Nom de Dieu, ils ne sont pas contents nos cinq Singapouriens et ça s’entend ! Mené par le leader d’Impiety accompagné de dangereux mercenaires œuvrant déjà dans d’obscures formations dans le Pacifique (Battlestorm, Bloodlust, Depravity, et Impiety forcément), Devouror compte bien à présent déverser son flot de haine et de bestialité sur Terre au nom du Malin grâce à son premier album. Fondée en 2018 et déjà auteure d’un sanglant EP Slay For Satan paru l’année suivante, cette horde sauvage et démoniaque (pléonasme) s’inscrit dans la lignée du principal groupe commun à ses membres, Impiety, dans une veine cependant « moins technique » d’après son fondateur Shyaithan, dans le but essentiellement de rendre hommage à leurs racines : Possessed, Hellhammer, les premiers Death, Massacre, Xecutioner (pré-Obituary), Sodom, Mayhem, Sarcofago, etc.
Pour l’originalité, tant musicale qu’esthétique, vous l’aurez donc compris : c’est le zéro absolu ici. Néanmoins, l’hommage de Devouror est vraiment sincère sur Diabolos Brigade et transpire l’œuvre du Mal. Nos cinq suppôts de Satan délivrent une sacrée énergie et tous les gimmicks et autres apparats pour faire passer le message aux Chrétiens et autres croyants monothéistes aux dogmes établis, en commençant par l’intro « Sebatan 666 » en clin d’œil à Orange Mécanique et la célèbre 9ème Symphonie de Beethoven qui ouvrira les concerts du groupe très prochainement. Ensuite, ce ne sont pas moins de neuf salves aux guitares acérées et aux growls très convaincants (assurées non pas par Shyaithan mais par Hades) qui s’enchaînent sans pitié. La batterie de l’Australien Dizazter mitraille à tout va, et rares sont les accalmies dans cette guerre pour Lucifer.
On est tout de même agréablement surpris à s’entendre reprendre soi-même le refrain oriental de la chanson « Mantra Kali Kunt ». Il y a là un petit côté Impaled Nazarene, période Ugra-Karma. Question leads de guitare, les amateurs de shredding endiablé en auront pour leur argent, et s’ils bavent parfois, ils sont rapides comme l’éclair (le speed/thrash « Vulgar of Necrodeath », ou le « Supersonic Satanas »). Alors quand son guitariste déclare dans notre interview que Devouror sonne moins technique qu’Impiety, tout est relatif ici. Les riffs sont tous plus vicieux les uns que les autres et la batterie d’une vélocité incroyable. La production sonore, limpide, mais assez old school, permet ainsi d’apprécier finalement ses trente-cinq minutes qui passent à 350 km/h comme un TGV (hors grève SNCF) en pleine tronche. Et quand on se penche un peu plus sur les paroles et surtout les noms des morceaux, chaque titre de l’album pourrait constituer à lui seul un vibrant hommage aux pairs de Devouror avec lesquels ces Singaporiens ont grandi. D’ailleurs, en guise de cerise sur le gâteau, ou plutôt de petit Jésus sur la croix (renversée), les amateurs de death/thrash old school se délecteront de la reprise « Death Metal » de la légende américaine Possessed qui figurait à l’origine à la toute fin du cultissime Seven Churches en 1985. Un bel et vibrant hommage de la part de Devouror, qui, s’il ne brille pas par son originalité, vous l’aurez compris, fait sacrément le boulot et démontre à quel point le metal est universel, de Singapour à San Francisco, en passant par Wimereux (fief du label Listenable Records). Pour la thématique et le culte envers Satan et ses différentes provocations presque devenues conventionnelles de nos jours (bien que Devouror rencontre des problèmes pour se produire en concert en Asie), ce n’est finalement qu’une représentation du mal que l’Homme accomplit un peu plus chaque jour sur cette Terre. Et pour s’en apercevoir, il n’y a qu’à voir les tristes actualités… [Seigneur Fred]
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