Si le nom de Defy The Curse ne vous dit peut-être rien aujourd’hui, c’est normal. Originaire des Pays-Bas, cette bande de brutes n’a publié qu’un seul EP éponyme de cinq titres en autoproduction en 2018. Néanmoins, le pédigrée de ses membres, dont la plupart sont des vétérans de la scène métal batave, pourrait réveiller vos cages à miel en ces temps de léthargie hivernale…
Parmi leur line-up, on retrouve un certain Harold Gielen à la guitare, qui n’est autre que l’actuel bassiste de Legion Of The Damned (leur nouvelle bombe nommée The Poison Chalice est d’ailleurs prévue en livraison le 26 mai 2023 !) et ex-Inhume, ex-Disgorge, mais aussi ex-Mangled dans lequel il a sévi au côté de Boris Janssen, ce dernier officiant justement à la basse ici. Vos sens commencent probablement à s’éveiller… Mais c’est pas tout, si l’on vous dit que ce Boris Janssen a également joué dans l’excellente et regrettée formation de grindcore Collision avec le chanteur ici présent Wouter Wagemans, là ça doit vous titiller chez les fans de death metal et grindcore en provenance de Hollande, et on vous garantit que c’est de la bonne ! De la bonne musique, bien sûr.
Sur ce premier effort longue durée, les amateurs de guitares tronçonneuses façonnées par le son crasseux de la célèbre pédale BOSS HM-1 made in Japan vont être aux anges. Clairement, Defy The Curse rend hommage à ces pairs sur Horrors Of Human Sacrifice. Tout au long des douze terribles morceaux, nos quatre gaillards vouent un culte immodéré aux vieilles formations de death metal suédois made in Stockholm telles que Nihilist, Entombed, Dismember (de retour très bientôt avec un nouvel album chez Nuclear Blast), Grave, Unleashed, etc.
D’emblée, « Leading Into the Realm of Torment » rentre dans le tas dès ses premières secondes, où le chant se partage entre les screams et les growls de Wouter à l’attitude plus grindcore, même si là on baigne en plein death metal scandinave, plutôt old school. Les riffs de guitare, assez basiques et primaires, sont terriblement efficaces et sont clairement taillés pour la scène. Le son est moderne mais pas du tout comme leurs voisins belges par exemple d’Aborted avec qui ils ont tourné.
C’est un peu cradingue, ce qui procure tout le charme aux compositions de Defy The Curse, généralement courtes (environ 2 à 3 mn en moyenne) mais à l’impact immédiat. La petite mélodie sur le break central apporte cette petite respiration. On sent que le gratteux Harold Gielen et son chanteur se font avant tout plaisir, et prennent le temps de faire les choses. Les missiles se multiplient : « Existence Consumed » avec son coup de caisse claire en intro puis là encore un break rageur mais assez convenu permet de relancer la machine sur un tempo globalement soutenu mais pas hyper speed. C’est la marque de leur approche old school là encore, où tout ne va pas à 300 bpm comme chez certaines formations contemporaines plus techniques.
On a au moins le temps d’apprécier les choses. Forcément on pense aux Left Hand Path ou Clandestine d’Entombed, voire mêmes les premiers et derniers albums d’Entombed A.D. avec notre regretté et cher ami L.G. Petrov qui ont clairement influencés notre bande de Bataves ici. Sur le très heavy « The Tower Of Suffering », on se dit que ce titre aurait pu figurer en face B sur l’EP When In Sodom d’Entombed, alors que « Swarms » cisaille à coups de guitares tronçonneuses sur une rythmique qui vous fera secouer l’échine. Le lent et bien nommé « The Oppressor » vous enfonce un peu plus dans la noirceur (à l’image de la pochette signée Rafal Wechterowicz de Too Many Skulls (Slayer, Ghost, Kreator…)) de ce death metal relativement accrocheur mais un brin répétitif parfois sur la longueur, il faut bien l’avouer…
L’album comprenant douze chansons, plus leur premier EP ajouté ici en réédition sur un second disque (uniquement sur la version CD), on peut y trouver une certaine redondance jusqu’aux ultimes et très bons « Panopticon » et « Dreameater » situés en fin d’album. Ceux-ci possèdent presque un côté dark/death, non loin de leurs voisines danoises de Konvent, les influences sludge et black en moins.
Pour l’originalité, Defy The Curse ne fait donc pas trop d’effort dans l’ensemble, vous l’aurez compris, mais vise plutôt l’impact immédiat avec des riffs qui font mouche à tous les coups, ce qui en concert risque de faire très mal. Ce premier disque est de bonne facture globalement quand même, attention. Il est vrai que beaucoup de nouveaux groupes apparaissant sur la scène actuelle dans ce genre de metal, ne cherchant finalement qu’à ressusciter le passé, non sans une nostalgie qui nous anime chez les plus anciens d’entre nous. De toute manière, comme dit l’adage : « c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe ».
Alors que diable, un peu d’originalité et de créativité ! Malgré tout, on cède vite à la tentation de taper du pied ou de headbanguer, preuve que ça fonctionne. Et pour tous ceux qui ne connaissaient pas encore Defy The Curse et leurs membres, et bien c’est peut-être l’occasion de laisser exprimer vos instincts les plus primaires qui sommeillent en vous à l’écoute de Horrors Of Human Sacrifice. [Seigneur Fred]
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