Comme dit le vieil adage : « ce qui ne tue pas, rend plus fort ». Eh bien dans le cas de Dieth, c’est l’histoire de trois artistes (Guilherme Miranda (ex-Entombed A.D. ; Dave Ellefson (ex-Megadeth…) et Michał Łysejko (ex-Decapitated)) rassemblés sous la même bannière d’un nouveau super groupe, qui ont, chacun à leur manière, survécu à bien des déboires ces dernières années. Ils nous livrent To Hell And Back, une très bonne première galette de death/thrash metal teintée de groove, à travers laquelle ses auteurs et interprètes expriment leur rancœur, mais aussi leur volonté de rebondir après être tombés plus bas que terre pour certains d’entre eux… [Entretien avec Guilherme Miranda (guitares, chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]
Comment le groupe est-il né précisément en 2022 ? Juste par hasard ? A la suite d’une rencontre entre toi, Guilherme, Dave Ellefson, et Michał Łysejko en tournée peut-être en Pologne avec vos précédents groupes, ou bien c’était déjà plus ou moins en projet en fait entre vous ces dernières années ?
Nous avons été présentés par notre ami Opus du groupe Dead By Wednesday. Il nous a mis en contact par e-mail et voilà où nous en sommes… (sourires) Je lui ai dit que je voulais enregistrer un morceau avec David (Ellefson, ex-Megadeth) à la basse. Quant à Michal, notre batteur, il m’a été présenté par mon patron chez MLC Amps, Maciej Pieloch.
Mais que signifie exactement le nom du groupe « Dieth » ici ? Est-ce en lien avec le mot anglais « diet » qui signifie un « régime » en anglais, comme quand on veut perdre quelques kilos avec un régime à l’approche de l’été ?!
Ha ha ha ! (éclats de rires) Non ! « Dieth » est en fait un mot de l’anglais archaïque, c’est la troisième personne du présent pour dire « mourir ». Mais, pour nous dans le groupe, nous l’avons pris comme une représentation sur la façon allégorique de tuer son passé, d’enterrer le vieil homme. C’est comme laisser l’ancien mourir pour pouvoir renaître dans quelque chose de nouveau…
Maintenant, je suppose que le titre de ce premier album de Dieth, To Hell And Back, n’a pas été choisi par hasard… Alors, doit-on considérer Dieth comme un « groupe de catharsis » » afin d’exprimer vos propres démons, votre colère et tous les problèmes que vous et Dave avez rencontrés et vécus en 2021 ? C’est-à-dire en résumé : quand pour toi, Guilherme, le groupe Entombed A.D. s’est séparé à cause du décès de notre vieil ami L.G. Petrov (R.I.P.) ; et pour Dave, quand il a dû quitter Megadeth la même année à cause de cette affaire de cybersexe sur internet (Ndlr : avec une fan mineure) ? Votre objectif principal tous les deux lorsque vous avez fondé le groupe avec Michał en 2022 était-il donc passer à autre chose pour y exprimer tout ce ressentiment de rancœur après cet enfer vécu en 2021, en plus déjà de la pandémie qui a stoppé net les concerts dans le monde ?
Ça alors, tu ne pourrais pas mieux dire et être exact que ça! C’est tout à fait ça. Nous avons eu la chance de donner un nouveau sens à tous, de construire une nouvelle identité et de passer à quelque chose de totalement nouveau, frais et cool. Pour Michal c’est aussi un nouveau départ après avoir joué dans Decapitated à la batterie. Tu sais, c’est tellement incroyable d’être dans ce groupe aujourd’hui, après le pire moment de ma vie. On a l’impression que tout le monde autour est excité, les gens aiment nos premiers concerts de Dieth, tout autour ils sont émerveillés par la musique, nous donnons des tonnes d’interviews, la preuve à présent. Quelque chose se passe ici et nous embrassons ce nouveau moment, ce nouveau dessein avec bonheur. C’est extrêmement gratifiant une fois de pouvoir créer une nouvelle identité si rapidement, et devenir de vrais durs à cuire comme nous le faisons et sommes déjà sur la scène.
Comment s’est déroulée la composition et l’écriture sur ce premier enregistrement étant donné que vous vivez à différents endroits ? Avez-vous travaillé en vous réunissant physiquement ensemble ou bien à distance avec tout le monde derrière son ordinateur comme la plupart des nouveaux groupes de nos jours ? C’est-à-dire avec toi, Guilherme, peut-être au Brésil ou en Suède ; Dave à L.A. (Californie-USA) ; et votre batteur Michał à Gdańsk (Pologne) ?
Ouais, en fait de nos jours je vis entre Gdansk (Pologne) et Lisbonne (Portugal). En fin de compte, la technologie moderne nous permet de créer des chansons ensemble, d’envoyer des fichiers, d’échanger des pistes et de développer la plupart de la musique à distance. Pour terminer tout l’album, nous nous sommes réunis en Allemagne puis nous l’avons mixé en Pologne. L’ensemble du processus sur le disque fut très bon à réaliser, et nous avons un bon flux ensemble qui nous a fait travailler comme une machine.
Sur To Hell And Back, je trouve que les compétences de chacun se marient très bien au sein du groupe. Tes growls, tes parties de guitares s’accordent parfaitement avec les lignes de basse de Dave, et la batterie de Michał. C’est venu naturellement ? Vous avez veillé à cela en travaillant d’une certaine façon ? Car le résultat est très fort, puissant, mais pour autant aussi mélodique, moderne et diversifié.
Ouais, là encore, tu as vu juste et as tout a fait raison. Au moins, tu as écouté l’album, toi ! C’est bien de parler à quelqu’un qui comprend comme toi. C’est venu naturellement à vrai dire, et j’ajouterais que nous l’avons voulu comme ça. C’est plutôt organique, c’est un travail d’équipe et je pousse beaucoup pour que David et Michał mettent leur propre signature dans la musique de Dieth, leur propre âme dessus. Une fois que la personnalité et les sentiments de chacun sont là au rendez-vous, alors nous pouvons nous assurer que nous avons une sorte d’esprit au complet.
Par exemple, j’ai été assez surpris sur la chanson « Don’t Get Mad… Get Even ! ». C’est groovy avec sa rythmique et ses percussions, et tous les chœurs, un peu comme dans une chanson hardcore new-yorkaise. Mais ces parties rythmiques semblent être inspirées de ta culture brésilienne, alors que le solo de guitare, lui, est peut-être plus inspiré par le thrash metal de Bay Area… Bref, un joli mélange explosif !
Je pensais que tout le monde allait dire que cette chanson ressemblait trop à un death metal n’ roll suédois et j’étais un peu inquiet à ce sujet. Et c’est drôle car tu arrives avec une perspective totalement différente à ce sujet. C’est extrêmement intéressant. Ce que je fais, c’est : j’écris des riffs que j’aime qui me donnent l’envie de headbanguer. Je suis fier que dans cet album les gens ressentent autant mon ambiance brésilienne que le death metal suédois, genre dans lequel j’évoluais dernièrement jusqu’à la fin tragique d’Entombed A.D. avec la disparition de LG Petrov. En tout cas, c’est l’une de mes meilleures réalisations jusqu’à présent, je pense, et qui détonne un peu, oui, sur l’album.
De quoi parlent tes paroles sur la chanson intitulée « Heavy Is The Crown », s’il te plaît ? Est-ce une question de succès peut-être ou de notoriété difficile à supporter parfois au quotidien ?
Il s’agit des agresseurs, des manipulateurs, mais bon chacun peut l’interpréter à sa façon. Ici, j’évoque des gens qui profitent de vous tout le temps dans votre entourage. Plus tard, leur couronne devient trop lourde et nous assistons à leur chute. Cela peut être appliqué dans différents domaines dans la vie, même en politique, cela dépend de la façon dont on le considère.
Parfois, on peut entendre Dave Ellefson chanter, aux chœurs, mais aussi à ta place, au chant principal exclusivement comme sur le nouveau single intitulé « Walk With Me Forever ». Est-ce lui qui a proposé de chanter sur cette chanson ou toi qui as voulu lui laisser le micro afin de tester sa voix et de le laisser s’exprimer pleinement sur cette belle chanson d’amour mélancolique ?
C’est une chanson mélancolique, sombre, il y a beaucoup de tristesse dedans, en effet… Celui-ci concerne mon processus d’adaptation à la compréhension de la mort et des changements profonds dans la vie qui sont impossibles à éviter. Dès le début, je voulais que David chante dans Dieth avec moi, afin que nous puissions créer notre propre style de musique. J’essaie d’approfondir de plus en plus le chant, pas seulement les growls, mais aussi d’autres passages. Une fois que nous avons composé cette chanson en studio, j’ai juste senti que la voix de David était la bonne. Michal et moi l’avons invité à faire ça, il a fait quelques prises et nous sommes devenus fous avec ça. J’espère que nous pourrons explorer cela encore plus sur les prochains albums…
Revenons à toi un instant, Guilherme : quelles sont tes racines musicales, tes principales influences en général ? As-tu grandi grandi avec les Sepultura, Angra, Krisiun, Sarcofago, etc. et des groupes de death metal américains et suédois dans les années 90 ? Je présume que toi et Michał (ex-Decapitated pour rappel) êtes plus familiers avec le death metal, alors que Dave est plus spécialisé dans le heavy ou le thrash metal, n’est-ce pas ? (sourires)
J’ai grandi bien sûr avec une énorme influence de la scène brésilienne, comme Sepultura, Angra, tous les groupes de Cogumelo, toute la scène de Sao Paulo et Minas Gerais, et plus tard bien sûr tout ce qui vient du Brésil m’a vraiment influencé. Le nord-est et le nord du pays ont beaucoup à donner musicalement, tu sais, notre Midwest aussi et ainsi de suite. Je suis un thrasher depuis mes premières années dans la musique, les choses sont devenues de plus en plus extrêmes par la suite, et c’est ce que j’ai fait. Au final, j’écoute beaucoup de choses en commun avec David et Michal, surtout aussi des choses des années 70 que j’aime énormément et eux aussi.
Avant de conclure, que veux-tu ajouter à propos de Dieth et de ce premier album studio To Hell And Back au public français ?
Ne prenez pas les choses pour acquises, soyez fidèle à vous-même et comprenez que parfois vous devez vous tuer. Reconstruire les choses et recommencer à zéro est extrême, c’est dur. Mais une fois que vous l’avez fait, la vie arrive à un stade que vous n’auriez jamais imaginé pouvoir atteindre. Merde ! Ah oui, et aussi encore une chose : arrêtez de supporter des choses que vous ne pouvez plus supporter, vous avez tout ce qu’il faut pour écrire pour tourner le dos et marcher simplement dans votre direction. Comme le dit le titre de notre chanson « Don’t Get Mad… Get even ! ». (Ndlr : en français : « ne vous fâchez pas…, régalez-vous !)
Dieth va se produire cet été dans quelques festivals en Europe très prochainement (Vagos au Portugal, Motocultor en France où l’on se retrouvera !!) (sourires) Après ça, peut-on espérer une tournée régulière de Dieth, comme tête d’affiche ou groupe de première partie, à l’avenir en Amérique et en Europe alors ?
Nous travaillons sur nos dates et plein de trucs. Il se passe trop de choses en ce moment. Nous aurons également une année complète en 2024, donc nous allons alors certainement beaucoup tourner ensuite.
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