On est allés passer la journée avec Dagoba, à l’occasion de leur concert à Clermont-Ferrand. On en a également profité pour croiser Betraying the Martyrs et Parkway Drive, et on vous raconte tout ça.
[Report + photos par Philippe Jawor]
Il fait gris quand on arrive à Clermont-Ferrand ce mercredi 10 juin, en milieu d’après-midi. Très gris. D’ailleurs, il se remet à pleuvoir, alors qu’on pensait avoir semé de sacrées averses sur la route. Il faudra faire avec. Manifestement, cette météo peu clémente n’influe pas sur les membres de Dagoba, tranquillement postés en short à l’entrée des artistes de la Coopérative de Mai.
À l’intérieur de la salle, guitares et batterie se font déjà entendre : Parkway Drive, tête d’affiche de ce plateau à trois groupes (avec Betraying the Martyrs en ouverture) fait ses balances. C’est le signe, pour Dagoba, qu’il est temps de sortir le matériel ; leurs balances arrivent bientôt. N’ayant d’autre choix que de braver la pluie, tout le crew met la main à la pâte pour décharger un van jaune forcément immatriculé « 13 ».
Tandis que les Australiens finissent leur tour de chauffe, les Français s’installent en coulisses, avec forcément un lot d’imprévus, comme quand Franky Costanza ne retrouve pas les cymbales de son charleston. Heureusement, la frayeur ne sera que de courte durée, et les cymbales rapidement retrouvées dans un coin des coulisses, forcément sombres, et rendues plutôt exigües par l’imposant décor de Parkway Drive.
Cependant, si le decorum de Dagoba est seulement composé de deux panneaux latéraux encore ornés du visuel de Post Mortem Nihil Est et des pieds de micro type « chaîne » habituels, rien n’est laissé au hasard, que ce soit la position desdits panneaux ou de chaque lumière ; du travail de pro.
Une fois tous ces détails calés, le groupe laisse sa place à Betraying the Martyrs, qui suivra sensiblement la même démarche. S’ouvre une période un peu creuse pour Dagoba : le groupe rejoint sa loge, et chacun vaque à ses occupations, qui regardant les nouveaux designs de t-shirts créés par Shawter, qui tenant dans les mains, parfois pour la première fois, Tales of the Black Dawn, le nouvel album du groupe et son packaging léché.
On profite de ce moment pour aller à la rencontre de Winston McCall, le leader de Parkway Drive. Problème : le chanteur est introuvable ! Le tour manager du groupe fait le tour de la Coopé à la recherche de son protégé, sans succès. Le téléphone du frontman ne répond pas non plus, et les autres membres du groupe ne semblent pas savoir où se trouve leur collègue ; on prend notre mal en patience…
Finalement, le (grand) gaillard arrive, tout sourire : « désolé mec, on est allés se balader, et on a été surpris par la pluie ! », encore elle. On essaie de gratter quelques infos sur Ire, le nouvel album du combo, mais on dirait bien que les gars de Byron Bay ont décidé d’entourer leur nouvel opus de beaucoup de mystères…
Coup de chance, le clip du premier extrait de l’album est sorti la veille, on peut au moins parler de ça : « en fait, il n’y a pas un morceau sur l’album qui puisse représenter à lui seul l’album dans son intégralité, mais c’est le morceau qui nous paraissait le plus à même de présenter ce nouvel opus », explique Winston McCall. « Ça reste du Parkway Drive, mais on a fait évoluer notre son. Certains seront un peu décontenancés – on a vu les premières réactions sur le clip – d’autres adhéreront complètement ; on espère aussi amener un nouveau public à Parkway Drive ». Nous n’en saurons pas beaucoup plus, même si Winston l’assure : « c’est notre meilleur album à ce jour » – on attendra le numéro de septembre pour en juger.
L’homme se montre un peu plus disert quand on aborde sa nouvelle passion depuis le tournage du clip de « Vice Grip » : le saut en parachute. « J’ai le vertige, mais quand le réalisateur Frankie Nasso nous a soumis cette idée, je pouvais difficilement refuser : écrire une chanson sur le dépassement de ses peurs c’est bien, mais il fallait passer à l’action ! ». Pour les besoins du clip, le groupe a alors suivi un entraînement intensif d’une dizaine de sauts avec instructeur et autant sans, pour finalement sauter dix fois à nouveau pour tourner les images du clip. Depuis, le groupe est devenu addict, et saute dans le vide dès qu’il en a l’occasion.
On prend congé de l’ami Winston quand il refuse à nouveau de nous en dire plus sur ce nouvel album – en sachant pertinemment que nous y reviendrons dans quelques semaines. L’heure du show arrive à grands pas, le public commence à se positionner devant les portes de la Coopérative de Mai, et tout le monde est plus ou moins parti dîner. Seul Yves, dit Z, arrivé au sein de Dagoba pour Post Mortem, reste en loge pour s’échauffer : les écouteurs branchés sur le téléphone, il rejoue les morceaux une dernière fois. Dans une loge voisine, un chanteur fait des vocalises, et Shawter de rire « jamais vous n’aurais à subir ça de ma part ! »
20h30. Betraying the Martyrs envahit la scène d’une Coopérative de Mai plutôt remplie – mais pas pleine. Aaron Matts, le frontman du groupe, une longue tige montée sur ressorts, saute dans tous les sens et prend les spectateurs à partie avec véhémence. L’audience, justement, réagit plutôt bien : les circle pits vont bon train, les slams tout autant, et la version musclée de « Let it go » – reprise d’un film Disney qui aura fait sortir le groupe de l’ombre grâce à plus de 3 millions de vues sur Internet – est chantée à gorge déployée par les nombreux adolescents qui composent une bonne partie du public. À sa sortie de scène, le groupe semble satisfait de sa prestation, et il a de quoi : il a été l’étincelle qui a suffi à enflammer la salle.
Alors que Betraying the Martyrs finissait son set, on croisait déjà Franky dans les coulisses, en train de s’échauffer sur un pad d’entraînement. Vous l’aurez compris, c’est au tour de Dagoba d’investir la scène de la Coopé ; il est 21h20. Manifestement, les Marseillais sont attendus par les Clermontois, et si BTM a été une étincelle, Dagoba sera de l’alcool à brûler.
Le groupe ne fait pas dans la demie-mesure, le batteur débutant les hostilités avec de retentissants « Clermont ! » avant que Shawter n’invective à son tour le joyeuse foule qui sautille devant lui. Le chanteur l’expliquait avant le show : « que l’on soit tête d’affiche ou pas, c’est la même chose, on va tout donner pour aller chercher le public ; être challengers, c’est une situation qui nous va bien, qui nous oblige à tout le temps aller de l’avant ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne ménage ses efforts, le bougre !
Les 40 minutes de show passent à toute vitesse, obligeant le groupe à amputer son set d’un morceau ou deux ; c’est aussi ça, le statut de challenger.
Arrive Parkway Drive. Le decorum dont on parlait déjà en début de report, jusqu’alors dissimulé, prend toute sa forme : drapeaux, pneus, enjoliveurs, bidons, les Australiens semblent avoir voulu jouer sur le côté Mad Max relatif à leur contrée à grands renforts d’accessoires. Statut de tête d’affiche chevillé au corps, le groupe déroule devant un public conquis d’avance. Le show est rôdé, débutant par l’habituel « Wild Eyes » et son intro directement reprise par l’assistance, avant d’enchaîner sur les classiques du groupe, sans beaucoup de surprise. Cette fois, pas de culte du secret : s’il n’y a pas d’extrait d’Ire dans le set, c’est tout simplement parce que le groupe n’a pas encore commencé à bosser ces nouveaux morceaux. « On le fera après l’été, pour la sortie de l’album ». Ce concert n’était qu’une mise en bouche – qui aura néanmoins fait deux blessés, heureusement légers.
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