On est tous l’ex de quelqu’un : l’ex-petit(e) ami(e), l’ex-conjoint(e), l’ex-membre d’un club de sport ou d’un groupe de musique, l’ex-employé d’une entreprise, etc. Bref, la vie est composée d’ex. C’est ainsi. Pour Dieth, c’est la rencontre de trois ex justement, et l’union faisant la force, nos trois musiciens ici présents ont décidé de rebondir et de former un super trio de death/thrash metal moderne avec un groove plutôt bien trouvé que l’on distingue sur To Hell And Back. Au niveau du line-up, nous y retrouvons des musiciens qui ont connu quelques déboires ces dernières années, à commencer par le guitariste d’origine brésilienne Guilherme Miranda. Celui-ci avait rejoint Entombed A.D. en 2019 mais s’était retrouvé au chômage technique suite au décès de notre ami L.G. Petrov (R.I.P.) en 2021… A la basse, on a l’Américain Dave Ellefson devenu persona non grata dans Megadeth après l’affaire de cyber pornographie compromettante entre lui et une fan mineure. Le célèbre bassiste fut alors remercié par son ancien camarade et employeur, Dave Mustaine, la même année que l’arrêt forcé de Guilherme. Même si les circonstances diffèrent, bien sûr, tous ces incidents de carrière ont fédéré nos deux hommes, forcément. Ajoutons le troisième élément à Dieth : un ex-batteur de Decapitated, Michał Łysejko, qui officia dans le combo de death metal polonais de 2014 à 2018, quelques années après la disparition tragique du batteur originel Witold Kiełtyka (R.I.P.) lors d’un accident de voiture…
Les présentations de rigueur étant faites, penchons-nous dès à présent sur le premier single, « To Hell And Back », qui en dit long sur le dur passé de ces dernières années de galère des trois musiciens, surtout de Dave Ellefson et Guilherme Miranda. Ce qui ne tue pas rend plus fort, c’est bien connu, et de tels points communs rassemblent. Et sur un rythme entraînant et un riff bien heavy, cette chanson-titre exprime le retour de l’enfer de nos trois gaillards. Si le chant est typé death metal, musicalement, Dieth évolue plutôt dans un registre mêlant death et thrash metal, doté d’un certain groove, et où la mélodie n’est pas en reste grâce à quelques soli de guitare en shredding amenés régulièrement avec tact par Guilherme. Les intros sont léchées, la production sonore aussi, ce premier album ayant été mixé et masterisé au Zed Studio à Chechło en Pologne, sauf la basse de Monsieur David Ellefson enregistrée au Platinum Underground Studio à Mesa (Arizona) aux États-Unis. L’ensemble est très cohérent, très solide. On connait et ressent l’expérience de chacun ici. Le guitariste sud-américain, fort de son expérience suédoise avec Entombed A.D., pond des riffs terribles sur To Hell And Back alors qu’il est tout seul, mais sera toutefois accompagné a priori en concert cet été par un second guitariste, histoire de ne pas être trop étouffé par la basse d’Ellefson (« Wicked Disdain »). Et justement, l’ex-Megadeth, qui avait multiplié les projets après son premier départ du célèbre groupe de heavy/thrash américain (Killing Machine, Ellefson, Metal Allegiance…), apporte lui aussi sa pierre à l’édifice. Dévoilant plusieurs facettes de son talent et de sa sensibilité artistique, c’est ainsi que l’on peut l’entendre par endroit le bassiste pousser la chansonnette (l’émouvant « Walk With Me Forever »), en plus des chœurs qu’on lui connaissait déjà au côté de Mustaine (l’excellent « Free Us All », « Heavy Is The Crown » aux faux-airs de Megadeth justement). Mais quand ça part à cent à l’heure, le quinquagénaire n’est pas en reste et sait répondre présent (« Free Us All », « Dead Inside »). Sur les parties plus heavy et groovy, on retrouve certaines similitudes avec Lamb Of God, les growls de Miranda rappelant un peu ceux de Randy Blythe en plus typiquement death metal, voire même Spiros « Seth » Antoniou (Septicflesh).
Au final, ce premier essai studio de Dieth s’avère donc relativement varié, à l’image du surprenant et catchy « Don’t Get Mad … Get Even! » avec ses percussions et ses chœurs presque hardcore, quelque part entre Soulfy et Ill Niño par exemple. Telle une sorte de catharsis, To Hell And Back exprime une certaine rancœur ou rage de la part de ses trois protagonistes (« In The Hall Of The Hanging Serpents ») qui se sont véritablement trouvés de par leurs influences et styles complémentaires. Miranda, Ellefson, et Łysejko publient un album plutôt convaincant, avec bien sûr toute la grosse artillerie (clips, production, marketing puissant grâce à un des labels les plus importants du moment). Le trio international compte bien le défendre cette année sur les scènes du monde entier. Pour la suite à donner, seul le temps le dira. [Seigneur Fred]
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