Alors que la double édition du Hellfest est sold out avec Metallica (!) en vedette cette année, quoi de mieux que de rencontrer son public et de mettre l’ambiance sur les routes de France avant qu’ait lieu cet incontournable évènement français en juin prochain ? Au menu pour ce warm up millésimé 2022 : le phénomène thrash metal crossover ibérique Crisix (Album du Mois dans METAL OBS #101 1er sem. 2022) accompagné de nos punks nationaux de Tagada Jones en leader, le tout supporté ce soir par les locaux de Speed Jesus (punk/hardcore), habitués à la scène orléanaise de l’Astrolabe en ce jeudi 5 mai 2022 qui affiche complet. Petit compte-rendu à chaud où l’on a été prendre la température dans le pit et pas hésité à mouiller le maillot, et même failli participer au concours de « air guitar » en cette chaude soirée de printemps (mais bon, on aurait gagner ;-))… [Live report : texte et photos par Seigneur Fred]
C’est devant un public déjà bien fourni que Speed Jesus foule une nouvelle fois les planches de L’Astro, eux que l’on avait déjà croisé en 2019, alors sous forme de trio, en première partie là-aussi mais de Monde de Merde et Sick of it All pour une autre soirée fort sympathique et énergique (comme à l’accoutumée à L’Astro). Cétait dans le cadre du fest The Outbreak partagé géographiquement cette année-là entre Blois et Orléans. (voir notre live report 2019).
Tout au long de ce set d’environ quarante-cinq minutes, les spectateurs demeurent attentifs et respectueux, bougeant peu, n’adhérant peut-être pas totalement au punk/hardcore relativement direct et nerveux aux rythmiques complexes, ou découvrant simplement pour les autres ce combo local issu de l’underground du Loiret et bien connu par ici (ses membres évoluent aussi dans Gravity Slaves, Monde de Merde, Nesseria, Shedding Skin). L’accueil semble plutôt froid alors que pourtant, le trio devenu quatuor, joue à domicile. Etonnant donc, surtout que musicalement, nos musiciens assurent, avec un bassiste (autrefois chanteur) énergique qui envoie du lourd, et un guitariste, au poignet souple et véloce, qui enchaîne les accords complexes sur sa Les Paul Gibson noire, une casquette vissée sur le crâne et affublé d’un t-shirt de nos amis de Nesseria (dont on attend leur nouvel album studio !). Le batteur a un style de jeu particulier derrière son kit, alors que devant lui, le nouveau chanteur portant un t-shirt de Darkthrone (double signe forcément de bon goût) essaie de communiquer un peu avec l’audience entre deux screams hardcore ou plutôt growls parfois à la limite du death metal voire grindcore.
Un set rapide, efficace, devant des spectateurs attentifs, alors que l’ambiance est nettement plus chaleureuse au bar… Dans tous les cas, nos Orléanais ont fait le boulot, alors par respect, n’hésitez pas à écouter leur dernier album The Giant Hack (disponible sur les labels Metro Beach, PPM/Opposite, et Blackout Prod.).
Après un petit concours de « air guitar », le temps est venu d’assister au show des Catalans de Crisix très attendus ce soir. Il faut dire que la formation ibérique rencontre d’excellentes critiques à chaque nouvelle bombe studio avec son thrash crossover à la fois ravageur et plein de de bonne humeur. Leurs fans commencent d’ailleurs à se grouper au premier rang, ayant digéré l’EP Pizza 4 titres paru l’an dernier durant la crise sanitaire. Ils sont désormais friands de découvrir les nouveaux extraits de Full HD, sixième album du groupe d’Igualada (à une petite cinquantaine de km de Barcelone).
Une intro vidéo sympa avec leur habituelle mascotte nous permet de faire connaissance avec le tour bus du groupe durant ce Warm Up du Hellfest français, puis une intro musicale un peu longuette plante le décor. Enfin les cinq musiciens espagnols remontés comme des coucous suisses débarquent sur scène ! Leur chanteur Julián Baz, dit « Buzi » ou « Bazooka », sera relativement calme au début derrière son micro, alors que le grand guitariste et principal compositeur à la silhouette longiligne, Marc Busqué « Busi » (alias aussi BB Plaza), que nous avons croisé avant le concert, a davantage la bougeotte et headbangue, du haut de son mètre quatre-vingt-dix sur la gauche de la scène, équipé de sa Flying V blanche… A l’extrême droite, l’autre guitariste, Albert Requena, avec un sourire à en faire péter les zygomatiques, possède un jeu de guitare totalement différent, plus hardcore, relativement bas sur ses appuis comme un certain Robert Trujillo… Plus statique, notre ami Pla Vinseiro (auteur du « track by track » de Full HD dans notre magazine #101), arbore une tenue sportwear et un t-shirt de Slayer, et parlera parfois quelques mots de français au micro avec Plaza et Buzi.
La set-list bien rôdée de cette tournée française mise donc d’emblée sur le petit dernier avec un fracassant « Speak Your Truth » en ouverture des hostilités, suivi de l’énorme « World Needs Mosh » tiré de The Pizza EP, mais pas que… Les précédents classiques du groupe ne sont pas en reste (« Frieza the Tyrant », « Brutal Gadget » de leurs deux premiers albums, et deux titres d’Against The Odds de 2018) mais absolument aucune chanson de l’excellent From Blue to Black ne sera jouée, dommage.
Faute de temps peut-être. Qu’importe, nos amis espagnols donnent là une véritable cure de jouvence au thrash des années 80/90 avec circle pits et autres furieuses mosh parts de rigueur. Belle surprise et moment fort prévu tout au long de cette tournée française au côté de Tagada Jones : un changement de poste de chacun des zicos, le batteur Javier Carrión passant par exemple à la guitare, le bassiste Pla Vinseiro à la guitare, ou l’autre guitariste Albert Requena derrière les fûts. Crisix enchaîne alors le terrible meddley « Hit The Lights » (Metallica) »/« Walk » (Pantera) et enfin « Anti-social » (Trust) en duo avec le chanteur Niko de Tagada Jones dans une version plus proche de celle d’Anthrax que l’original la bande à Bernie Bonvoisin et Nono.
S’en suit le futur tube de l’été « Macarena Mosh » avec sa petite choré qui va bien en la présence de la mascotte. Et c’est l’indispensable « Ultra Thrash » issu de leur premier album The Menace qui clôturera un show sans faille et extrêmement jouissif pour tout amateur de thrash qui se respecte. On vous l’avait promis de toute façon qu’avec Crisix, ce serait fun, c’est chose faite !
On aurait pu croire difficile pour Tagada Jones de faire encore mieux en cette fin de soirée passant derrière, mais c’est mal connaître nos vieux briscards rennais… Face à un public acquis à sa cause à qu’il ne reste plus trop de jus, aucun souci, surtout à Orléans, jadis bastion du punk/hardcore des Burning Heads.
Sur des lumières rouges, nos fraises Tagada entament leurs nombreux hymnes de leur dernier opus paru en 2020, A Feu et à Sang (At(h)ome). Sa chanson-titre passe comme une lettre à La Poste (hors grève). Les pogots et divers slams sont bien au rendez-vous, le tout dans une ambiance toujours bon enfant, comme pour Crisix précédemment. Le classique « Mort aux cons » taillé pour le live est repris à tue-tête par les spectateurs dans un esprit de camaraderie mais aussi de militantisme. Le show est classique, sans temps mort comme toujours chez Tagada Jones, et par conséquent efficace.
On sent que le quatuor breton maîtrise son répertoire et est ravi de tourner partout en France après une participation, comme Crisix, au Hellfest from Home l’an dernier sans public mais devant des caméras. Le bal de nos enragés révolutionnaires touche alors à sa fin, et la gagnante du concours de « air guitar » est élue dans une chaude ambiance, avec à la clé le précieux sésame (pass 3 jours Hellfest). Telle Jeanne d’Arc, elle défendra Orléans au Hellfest devant les nombreux concurrents sur la scène Warm Up en juin prochain pour un combat musical dans la joie et la bonne humeur, à l’image de cette soirée collective punk/hxc et thrash metal vécue tous ensemble. Rdv au Hellfest. Y muchas gracias a todos ! [Seigneur Fred]
Publicité