L’EP Crypt of Ancestral Knowledge sonne le retour du chant sauvage du loup ! Après un succès auprès de la critique avec Primordial Arcana, les membres de Wolves in The Throne Room renouent avec le cœur de notre rédaction. Il était temps de (re)confirmer leur marginalité et leur originalité au sein de la scène pagan/black metal internationale. C’est chose faite avec ce troisième format court de leur carrière, sorti discrètement en ce début d’automne 2023, toujours chez Relapse Records cependant. L’enveloppe physique (disponible au format vinyle, CD et K7) est à l’image de son contenu musical à l’éclat cristallin, froide, pour ne pas dire glaciale, hivernale et méditative. Nos Américains sont un peu en avance à vrai dire météorologiquement parlant. Par contre, musicalement parlant, à tous ceux qui diront que cela ne sonne guère comme du « black metal », prenez gare ! Car si le son du black metal de leurs débuts n’est pas au rendez-vous, les sensations noires et mystérieuses elles sont bien là.
« Beholden to Clan » s’avère être une ouverture maîtrisée dotée d’une avalanche de blast beats. Ces derniers se voient cependant vite calmés par l’arrivée de breaks plus lourds et lancinants. Une inspiration fraîche mais nécessaire pour se plonger pleinement dans la suite… « Twin Mouthed Spring » annonce de manière plus franche que le premier titre de l’EP une rupture en termes de violence sonore. Ici, une place d’honneur est faite aux claviers l’ambiance dark et majestueuse, ce qui n’est pas pour déplaire. Bien au contraire, ce choix artistique net assumé participe à la plongée dans l’univers mystérieux et plein de sorcellerie païenne du groupe d’Olympia (Washington). Les grandes espaces, les forêts, les âmes à chaque élément de la nature, la magie opère comme sur leur précédent album Primordial Arcana.
Néanmoins, les deux dernières plages musicales (« Initiates of the White Hart », « Crown of Stone ») s’éloignent du black metal de leurs débuts et se tournent vers quelque de chose de plus mystique très proche du courant du folk (cela ravira les déçus du nouvel hybride Spine de Myrkur) et un peu de la dungeon synthwave né dans les années 1990 (Mortiis, Bal Sagoth, etc.). Avec un chant qui joue parfois à la frontière du black et du death metal, et une batterie qui effleure nos oreille, WITTR nous offre une bande musicale très cinématographique, toute en sensation, en suggestion et en image. Ces chamans du black metal atmosphérique semblent à présent s’éloigner des forêts mystérieuses qui ont fait le succès de Primordial Arcana pour aller faire un tour du côté des cascades de glaces. Un peu d’alpinisme musical s’impose donc pour gravir – tout en douceur – ce nouvel opus quatre titres. Sombre de poésie et noir d’étincelles, Crypt of Ancestral Knowledge nous entraîne dans ses profondeurs, une sorte d’apnée méditative à nous faire oublier les notions d’espace et de temps. [Louise Guillon]
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