Clutch, c’est le genre de groupe qui prouve que tout est possible. En trente ans d’activité, le line up n’a pas changé, la qualité n’a pas baissé et même lorsque que ses membres font un side projet (The Bakerton Group), et bien c’est tous les quatre ensemble. Alors oui, Sunrise on Slaughter Beach est un bon album, mais il amorce aussi un nouveau cycle avec moins de lourdeur et plus d‘expérimentation, incluant des instruments et arrangements inédits chez nos Yankees, à jamais maîtres de leur destin… [Entretien avec Neil Fallon, chant/guitare, par Julien Meurot – Photo : DR]
Vous avez commencé à jouer des titres de Sunrise on Slaughter Beach sur la tournée d’été. La différence est que l’album était déjà en boîte et que vous ne pouviez plus rien changer, ce qui est assez inhabituel pour vous, non ?
Effectivement, l’expérience a été différente car habituellement nous aimons tester nos titres en live avant d’entrer en studio car cela nous permet de mieux jouer les titres le moment venu. On ne fait pas de changements en se basant sur la réaction du public car la plupart du temps, quand tu entends un titre pour la première fois, tu ne sais pas quoi en penser, surtout en live. Les gens ne connaissent pas les paroles, le refrain, la progression, etc. Je me souviendrais toujours de la première fois où nous avons joué « Spacegrass » il y a plus de vingt ans, les gens ont détesté ce titre. Honnêtement cela aurait été une énorme erreur de ne pas l’enregistré car c’est devenu un classique. Bon, après c’était un public de hardcore. (sourires)
On le sait, vous pouvez jouer avec tout le monde dans n’importe quel festival, tout le monde aime Clutch. Ceci explique peut-être cela…
C’est cool de dire cela. Je pense sincèrement que les différentes audiences nous aiment pour différentes raisons. Quand nous sommes dans un festival metal « pur et dur », nous offrons une respiration bienvenue. Nous n’avons pas peur d’enchainer une chanson bluesy et une chanson franchement metal. Au final, cette approche nous permet de coller à n’importe quel scénario.
On peut le voir sur cet album, vous avez poussé le curseur de la diversité encore plus loin en incluant de nouveaux arrangements, de nouveaux instruments, etc.
Avec la configuration « covid-19 », nous avons dû aborder l’enregistrement de cet album différement, et le studio est devenu un instrument à part entière. Nous avons toujours eu envie d’avoir ce genre de chœurs, mais à chaque fois la question de la tournée revenait car nous aurions dû partir avec deux personnes de plus. Mais cette fois, comme nous ne savions pas comment les choses allaient évoluer, nous avons décidé de nous lancer. Et c’est ainsi que l’on retrouve également du thérémine, et du vibraphone sur l’album.
Cela veut-il dire que le titre « Mercy Brown » (qui est mon titre préféré) n’aurais pas pu voir le jour sans le covid ?
C’est une possibilité, effectivement, c’est assez difficile à dire en réalité… Quand nous l’avons créé, j’ai pensé à « The Regulator » car tout comme ce dernier, nous l’adorons mais il est différent et nous ne savons pas comment les fans allaient le recevoir. Mais c’est bon de prendre des risques car au final, les choses deviennent vite ennuyeuses sinon… (sourires)
Vous avez joué « Skeletons on Mars » récemment pour la première fois. Comment te sens-tu derrière un thérémine, sachant qu’il avait été enregistré en studio par James Robbins en studio ?
En réalité, c’est bien plus compliqué que tu ne peux l’imaginer ! (rires) Cela à l’air simple mais ce n’est pas le cas. Comme tu le disais, il a été enregistré par J. Robbins qui m’a donné beaucoup de conseils pour le faire sonner correctement en live. Par chance, nous l’utilisons comme dans les séries de science-fiction dans années 50/60, ce qui n’est pas très mélodique. Si j’avais dû choper toutes les notes parfaitement cela aurait été impossible. Mais dans quelques jours nous allons faire un live streaming où nous allons jouer tout l’album. Cela va alors être un challenge, mais un challenge très amusant. (sourires)
Votre setlist est déjà bien fournie en matière de nouveaux titres, c’est important de garder cette fraîcheur dans vos shows ? Beaucoup de groupes se contentent de faire les mêmes titres encore et encore. Dans votre cas chaque nouvel album apporte au moins un nouveau classique.
Nous avons la chance d’avoir un public hyper ouvert qui est vient justement chercher cette nouveauté. Nous essayons de rester créatifs, et ce, depuis 1992. C’est d’ailleurs ce qui donne ce côté « palpitant » à Clutch, on ne sait jamais vraiment ce que sera notre prochain disque et c’est tant mieux.
Le titre de l’album provient d’un de tes lieux de vacances dans le Delaware, peux-tu nous en parler ?
En fait, il se trouve à une cinquantaine de miles de là ou je vais en vacances et j’ai toujours été fasciné par le nom qui sonne comme une série B des années 80. (rires) L’histoire de cette plage est assez horrible (Ndlr : en résumé des Amérindiens se sont fait massacrés à coup de canon sur la plage) mais l’endroit est sublime.
A chaque fois que j’entends le nom de l’état du Delaware, je pense à Wayne’s World ! (rires)
(Il éclate de rire) Je n’y avais pas pensé. Je vais vérifier s’il s’agit de la même plage…
La pochette est très cool, quel est le lien avec tes paroles ?
L’histoire est assez amusante. Je suivais un artiste – Jared Muralt – sur Instagram, je lui ai commandé plusieurs livres en tant que fan via sa compagnie BlackYard. De là, il a reconnu mon nom et m’a envoyé un mail pour savoir si j’étais dans Clutch, ce à quoi j’ai répondu positivement. Il m’a fait parvenir mes livres avec un superbe dessin de bateau et partant de là je me suis dit qu’il serait la personne parfaite pour faire la pochette de Slaughter Beach. Je lui ai donc fait suivre les paroles et quelques brides d’idées et son imagination a fait le reste. Il s’est ensuite occupé de tout l’artwork, intérieur comme extérieur.
L’album est pour le moins ramassé, avez-vous écrit beaucoup de titres durant les sessions de composition ?
Nous avons enregistré douze titres au final, mais nous voulions faire un album court. Par le passé nous mettions tous les titres sur le disque mais cette fois, nous voulions être plus efficaces.
As-tu vu que dans la version grecque de l’émission TV The Voice, un concurrent a repris « Electric Worry » de Clutch ? Cela montre bien l’influence que vous avez à travers le monde…
Je ne le savais pas mais il faut absolument que je vois cela. C’est juste génial que notre musique puisse traverser les générations, les pays. Quelqu’un qui reprend notre musique comme cela alors que nous ne connaissons pas, c’est un grand honneur, et cela compte énormément pour nous.
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