WITCHERY : Nuit d’horreur

Affichant plus de vingt-cinq ans de carrière et divers changements de line-up, Witchery s’est enfin stabilisé à partir de 2016 depuis le départ de son chanteur Toxine. Remplacé un temps par l’intérimaire Legion (ex-Ophtalamia, ex-Marduk et ex-Deviant), l’arrivée au micro de son remplaçant, Angus Norder (Nekrokraft), a permis aux Suédois de livrer deux brûlots coup sur coup : In His Infernal Majesty’s Service (2016) et I Am Legion (2017). Après cinq ans d’absence, voici Nightside, une huitième galette remplie de blackened thrash old school comme on aime. Sur ce nouveau disque, le père Jensen (ex-Seance, et bien sûr également membre des fameux The Haunted dont il nous délivrera un petit scoop en fin d’interview) y apparaît toujours aussi affûté. Le guitariste nous parle ouvertement de son bébé qui a bien grandi.
[Entretien réalisé le 08/06/2022 par Zoom avec Patrik Jensen (guitare) par Loïc Cormery – Photos : DR]


Les succès de In His Infernal Majesty’s Service et I Am Legion par rapport à Witchkrieg sont énormes, on dirait que vous avez voulu rester sur le même esprit musical plus traditionnel…
C’est très intéressant, en fait, parce que j’ai donné plein d’interviews ces deux dernières semaines, et comme tu peux le remarquer, ma voix est assez endommagée (petits rires), mais il y a eu à l’époque deux réactions aux albums de la part des journalistes : une réaction du genre : « Oh ! C’est génial, vous revenez au vieux Witchery, c’est un album classique comme Don’t Fear The Reaper » ; et puis, l’autre réaction était : « C’est super que vous soyez toujours un groupe old school, c’est comme Symphony For The Devil ! ». Bref, deux sons de cloche. C’est donc impossible de prédire ce que les gens entendront dans ta musique, ce qui est aussi une raison pour laquelle un groupe devrait juste faire ce qu’il veut, parce que de toute façon, les gens entendent ce qu’ils veulent entendre. Donc les gens ont dit que c’est un retour à notre vieux style, je pense qu’ils veulent dire comme les deux ou trois premiers albums peut-être. Pour Don’t Fear The Reaper et Witchkrieg, nous avions Tue Madsen en tant que producteur, et il a créé un son très riche, épais et lourd. Sur les premiers albums, ça tabasse plus et c’est plus rentre-dedans; et pour cet album, nous avons choisi une fois de plus David Bergstrand, et sa production est plus tranchante. Donc je pense que ce que les gens entendent, c’est la production ! Donc ils entendent les riffs thrashy et ils pensent « oh c’est un retour au Witchery du début que j’adore », et ensuite d’autres gens écoutent ce que nous jouons vraiment et ils disent : « Oh ! C’est le Witchery old school que j’aime. » Donc d’une certaine façon, nous sommes parvenus à faire plaisir aux deux camps, pour ainsi dire. Nous n’en avions pas conscience. On ne devinait pas que nous étions en train d’écrire un album un peu progressif, nous ne savions pas que nous étions en train d’écrire un album dans le vieux style de Witchery. En fait, nous écrivons juste des albums que nous voulons écrire, et je suis très content que tout le monde semble les apprécier.

De façon plus générale, comme Nightside est le troisième album avec ce line-up, comment la dynamique du groupe et l’alchimie ont évolué depuis I Am Legion, avec tous les concerts faits ensemble sauf ces deux dernières années ?
A un niveau personnel, ce line-up est très harmonieux. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas de drame même si Sharlee D’Angelo (basse) nous a quittés, mais c’est normal, sa priorité étant Arch Enemy ! Victor nous a rejoints, et c’est super ! Nous passons de très bons moments ensemble et nous sommes contents lorsque l’on se retrouve et que l’on part faire des concerts et tout. C’est toujours comme se retrouver entre amis. C’est super ! Je ne suis pas en train de dire qu’il y avait des drames par le passé, mais lorsque tu tournes pendant huit mois, comme nous l’avons fait ces dernières années, et nous avons fait ça professionnellement, et qu’il y a autant de pression à la maison… Tu as un boulot aussi, peut-être que tu es journaliste à plein temps, je ne sais pas, mais tu sais comment parfois quelqu’un peut être un peu à cran à force de surmenage entre la vie pro et perso. Ça passe, ce n’est rien de sérieux mais ces choses arrivent. Et avec Witchery, nous n’avons pas de pression économique, nous ne sommes pas souvent loin de chez nous, donc nous n’avons pas cette pression extérieure. Lorsque nous nous réunissons et donnons des concerts, nous nous amusons donc avant tout.

Est-ce que le thème de Nightside est un fil conducteur dans le nouvel album ? Ou du moins une inspiration ?
Pour moi, c’était une inspiration et un concept surtout. Je consomme beaucoup d’informations. J’aime vraiment rester au courant des choses qui se passent. Ces choses nous affectent, même si tu te fiches totalement des informations, ça affecte tout le monde. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être dites sur l’état du monde en ce moment. Tout est incertain, je trouve. C’est pour ça que c’est encore plus important que les gens obtiennent la bonne information. Angus (chant) a écrit la majorité des paroles, et je pense qu’il avait aussi cet aspect en tête lorsqu’il a écrit certaines des textes. D’un autre côté, certaines des autres paroles sont ses sentiments et points de vue personnels, donc ce n’est pas du tout un album thématique mais plutôt conceptuel avec une ligne directrice. Mais dans une certaine mesure, je pense, la signification du titre est présente dans l’album. J’ai toujours adoré l’atmosphère des King Diamond et Mercyful Fate notamment, et je pense que c’est un clin d’œil.

Parlons des guests justement ! Une nouvelle fois, il y a du beau monde qui est de la partie au côté de Witchery !
Oui, avec le temps, je pense qu’à chaque album de Witchery il y aura toujours des invités et c’est toujours très gratifiant. Et le public aime ça. Il y a Jeff Walker de Carcass, Hank Shermann de Mercyful Fate, Maciek de Kverlertak et Simon de Wolf. Une fois de plus, cela met un coup de boost aux compositions et leur talent fait le reste !

Un petit mot peut-être sur le prochain The Haunted avant de se quitter ?
Il est en cours de production. Nous avons entre sept et huit morceaux actuellement. D’ici la fin de l’année, je pense que nous aurons de quoi faire un superbe album !


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