BRUJERIA : Esto es Brujeria

Esto es Brujeria - BRUJERIA
BRUJERIA
Esto es Brujeria
Death/grindcore
Nuclear Blast

Après un discours en introduction visant à faire interdire des groupes subversifs véhiculant des messages sur la drogue, Brujeria nous bombarde de sa musique explosive pendant seize nouveaux morceaux, dont l’étonnante reprise de « Cocaine » de Clapton. Bon, il faut dire que la horde mexicaine nous avait déjà fait le coup en 1997 avec l’EP Marijuana (Koolarrow Rec.) et sa chanson-titre de Los Del Rio, toujours amusante à entendre en clôture de leurs concerts. Si les gringos Billy Gould (Faith No More) et Jeff Walker (Carcass) ainsi que Dino Cazares (Asesino, FF), et Tony Campos (Static-X, FF, Soulfy…) ont lâché l’affaire il y a déjà longtemps, le son gras de la basse de Shane Embury (Napalm Death, Venomous Concept…) est toujours là. Les attaques death/grind des guitares d’Anton Reisenegger alias « El Criminal » (Criminal, Lock Up…) et de Fantasma ainsi que la rythmique de la batterie (a priori toujours assurée par l’anglais Nicholas Barker (ex-Dimmu Borgir, ex-Lock Up…)) soutiennent merveilleusement la force et la violence des propos toujours exclusivement exprimés ici en espagnol par Juan Brujo, Pinche Peach et El Sangrón. Comme nous l’a confié rapidement d’ailleurs son principal chanteur Juan Brujo au début d’une interview malheureusement interrompue cet été, le combo international a sorti ce cinquième brûlot car le temps était venu d’évoquer divers problèmes de société tels que le sens de la vie au Mexique, le Covid-19, les limites sur internet, la drogue, ou encore le leadership russe. De ce côté, il y a matière et c’est un puits sans fond (souvenez-vous du précédent méfait Pocho Aztlán en 2016 dénonçant les pauvres migrants mexicains vivant dans la misère une fois aux États-Unis). L’élément conducteur et fédérateur de cet album, comme dans beaucoup d’autres enregistrements de Brujeria, sont les paroles incendiaires soutenues par un chant très agressif. On notera la présence vocale plus importante cette fois de l’actrice Jessica Pimentel (« Maria Ruiz » dans Orange Is The New Black), dite « La Encabronada » ici, notamment sur le premier single et très efficace « Bruja encabronada » qui envoie du steak.

Son apparition n’est donc plus seulement accessoire. La musique s’avère plus travaillée et variée globalement, notamment dans les riffs qui autrefois laissaient trop transpirer la marque d’Asesino, c’est-à-dire Dino Cazares, à la limite du Fear Factory, dénaturant presque autrefois les spécialités du death/grindcore hispanique de Brujeria. Celui-ci s’adapte très bien, voire mieux, à l’entité du groupe, et sied à merveille aux tristes actualités et nombreux évènements mondiaux d’aujourd’hui dénoncés ici. Même les personnes ne comprenant pas ou peu l’espagnol ressentiront la force des messages de la horde visiblement en grande forme. Le ton est donc clairement donné puisque le nom de l’album, Esto es Brujeria, signifie littéralement : « voici Brujeria », comme si le collectif voulait remettre les points sur les « i ». Force est de constater que le message est clair qu’il n’est nul besoin d’ajouter un dessin car les machettes sont aiguisées à souhait ! [Sante Broccolo & Señor Fred]

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