Bloodbound a déjà derrière lui un long parcours semé de hauts et de bas, la horde suédoise ayant débuté en 2005 sous l’égide de Fredrik Bergh (claviers) et Tomas Olsson (guitares). Elle Délivre un power metal mélodique de grande classe dans l’esprit d’un Sabaton ou Powerwolf, mais dans une veine d’inspiration nordique. Deux ans après Creatures Of The Dark Realm, les voilà de retour avec Tales From The North qui nous entraine de nouveau au cœur du monde épique des vikings. [Entretien avec Patrik J. Selleby (chant) par Pascal Beaumont – Photos : DR]
Est-ce que tu apprécies de chanter sur des scènes immenses comme celle du Sweden Rock où vous avez joué le 9 juin dernier ?
Oui, bien sûr mais j’aime aussi donner des concerts dans les clubs. C’est très différent, très chaud, le public est près de toi et très impliqué. On adore ces moments. En festival, il y a un énorme public et du dois donner le meilleur de toi-même pour conquérir de nouveaux fans. Nous avons pris beaucoup de plaisir au Sweden Rock. Il y avait beaucoup de monde présent, ils nous ont vraiment soutenus. Nous n’avons pas pu jouer énormément en Suède. Ça a été un grand moment de recevoir toute cette ferveur de nos fans, c’était superbe.
Vous avez effectué votre première tournée depuis la pandémie du 28 février au 11 mars 2023. Je suppose que ça été en quelque sorte une délivrance de remonter sur scène ?
Cela a été fantastique, on attendait depuis longtemps de repartir sur les routes. Cette tournée a été annulée pendant deux ans et demi. On a sorti Creatures Of The Dark Realm au début de la pandémie. On pensait que cela allait durer quelque mois et que nous allions rejouer rapidement. Finalement cela duré presque trois ans. On était vraiment excité de rejouer live et la tournée a été un succès. On a passé de très bons moments.
Vous revenez deux ans après Creatures Of The Dark Realm avec Tales From The North. Vous êtes un peu les Lucky Luke du power metal, non? (rires)
On écrit en permanence pratiquement tous les jours. Depuis les débuts du groupe on a sorti un opus tous les deux ans. Il y a trois compositeurs dans la formation et on écrit sans arrêt. Si j’ai une idée je l’enregistre immédiatement, il en est de même pour Fredrik Bergh notre clavier et Tomas Olsson le guitariste. Donc lorsque l’on commence à envisager un nouvel album on a déjà des nouveaux morceaux et on commence à travailler dessus. On s’envoie nos idées, le processus d’écriture à lieu en permanence, on ne s’arrête jamais.
Vous abordez la mythologie des Vikings à travers cet opus, cela a du vous demandé un énorme investissement en termes de travail ?
Ce n’est pas vraiment un concept album. Je dirais que c’est plus un thème que nous développons à travers tous les morceaux et qui s’intéresse à la vie des Vikings. Mais chaque chanson est indépendante, ce n’est pas une histoire que nous développons du début à la fin.
Vous travaillez énormément votre visuel sur scène et dans vos clips c’est important à vos yeux ?
Je pense qu’il faut avoir tout le package nécessaire pas seulement la musique. Aujourd’hui il faut essayer de se distinguer des autres et si tu arrives à avoir un visuel qui colle parfaitement à ta musique c’est bien. Pour nous les pochettes d’albums sont très importantes, on a grandi avec ça à l’époque des vinyles comme celle d’Iron Maiden. On voulait développer quelque chose allant dans ce sens avec nos tenus, nos maquillages, on voulait que tout colle parfaitement et que ce soit comme une forme de concept.
Comment détermines-tu l’ordre des morceaux ?
Normalement on débute avec un morceau rapide. « Tales From The North » est un titre qui débute avec une longue intro pour présenter le thème de l’album. Ensuite on a essayé de conserver la dynamique Pour faire un bon mix entre les titres rapides et plus lents pour conserver l’attention de l’auditeur. On a beaucoup échangé et réfléchit à propos de la chronologie des chansons. « 1066 » est parfaite pour clore cet album car elle est liée à l’histoire des vikings et la fin de leur apogée.
Dans votre single « Drink with the Gods », tu nous invites à boire à la table des dieux. Quelle est cette boisson miraculeuse ?
C’est du lait ! (rires) On a joué ce titre sur notre tournée et sur scène on a mis en place un petit gimmick, on se tient sur le devant de la scène avec une bière à la main et on annonce au public c’est le moment de boire avec les dieux. Lorsque j’ai vu qu’il y avait des enfants dans le public, j’ai dit que l’on pouvait aussi boire autre chose ! (rires)
Cela a dû vous faire chaud au cœur de voir des enfants au concert ?
Oui, c’est très spécial surtout lorsqu’ils apprécient notre musique. C’est la nouvelle génération de fans. S’ils aiment ce que l’on fait et continuent à nous apprécier par la suite ce sont eux qui viendront nous voir en concert dans dix ans. C’est très beau de voir cette nouvelle génération qui nous encourage.
Comment as-tu abordé l’enregistrement de tes parties vocales cette fois ci ?
J’ai tout fait par moi-même au niveau du chant, j’ai doublé les voix sur certains morceaux. J’ai parfois enregistré une centaine de fois mes parties vocales pour obtenir les chœurs et ce feeling de puissance. On a beaucoup travaillé personnellement ça m’a pris deux semaines, Thomas aussi. On a travaillé chacun de notre coté à la maison et ensuite on s’est échangé les fichiers.
Au niveau de ton investissement en studio as-tu du faire face à un défi personnel sur certains morceaux ?
« Drink with the Gods » est une chanson très différente ; Il y a une tonalité assez basse, je suis habitué à chanter plus dans les aigus. Celle-ci a été un véritable challenge. C’est celle qui m’a demandé le plus d’investissement au niveau vocal pour arriver à la faire sonner correctement un peu comme si une centaine de Vikings étaient en train de chanter.
Le single de la chanson-titre, « Tales From The North » vient tout juste de sortir en vidéo. Elle est bien dans cet esprit viking !
Oui on a enregistré toutes les vidéos en Suède à Bollnäs au même moment pour deux titres celui-là et « Drink with the Gods ». Ce sont deux réalisateurs Allemands qui les ont réalisés on a travaillé tranquillement sur deux jours, cela a été assez facile pour nous. Pour « Drink with the Gods » on a joué des rôles d’acteurs, on a beaucoup couru dans la foret. Rires. Concernant « Tales From The North » c’est plus une captation de la formation en train de jouer en foret, il y a Mikael Planefeldt le bassiste de Northtale qui apparait à nos côtés dans ce clip, ils ont ouvert pour nous lors de notre dernière tournée, on voulait un Heimdall (Ndlr : Heimdall en vieux norrois est un dieu ase de la mythologie nordique), il nous a dit qu’il pouvait le faire. On en a parlé ensemble et il l’a fait. Il est parfait dans ce rôle.
Te souviens-tu du premier morceau dont tu as écrit les paroles pour cet album ?
Oui, c’était « Between The Enemy Lines », je l’avais commencé pour la session d’écriture de Creatures Of The Dark Realm , je l’ai terminé, j’ai aussi écrit la musique.
Penses-tu que cela peut influencer le reste de l’écriture d’un opus ?
Pas vraiment. Lorsque j’écris une chanson, je peux trouver un riff cool ou une mélodie vocale mais ce n’est jamais calculé. Ensuite je vois si ça peut coller avec Bloodbound ou si je le mets de coté pour autre chose. Je ne me dis pas je vais composer un morceau comme ça ou dans ce style-là. J’écris simplement et je vois après ce que l’on peut en faire.
Vous avez sorti pas moins de cinq singles « Odin’s Prayers », « The Raven’s Cry », « 1066 », « Drink with the Gods », et « Tales From The North ». C’était important pour vous de mettre en avant ces quatre morceaux ?
C’est toujours très difficile de choisir et cette fois çi plus encore car le label nous a indiqué qu’il avait l’intention de sortir cinq ou six singles. On s’est demandé quels morceaux choisir. On a tout de suite pensé que « Drink with the Gods » et « Tales From The North » allaient fonctionner comme single, c’est pour cela que l’on a tourné des vidéos pour ces deux chansons. Le reste a été choisi ppar notre label, on a bien sur échangé avec eux. Ils nous ont donné des titres qui selon eux pouvaient fonctionner et on a accepté. Mais on était persuadé du potentiel de « Drink with the Gods » et « Tales From The North » qui sont très différentes du style Bloodbound. On voulait nous présenter sous une autre facette par « Drink with the Gods ». « Tales From The North » est un titre de power metal rapide.
Justement Bloodbound existe depuis dix-neuf ans vous avez débuté en 2004, comment décrirais-tu votre évolution musicale ?
Personnellement je suis arrivé il y a douze ans, le combo existait depuis plus de cinq ans. On a toujours été une formation de power metal et on a toujours tenté d’évoluer pour ne pas se répéter. Au départ c’était du power metal pur et dur, guitare, basse chant. Puis nous avons changé, on a ajouté de nombreux arrangements symphoniques, des orchestrations pour rendre les titres plus intéressants. On a évolué à ce niveau et on est devenu meilleur après chaque album mais on a gardé nos racines, au niveau des fondations ça reste du power metal. On essaye de composer les meilleurs morceaux possibles.
A vos tout débuts et jusqu’à ton arrivée il y a eu une instabilité importante notamment au niveau des chanteurs qui se sont succédés. Penses-tu que Bloodbound aurait pu se développer bien plus rapidement sans ces incessants changements de line-up ?
Oui, bien sûr car il faut avoir un line-up stable pour évoluer ensemble. Les autres m’ont toujours dit que lorsqu’ils m’ont recruté avec Anders Broman, le bassiste, que c’est à ce moment là que Bloodbound a vraiment démarré et est devenu un vrai groupe. Maintenant on est six amis qui jouons ensemble, parte en tournée et s’amuse beaucoup. On est tous sur la même longueur d’onde, on apprécie les mêmes choses, la même musique, on est comme une famille. On peut aussi le voir lorsque l’on est sur scène, on prend beaucoup de plaisirs et on y met tout notre cœur. On se donne à fond parce qu’on adore ce style de musique.
Quels sont les artistes qui t’ont donné envie de chanter ?
J’ai découvert le heavy metal très tôt, il y a eu tout d’abord Iron Maiden puis Helloween, j’avais sept ans.Ce sont mes deux groupes favoris. Puis j’ai découvert Hammerfall, j’avais quatorze/quinze ans, ils ont remis au goût du jour le power metal et j’ai adoré ça. Ensuite il y a eu Avantasia et Edguy. Un des premier titre que j’ai écouté ‘est « I Want Out » d’Helloween sur mtv. Je l’ai enregistré et je l’écoutais sans cesse, mes parents n’en pouvais plus. Ils m’ont acheté une cassette avec des morceaux des citrouilles (= Helloween) avec un casque et je l’écoutais sans arrêt. Ce sont mes plus anciens souvenirs. Mon frère écoutait Iron Maiden et d’autres combos de heavy metal, j’ai été mis dans le bain grâce à lui. C’étaient des vinyles à l’époque ! (rires)
A quel moment as-tu décidé de devenir chanteur ?
Je faisais partie d’une formation dans la ville où je vivais, je jouais de la guitare, on faisait des reprises d’Iron Maiden, on n’avait pasteur, on les jouait en version instrumental. Un jour lors d’une répétition il y avait un micro, j’ai commencé à chanter et les autres ont trouvé que ça ne sonnait pas trop mal et m’ont demandé de continuer. Par la suite j’ai développé ma voix bien plus que la guitare. J’ai chanté dans ce combo Dawn of Silencepar la suite, on a sorti deux albums Moment of Weakness en 2006 et Wicked Saint or Righteous Sinner en 2010 (Ndlr : Patrik J Selleby joue aussi au sein de Shadowquest). J’ai organisé un concert de Bloodbound dans ma ville. On a fait la fête après le show. Je leur ai fait écouter Dawn of Silence et ils ont trouvé que je chantais vraiment bien. On est resté en contact et un jour ils se sont mis à la recherche d’un nouveau chanteur, ils m’ont appelé et je suis dit là je suis chanteur maintenant, c’est à partir de cet instant que je suis véritablement senti comme chanteur et non comme guitariste.
Vous avez des orchestrations très développer au niveau symphonique penses tu qu’un jour vous pourriez passer le pas et enregistrer avec un véritable orchestre symphonique ?
Ce serait probablement incroyable de pouvoir faire cela comme Avantasia. On en a parlé mais on n’a pas vraiment l’esprit à cela actuellement. Mais évidemment cela serait très bien. Cela demande beaucoup de préparation, il faut une grande scène, le cout est extrêmement élevé pour l’organisation d’un tel show. Nous vivons tous éloigné les uns des autres donc on ne répète pas énormément, on est séparé chacun de 400 km. En ce moment nous sommes juste très heureux d’être ensemble et de pouvoir donner des concerts avant de penser à d’autres projets plus importants. Mais si l’opportunité présente un jour nous le ferons bien sûr. Mais à ce jour ce n’est pas prévu.
Y a-t-il eu des moments marquants lors de ces douze années ?
Il y en a tant. Un moment qui a été très fort pour moi, c’est lors de mon arrivée au sein de Bloodbound, lors de mon deuxième concert. On a donné un grand show en république Tchèque lors d’un festival. On jouait juste après Gamma Ray, ils ont conclu leur par « I Want Out », « Ride the Sky » et d’autres titres de Helloween. On se préparait derrière la scène, on regardait et on se disait oh mon dieu ils sont si bons. Après notre show Kai Hansen est venu me voir et m’a félicité. J’étais tout nouveau, je venais d’arriver, je chantais sur une grande scène, c’était incroyable.
Une rencontre que tu n’oublieras pas ?
Je n’ai jamais rencontré les musiciens d’Iron Maiden, j’ai eu la chance de jouer deux heures avant eux au Sweden rock festival. J’ai pu rencontrer Tobias Sammet plusieurs fois lorsque on a ouvert pour eux l’année dernière en Suède Je l’avais rencontré plusieurs fois avant, Kai Hansen la plupart du temps lors de festival.
Que représente Tales From The North à tes yeux ?
Je crois que parmi tous les albums que nous avons faits auparavant, on a toujours essayé d’écrire les meilleures chansons possible et je crois que l’on a fait quelque chose de très bien avec Tales From The North. Dans un certain sens c’est un peu un retour aux sources, il est plus power metal, on a aussi essayé d’évoluer au niveau du son. Comparé à Creatures Of The Dark Realm il est plus axé sur la guitare, la basse. Mais nos orchestrations sont toujours présentes, c’est un retour aux sources tout en évoluant ; C’est du power metal très puissant.
La culture viking est au centre de ce disque. Y a-t-il un membre du groupe qui se sent proche de ces guerriers ?
Anders, notre bassiste, est le plus passionné et investi, il ressemble un peu à un viking. C’est une bête sur scène et il aime boire beaucoup de bières ! (rires)
La France constitue-t’elle l’un de vos objectifs en matière de tournée ?
On aimerait bien jouer au Hellfest. Sur la dernière tournée on a donné qu’un seul concert en France à Colmar (Ndlr : le 3 mars 2023 au Grillen), c’est d’ailleurs une très belle petite ville. On a a aussi tourné au côté de Sabaton et on a eu l’opportunité de donner quatre ou cinq concerts en France en 2016. On a aussi joué plusieurs fois à Paris. On espère revenir jouer dans votre pays lors de la prochaine tournée.
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