Rien de mieux qu’un premier album pour célébrer dix ans de carrière de Mòr. Signé fraîchement chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, Hear The Hour Nearing ! concrétise de longues années de travail acharné de ces terribles Normands. « The Vanishing of Matter » nous montre d’entrée de jeu que nous avons affaire à un album épileptique. Des élans inspirés nous transportent (sur la fin de « Eden »). « Third Path » en apparence calme sur le papier, demeure un morceau instrumental chargé. Magnifique, cet interlude musical délaisse les distorsions pour donner la place à une atmosphère plus mélodieuse et harmonieuse. Plus nous progressons dans l’album et plus nous ressentons un violent malaise. Dans cette ambiance malsaine, « The Apprentice » se trouve être, à notre goût, le meilleur morceau.
Au milieu de « Letter of loss », un accalmie fait son apparition. Nous sommes comme suspendus dans le vide en attendant impatiemment la chute tout en voulant paradoxalement que cet instant accordé dure éternellement. Cette chute annonce un break magistral avant que les cris stridents ne reprennent de plus bel. Avec « Sulfur », les flammes de l’enfer résonnent à nos oreilles. Elles franchissent toutes les portes jusqu’à pénétrer l’intime. Hear The Hour Nearing ! nous rappelle constamment que nos heures sont comptées, et ravive de manière sulfureuse la fugacité de l’existence humaine. Les guitares très distordues (« Sulfur »), dissonantes, donnant un effet brouillon qui ne l’est en fin de compte pas. C’est là toute la maîtrise et la force de Mòr. Le groupe rouennais en fait parfaitement usage pour le mettre à profit d’une ambiance sombre. Brillant de cohérence, ce premier enregistrement longue durée que constitue Hear The Hour Nearing! n’est pourtant pas là pour plaire à tous, et c’est une bonne chose. Fort d’une identité qui vient à manquer parfois sur la scène extrême, nos Français de Mòr se distinguent déjà leurs camarades scandinaves ou américains, donnant un peu plus de voix et de poids à la scène black metal hexagonale qui n’a jamais été aussi prolifique alors que le genre black metal n’est plus aussi populaire que dans les années 90. [Louise Guillon]
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