WOLVES IN THE THRONE ROOM
Primordial Arcana
Black/Pagan metal atmosphérique
Century Media/Sony Music
Bien qu’originaire de la ville d’Olympia, près de Seattle, nos trois Américains ne jouent pas du grunge comme c’était la grande mode jadis durant les années 90, mais un black metal d’obédience scandinave dont c’était aussi simultanément la période faste, non pas en Amérique du Nord (si ce n’est que quelques rares groupes cultes comme Usurper ou Absu), mais sur notre bon vieux continent à la même époque. Les frangins Weaver (batterie/claviers/chant et guitares/claviers/chant), qui ont grandi avec toutes ces influences, connaissent donc à la fois leurs classiques rock et metal. Ils nous offrent cet été une septième merveille totalement réussie et passionnante qui ravira les fans de black metal à tendance atmosphérique dans un réel esprit païen comme on pouvait déjà de toute manière le ressentir sur leur précédent et excellent opus Thrice Woven qui ne faisait que confirmer un peu plus le nouveau statut d’outsider du trio américain sur la scène black metal international. Car oui, nos trois musiciens ont les dents longues ! S’ouvrant sur le fantastique premier titre “Mountain Magick” dont l’intro vous plonge d’emblée dans l’univers naturel et spirituel de Wolves In The Throne Room, Primordial Arcana commence donc fort, et leur vidéo captée par les musiciens eux-mêmes dans les grandes forêts ténébreuses autour d’Olympia vous mettra dans l’ambiance. D’ailleurs, tout l’album y a été enregistré, sonorisé et mixé dans leur propre studio (les Owl Lodge Studios) situé en pleine nature dans les forêts de l’état de Washington. A la batterie, Aaron Weaver délivre une prestation complexe et intense, travaillant énormément sur ses toms tout en assurant les chœurs pour accompagner son frère à la voix déchirante et véritablement habitée. Divers breaks apportent des respirations essentielles à leur black metal atmosphérique.
S’en suit le second morceau, “Spirit Of Lightning”, quelque part entre Wardruna et Arckanum pour les influences et l’aura qu’il dégage. La mélodie est simple, rappelant un peu le dernier ouvrage Premonitions du groupe international Sojourner avec sa ligne de guitare et son clavier. Clairement, nos trois loups américains veulent privilégier les ambiances pour envoûter l’auditeur dans leur monde peuplé de légendes tirées de mythologies européennes (rien ici sur la civilisation précolombienne) ce qui démontre encore l’attachement absolu pour la culture européenne en général. Tout aussi long mais plus sinueux, “Through Eternal Fields” nous fait continuer un peu plus encore dans le périple brumeux et magique des Yankees. Puis un morceau menaçant, “Primal Chasm” (le tout nouveau single), avec son rythme heavy et appuyé rappellera aux fans les débuts d’Emperor et Thou Shalt Suffer de Samoth et Ihsahn il y a une trentaine d’années (déjà !). Ce faux rythme pourrait même renvoyer en fait plus précisément au célèbre hymne “Blashyrkh” d’Immortal, voire à “A Fine Day To Die” de Bathory qui avait d’ailleurs été repris par un certain Emperor en 1996… Vous l’aurez donc compris, l’univers de Wolves In The Throne Room a beau être personnel et ses compositions vraiment matures et envoûtantes, les racines du mal ici renvoient systématiquement cependant aux formations cultes du black metal scandinave. Le reste de l’album devient ensuite plus transcendantal, avec toujours l’usage de claviers sur les intros et divers passages mais ils sont totalement intégrés et ne servent qu’à développer cette atmosphère ésotérique unique boostée par des breaks intelligents et efficaces (“Masters Of Rain And Storm”) et des screams rageurs. Enfin, l’outro “Eostre” conclut avec majesté Primordial Arcana, un septième péché capital à toute bonne discographie black metal contemporaine qui se respecte, même et surtout si vous êtes nostalgiques de la scène scandinave en déclin que Wolves In The Throne Room tente finalement ici de ressusciter merveilleusement avec respect et à sa manière. [Seigneur Fred]
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