BARISHI
Dans une épaisse fumée…

Le trio américain de Progressive Sludge sort un troisième album, Old Smoke, qui va faire date dans le registre tant il est massif et puissant. Le mur du son affiché par le groupe s’engouffre dans des sphères Doom et Death, et Barishi provoque avec talent une belle  déflagration sonore. [Entretien avec Graham Brooks (guitare, chant) par François Alaouret – Photo : Forest Taylor]

Même si vous évoluez dans un style très Progressif, on note également des passages Doom et Death dans le chant. A quel registre dirais-tu que Barishi appartient ?
Je dirai du Sludge Progressif, mais nous écoutons tous beaucoup de Doom et de Metal en général. Je suis un grand fan de Yob (NDLR : groupe de Doom Metal américain originaire de l’Oregon), et cela s’entend aussi dans notre musique.

En écoutant Old Smoke, on comprend tout de suite que vous étiez un groupe instrumental à la base. Les riffs sont issus d’un processus créatif incroyable et les solos de guitare sont également proches de Cynic notamment…
Après nos études, nous avons commencé en tant que groupe instrumental. Ça nous a pris quelques années pour trouver notre premier chanteur, et je pense que cela nous a peut-être aidés dans la recherche de riffs. J’ai passé un temps fou à écouter Cynic et Death, alors je suis ravi que cela s’entende dans les solos !

Pourquoi êtes-vous allés à Nashville, Tennessee, enregistrer ce nouvel album ? Vous aviez besoin de quitter votre Vermont, ou est-ce qu’il n’y avait pas de studio à la hauteur de vos attentes ?
En fait, j’avais entendu le disque d’un groupe génial appelé Yautja, que Mikey Allred avait produit. Je trouve qu’il sonne incroyablement. Le gars avec qui nous avons enregistré tous nos disques est également très talentueux et il parvient également à obtenir des sons énormes en studio. Mais nous avons senti que nous devions sortir de notre zone de confort et descendre à Nashville pour enregistrer avec Mikey. Et on voulait aussi un endroit pour être pleinement dans l’enregistrement.

Votre musique est riche et puissante, mais qu’en est-il des textes ? De quoi parlent les morceaux d’Old Smoke ?
Ce sont notre bassiste et notre batteur (NDLR : Jonathan Kelley et Dylan Blake respectivement) qui ont écrit toutes les paroles d’Old Smoke, donc je ne suis peut-être pas la meilleure personne pour t’en parler. Cela dit, il y a une chanson sur un homme des montagnes qui part en quête à travers le désert américain, une autre sur un vieux souverain qui fait face à sa propre mortalité et essaie de garantir son héritage en construisant une tombe dorée. Bref, nous essayons d’être le plus varié possible !

Sur l’album, les guitares surgissent de partout ! C’est pour cela que vous avez fait appel à Joe Nickerson pour les concerts ? Pour apporter plus de puissance ?
Absolument, l’album contient plus d’harmonie dans les guitares, et nous voulions vraiment épaissir le son sur scène. Et puis, Joe est un ami de longue date avec qui on adore jouer. Cela fait un moment que l’on pense à intégrer un second guitariste, et il est en tête de liste !

Sur plusieurs chansons de l’album, vous vous aventurez autant dans le Sludge que le Stoner. Vous ne vous interdisez rien ! De toute façon, techniquement, vous n’avez pas de frontière…
Nous avons toujours été ouverts à tous les styles. Au niveau Metal, nous sommes très éclectiques et cela va du Hard au Heavy en passant par le Doom, le Death et le Sludge. Jon (basse) est un grand fan de groupes comme Dragged Into Sunlight et Wolves in the Throne Room, et Dylan adore les premiers Opeth et Mastodon. Nous n’avons aucun problème à laisser tous ces sons dériver dans les nôtres. Et ce serait ennuyeux d’être contraint à un genre.

Avec des morceaux comme « The Silent Circle », « Blood Aurora » et bien sûr « Old Smoke », vous franchissez les 10 minutes. C’est plus facile pour installer un climat et une atmosphère particulière ?
Oui c’est clair, et cela nous oblige aussi à être plus vigilants sur les détails. Mais si une idée n’est pas bonne et dépasse les 10 minutes, sa structure peut s’effondrer sous son propre poids. Nous voulons donc vraiment écrire des morceaux qui emportent l’auditeur et cela nécessite forcément des éléments supplémentaires. C’est un équilibre, car c’est tellement facile d’avoir trop de trucs dans des chansons très longues… que pas assez !


BARISHI
Old Smoke
Sludge/Progressive Metal
Season Of Mist
★★★★☆

Barishi nous transporte de nouveau dans des sphères épaisses et massives du Sludge avec cet Old Smoke, qui va encore plus loin que les deux précédents albums. Si le groupe a conservé une ossature très progressive dans la structure, les morceaux sont également plus massifs (« Blood Aurora ») et toujours aussi percutants. L’étonnante production donne un relief incroyable à des compositions pointues et ravageuses. Si les bases Stoner sont évidentes, Barishi s’en est un peu affranchi pour s’engouffrer dans un Sludge très Doomesque (« The Silent Circle », « Entombed in Gold Forever »). Le trio yankee du Vermont sait aussi se faire plus percutant sur des titres racés (« Curcus Ablaze »), où le mur de guitares impressionne autant qu’il assomme et met le feu ! C’est bien connu : il n’y a pas de fumée sans feu… [François Alaouret]

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