Après un déluge de pluie et de notes post sludge metal quelques jours auparavant à Tours, place aux rois du metal parodique français que sont devenus les quatre lascars d’Ultra Vomit sur la scène nationale. Attendu comme le messie ce soir au pays des rillettes, le quatuor nantais vient nous présenter ce samedi soir Le Pouvoir de la Puissance paru fin septembre. Grâce à leurs copains Youtubeurs McFly et Carlito et leur passage remarqué (et critiqué) au jardin de l’Elysée devant notre cher Président, Ultra Vomit a su s’imposer comme la référence du genre en l’espace de vingt-cinq ans et quatre albums cultes studio (et deux albums live : L’ OlymputaindePia et le Big Four au Zénith de Strasbourg). Et quoi de mieux que du thrash en ouverture de ce bal familial (on se serait cru à un concert de Chantal Goya ou Dorothée dans les années 80 tant) avec nos amis espagnols de Crisix qui ont du mettre les bouchées doubles pour secouer la salle de l’Oasis devant un public manceau venu en masse pour Fetus et sa bande. [Live report : texte et photos par Seigneur Fred]
C’est devant une salle de l’Oasis qui affiche complet ce soir (environ 1 200 personnes) que « le groupe non français le plus français » qu’est Crisix (dixit leur affichage mural) monte sur scène avec l’énergie habituelle qu’e l’on lui connaît, avec en fond d’écran, un visuel sympathique avec nos Astérix et Obélix retravaillés ici en version hispanique (alors que la BD célèbre le soixante-cinquième anniversaire de sa création des personnages, et on s’interroge s’ils ont prévenu ici les ayant droits au passage…). Il faut dire que l’on croise régulièrement dans le coin nos cinq Espagnols qui tournent souvent en France et Navarre, que ce soit avec une série de concerts classiques ou lors des festivals d’été. Ils avaient aussi assuré le Warm up du Hellfest en 2023 (live report ici). Mais petit problème ce soir : le public est venu en priorité pour Ultra Vomit, et non Crisix qui fait office de première partie. L’accueil va alors être plutôt froid et timoré dans un premier temps pour nos Ibériques, c’est-à-dire durant les deux ou trois premiers morceaux du concert. Son chanteur et frontman Julian « Bazuka » Baz est d’ailleurs quelque surpris car pourtant, la set-list du combo catalan est bien rodée depuis la sortie de leur sixième album Full HD (Listenable Records/2022). Alors il va donc falloir mettre les bouchées doubles pour Juli et ses zicos. Sur la gauche, le grand et svelte guitariste Marc Busqué, alias B.B. Plaza, équipé de sa guitare blanche Flying V, dégaine des riffs thrash du plus bel effet. Si le groupe n’interprète pas malheureusement ce soir faute de temps « Macarena mosh », il arrive tout de même à faire headbanguer les premiers rangs, à faire asseoir totalement le public (sauf votre serviteur qui prend alors la photo), change comme à l’accoutumée d’instruments, et cela finira par un bain de foule du guitariste rythmique Marc où il lance enfin un circle pit ultime autour de lui, à la manière d’un Yann Heurtaux (Mass Hysteria, Karras)…
Entre-temps, nous eûmes droit à l’habituel meddley de reprises avec « Fight for Your Right » (Beastie Boys)/ »Walk » (Pantera)/ »Antisocial » (Trust, repris par un autre fameux groupe de thrash, américain celui-ci : Anthrax). Efficace, mais presque lassant à force. Si Crisix n’avait rien de nouveau à proposer ce soir, leur dernière publication Fight for Your Right sortie en indépendant en 2023 n’étant qu’un réenregistrement de leur second album, il a dans tous les cas rempli pleinement son contrat qui était de chauffer la salle avant la venue d’Ultra Vomit. En coulisses, nous croisâmes le bassiste Pla Vinseiro et le guitariste Marc qui nous confièrent continuer pour le moment sans label, et travaillent actuellement sur un prochain album, et une prochaine session #2 de reprises à leur sauce thrash. Hasta luego !
Place à présent aux véritables stars de la soirée, cocorico ! Ultra Vomit annonce sa venue à l’aide d’un spot façon pub ciné Universal Studios, plutôt facile car maintes fois parodiée, mais jamais égalée, et franchement bienvenue quand même en guise de préliminaire…
Et ensuite l’intro du riff de « Dead Robot Zombie Cop from Outer Space II » interprété à la guitare par le chanteur Fetus, enfin Nicolas Patra pour les intimes, se fait entendre. C’est parti pour plus d’une heure trente de folie au Mans ! Tout va y passer (enfin presque, certains anciens classiques ne seront pas (rejoués ici mais normal, ils ont un nouvel album en poche), après quelques nouvelles du monde avec l’interlude « Vous avez vu les infos ? », accompagné au passage de divers calembours sur Le Mans tout au long du show. Ça tombe bien, le public manceau est au taquet et réagit à toutes les blagues (plus ou moins écrites prévues). y compris leur nouveau single « Doigts du métal » chanté admirablement à la façon du rappeur français à succès Orelsan, ou « Le Coq ». Quelques anciens classiques de rigueur tirés d’Objectif : Thunes (Listenable Rec./2008) et de l’avant-dernier Panzer Surprise ! (Verycords/2017) s’alternent dans la copieuse set-list (à retrouver en bas de cette page) pour cette toute nouvelle tournée en support de leur nouveau et joyeux bordel, pardon brûlot, Le Pouvoir de la Puissance (Verycords).
Etonnamment, aucun jeu de mots avec les rillettes, spécialité locale sarthoise, ni jet de rillettes (loi contre le gaspillage alimentaire oblige) ne fut lancé mais divers jeux de mots et calembours autour du nom du Mans ici et là, jusqu’à la minute de Manard dédiée ce soir à une reprise de Joe Dassin, plutôt dispensable…
Puis un vieux titre du premier album Mr Patate, « I like to vomit » fait alors un carnage avec ses accélérations grindcore.
Les anciens classiques et futurs hymnes s’enchainent ainsi dans une liesse totale doublée d’une énergie formidable ! « Takoyaki », « Boulangerie », « E-tron » , et les nouveaux hits comme « Toxoplasma Gondii » inspiré de l’univers des félins et du black metal symphonique (Dimmu Borgir, Cradle of Filth…), ou bien lincontournable « Doigts de métal », mais aussi l’énorme « GPT (et ça sent …) » introduisant l’habituel wall of death opposant les « pro pipi » et les « pro caca » sur « Pipi vs Caca ».
Sur les côtés, le guitariste Flockos breton dont la crête punk qui retombe à la Titeuf, et le bassiste Matthieu hyperactif et très précieux dans ses chœurs, bougent bien.
L’interprétation parodiant à la fois Gojira et Calogero est toujours aussi bonne (cf. « Calojira »).
Les visuels projetés tout du long rendent vraiment le show beau et dynamique, que l’on aime ou pas Ultra Vomit. Et les spectateurs de tous horizons sont avant tout là pour se défouler dans la joie et la bonne humeur.
Vers le milieu du show, leurs potes barcelonais de Crisix prennent d’assaut la scène pour interpréter en choeur « Patatas Bravas » avec nos Français, quelle énergie décuplée là encore !
Le set de ce soir est déjà bien rodé, à quelques de leur date au Bataclan (R.I.P.), même si Fetus n’avait pas prévu qu’il casserait une corde sur sa guitare Gibson SG rouge. Heureusement leur roadie interviendra rapidement, et puis ce sont encore des humains, comme le chanteur/guitariste le rappellera. Nous avons aussi droit au classique « Je collectionne les canards vivants » avec Andreas qui vient masqué et sa canne.
Enfin, un rappel a lieu alors. Puis les membres du groupe viendront encore tout transpirant rencontrer presque immédiatement les fans autour du merchandising où la queue restera longtemps. Certains T-shirts (notamment avec la contrefaçon du logo Nike) seront dévalisés.
Allez, il est l’heure d’aller à la douche pour nos amis Flockos, Fetus, Manard et le bassiste Matthieu Bausson qui enchaînent les dates pour la promotion de Le Pouvoir de la Puissance qui cartonne. Après un passage à l’Elysée et un récent sur les ondes de France Inter, on se dit que l’avenir s’annonce radieux pour nos comiques du metal qui ont atteint encore un niveau de professionnalisme et de reconnaissance bien mérité en 2024. [Seigneur Fred]
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