
Nouveau venu dans la discographie de Creeping Death, Boundless Domain est l’occasion pour le groupe de Denton (Texas) d’affirmer son identité musicale. Après un premier album, Wretched Illusions, plutôt efficace malgré quelques défauts notables dans la production, Creeping Death revient en force grâce à une réalisation plus soignée confiée au guitariste de Killswitch Engage, Adam Dutkiewicz (As I Lay Dying, The Acacia Strain, Underoath…). Avec une intro lourde et lancinante tout droit sortie des profondeurs de l’enfer, « Boundless Domain », titre éponyme, annonce la couleur d’une bombe death metal efficace et cohérent. Dès les premières minutes, les guitares grincent des dents. De nombreux éléments interpellent notre attention. Tout d’abord il y a le chant. Inspirées des groupes de la scène punk et hardcore locale (Iron Age, Power Trip (R.I.P.), Mammoth Grinder), les nuances vocales sont beaucoup plus recherchées. Elles ajoutent un brin de brutalité à ce savoureux mélange explosif. Les morceaux plus tranchants et plus vifs gagnent en intensité démoniaque (notamment sur « Vitrified Earth »). Si cet album révèle au grand jour les capacités techniques et créatives du groupe américain, les solos de guitare, bien qu’efficaces, n’ont rien d’original. Ce qui par ailleurs est dommageable pour un combo de death metal. Meilleurs ? Oui, ils le sont devenus. Certes, ils ne sont plus possédés par la musique mais ils ne la possèdent pas pour autant. Ils l’apprivoisent. Creeping Death se renouvelle sur chaque morceau ne cessant de surprendre l’auditeur par les variations de rythmes et de tempos (les influences hardcore y contribuant grandement). La formation texane tisse un album dense dans lequel l’ennui est proscrit. Avec des influences death metal très présentes (normal), Boundless Domain se détache peu à peu des sonorités thrash de leurs débuts. Sur « Intestinal Wrap », impossible de ne pas être surpris (spoil alert !) par un cri sorti d’outre-tombe. Venu des tripes, le chant de l’incontournable George « Corpsegrinder » Ficher (Cannibal Corpse) accompagne un morceau nettement plus brutal sur un rythme déstructuré, typique du genre.
Boundless Domain propose ainsi une playlist aux compositions relativement courtes avec des rythmes divers et variés. Paradoxalement, c’est un album qui prend le temps. Avec des intros d’une minute (« Creators Turned into Prey » ou « Remuants of the Old Gods ») les morceaux s’inscrivent dans un style qui habituellement se veut d’une rare brutalité. Ce tempo lourd et lent n’est pas sans rappeler les premiers albums de Death et Obituary, pionniers de la scène death metal old school US. « The Common Breed » nous offre une savoureuse petite intro rythmique crescendo (uniquement à la batterie) : vingt secondes de pur plaisir qui méritent d’être mentionnées (surtout pour les nostalgiques du death de la première heure !). Les influences musicales et les emprunts de style de ce nouvel opus sont palpables, Creeping Death ne s’en cache pas, et c’est avec fierté et détermination qu’ils affirment ici leurs racines géographiques et musicales. [Louise Guillon]
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