Plus déterminées que jamais, les cinq sorcières du heavy metal reviennent aujourd’hui avec leur cinquième album, The Dark Tower. Si notre dernier entretien avec nos drôles dames remontait à 2020 pour l’album Dance With The Devil, nous avions fait quelque peu l’impasse sur Witch Of The North l’année suivante sorti durant la pandémie et qui sentait un peu la fin de contrat chez Nuclear Blast. Mais avec une telle qualité musicale, il aurait été fâcheux de les museler, et de ne pas laisser leur puissance exploser à présent… [Entretien avec Lala Frischknecht (batterie) par Aurélie Cordonnier – Photos : Martin Rahn]
Le cinquième album de Burning Witches est sur le point de sortir, dans moins d’un mois précisément. (Ndlr : entretien réalisé en avril 2023) Qu’est-ce que ça vous fait ?
Très enthousiaste ! Ce sera un grand album, nous pouvons dire que nous en sommes fières. L’enregistrement a commencé la première semaine de novembre 2022, mais avant cela, grâce à la tournée américaine de l’an dernier, nous avions déjà quelques morceaux de prêts, dont « The Dark Tower », « Doomed To Die » et « World On Fire ». Si tu compares avec The Witch of The North que nous avons réalisé pendant la pandémie, quand les gens ne pouvaient pas sortir et que nous étions en quarantaine, nous avions alors tout notre temps. En fait, nous étions un peu inquiètes, mais après l’enregistrement, nous avons été vraiment surprises et tout le monde était content. Nous sommes donc fières de ce nouvel album musicalement et l’écriture est bien meilleure.
De ce que j’ai pu écouter, The Dark Tower est très énergique. Où trouvez-vous toute cette énergie et cette puissance pour avoir un tel son ?
Beaucoup de gens me posent cette question. Par exemple, nous étions en Amérique l’année dernière, et un homme m’a demandé : » Hé meuf, d’où te vient cette énergie ? « . Il faut être énergique, c’est pourquoi il m’arrive de casser des baguettes pendant les concerts. (rires) Il faut ressentir la chanson pendant le concert, pendant les répétitions, à chaque fois que l’on joue. Lorsque vous ressentez la chanson, lorsque vous l’appréciez, elle prend vie et alors l’adrénaline monte en toi.
C’est évident que d’album en album, le son du groupe est devenu meilleur. Comment évalues-tu personnellement la qualité de la musique de Burning Witches et quelles sont les principales différences que tu as pu remarquer entre les précédents albums et celui-ci ?
Chaque fois que Burning Witches sort un album, c’est quelque chose de spécial. Nous ne sonnons pas comme le premier ou le deuxième album. Par exemple, nous avons fait l’album The Wich Of The North et il est un peu spécial parce que Romana, notre compositrice principale, a dit que c’était quelque chose de très sombre et plein de mélodies. Et puis voici à présent l’album numéro cinq, The Dark Tower. Je me souviens encore qu’elle m’a dit qu’elle voulait que cet album soit dans la veine du heavy metal super classique. Voilà pour les racines. Burning Witches est connue pour son heavy metal classique avec une touche de modernité. Si tu écoutes « Evil Witch », c’est un peu groovy et à la fois agressif, avec des chœurs accrocheurs et des guitares mélodiques. L’album devait être vraiment bon et satisfaire les oreilles des auditeurs, et bien sûr les nôtres. (sourires)
The Dark Tower parle de la tristement célèbre comtesse hongroise Elisabeth Bathory (1560-1614)… Pourquoi avoir choisi de raconter son histoire ?
En général, Burning Witches s’intéresse aux thèmes historiques. Et Elisabeth Bathory a marqué notre histoire. Nous avons donc pensé à l’inclure dans l’album, ainsi qu’une partie de son histoire, parce qu’on ne peut pas faire mieux. On ne peut pas écrire des paroles sur les fleurs et les arcs-en-ciel, l’inspiration vient ici de la religion et de tout ça. Si vous jouez du death metal, il s’agit alors de brutalité et d’agression. C’est la façon traditionnelle de faire. Et vraiment, la brutalité dont elle a fait preuve est incroyable. C’est vraiment intéressant pour nous même si nous on joue du heavy et non du death metal… (sourires)
Y’a-t-il d’autres figures féminines historiques dont vous aimeriez parler dans vos chansons et qui vous auraient inspirées ?
Pas encore. Nous nous concentrons encore sur l’album et nous nous entraînons pour le jouer en concert. Pour l’instant, nous n’y pensons pas, nous apprécions juste ce super album, nous le réécoutons. Je pensais que The Dark Tower avait besoin de plus de choses, mais c’est finalement très bien comme ça, en particulier les clips vidéo. Nous avons mis l’accent sur ce qui s’est passé d’un point de vue historique à propos d’Elisabeth Bathory. Je pense que c’est une très bonne vidéo. Et la raison pour laquelle nous l’avons appelée « The Dark Tower », c’est parce qu’Elisabeth a été enfermée dans la tour, c’est pourquoi le refrain dit : » enfermez-la dans la tour « . Elle a fini par y rester, comme vous pouvez le voir dans la vidéo : à la fin, elle est à l’intérieur des briques, comme emmurée vivante. Sa condition noble lui évita un procès et l’exécution mais en 1610, elle fut emprisonnée dans le château de Čachtice. C’est la punition qui lui fut infligée..
Penses-tu qu’il est plus simple d’avoir une meilleure cohésion dans le groupe quand il n’y a que des femmes comme Burning Witches ?
Oui, je pense que c’est le cas. Nous apprécions la compagnie de chacune, nous avons les mêmes plaisanteries. Nous nous comprenons, surtout quand nous sommes de mauvaise humeur après une semaine, tu vois ce que je veux dire (rires). Et puis, nous en rions parce que nous nous comprenons, on est toutes des femmes. Et ce qui est bien, c’est que dans un groupe exclusivement féminin, il n’y a pas que la musique qui compte. Nous sommes vraiment amies, nous sommes une famille, nous travaillons en équipe. Cela ne s’arrête pas à la musique. Nous faisons du shopping, nous allons au spa, à la piscine, etc. On se voit tous les deux jours.
De ce que je sais, un groupe de metal composé uniquement de femmes c’est toujours intriguant pour le public. Mais après presque dix ans de carrière, penses-tu que c’est toujours le cas pour Burning Witches ? Ou le regard du public, aussi bien masculin que féminin, a changé selon toi ?
Je pense que nous influençons les autres femmes. Tout le monde peut y arriver, c’est une question de musique, ce n’est pas une question de sexe. Si vous avez du talent, faites-le ! Rejoignez un groupe, peu importe s’il n’y a que des femmes, faites-le. Parce que le temps presse, vous vous réveillez le lendemain et vous êtes déjà vieilles et vous n’avez pas montré votre talent. La musique est également bénéfique pour l’esprit, c’est la meilleure thérapie qui soit.
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