça a même amplifié ma créativité !
Mais les gars, votre dernier album Reborn In Defiance remonte tout de même à 2012 chez Nuclear Blast. Donc y’a-t’il un nouvel album studio dans les tuyaux chez Biohazard ?
Billy : J’aime parler personnellement uniquement de ce que j’ai fait une fois que c’est fait, livré. Je n’ai pas pour habitude de parler de ce qui est en cours ou qui est à l’état de projet. J’en parle une fois que c’est fait. Je fonctionne ainsi.
Evan : Mais tu nous demandes quels sont nos projets, il t’a répondu sur le passé, mais parlons déjà du présent de Biohazard !
Justement, je vous ai demandé tout à l’heure ce qu’il en était de votre concert de ce soir, vos préparatifs, etc., même votre set-list mais tu n’as pas voulu m’en donner le détail ?! (rires)
Evan : Ouais, c’est vrai. Je plaisante… Mais je respecte cependant ce que Billy a dit. On parlera de ça en temps voulu…
Billy : Connais-tu la règle des 3 « A », c’est-à-dire des « âges » ?
Non, mais ça me dit quelque chose…
Billy : En fait, c’est la façon dont tu peux partager ta journée. En fait, on peut séparer le temps selon trois âges. C’est une théorie du XXème siècle : la jeunesse, la maturité, et la vieillesse. Mais ça marche aussi pour organiser ta journée, ton agenda : il y a un temps pour le travail, un temps pour la vie personnelle, et le troisième âge correspond à la fin de ces deux premiers temps. Pour moi, durant la pandémie, quand j’étais avec ma famille, je ne faisais que ça. Et quand j’étais à mon studio (Ndlr : Firewater Studios) à Los Angeles, je ne faisais que travailler car j’avais quitté ma maison. Et je n’ai jamais autant travaillé paradoxalement ni autant profiter de ma famille à L.A. en fin de compte.
Vous ne vivez plus à New York tous les deux alors ?
Billy : Non.
Evan : Non, depuis longtemps, j’ai quitté New York pour vivre au Mexique.
Au fait, vous avez le bonjour de Tommy Victor de Prong, que l’on a récemment interviewé pour son nouvel album. On lui a dit qu’on allait vous revoir ici au Motocultor… D’ailleurs, êtes-vous toujours en contact avec les (anciens ou nouveaux) groupes de la scène hardcore et metal de New York où est né Biohazard en 1987 ? Il y a des jeunes groupes sympas d’après vous ?
Billy : Ok. Merci. Il y a de bons groupes toujours de New York. Jealous par exemple, Mind Force aussi, c’est un nouveau super groupe.
Evan : C’est marrant que tu parles de Prong. Ils ont joué dans le même festival que nous entre-temps ailleurs. Et là je reviens dans le passé : tu sais, notre premier concert de Biohazard fut en ouverture de Prong justement il y a bien longtemps. C’était en 1987. Tommy était notre bookeur à l’époque, et ingé son aussi. Il nous avait trouvé cette date de concert. On alors ouvert pour Prong ! C’était au Pyromaid Club, sur une avenue à New York, dans l’ouest.
Connaissez-vous des groupes français de hardcore ou metal sinon ?
Evan : Ouais : Gojira, Kickback…
Billy : Enhancer aussi, de la Team Nowhere… Je suis encore en contact avec eux.
Ah oui, en 2000, ça nous rajeunit pas tout ça ! (rires) Enfin, que voulez-vous ajouter à vos fans français ?
Evan : Qu’ils nous suivent sur les réseaux sociaux sur internet, et là ils trouveront des news officielles. Là on repart en tournée en Amérique toujours avec ce line-up originel.
Billy : On va tout déchirer ce soir ! (Ndlr : en français)
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