EXHORDER : Defectum Omnium

Defectum Omnium - EXHORDER
EXHORDER
Defectum Omnium
Power/Thrash/Groove metal
Nuclear Blast

Alors que Pantera s’est reformé et écume les salles, stades, et grands festivals à travers le monde (Hellfest 2023, par exemple), un autre groupe américain, Exhorder, plus modeste mais presque jumelé à Pantera tant ils se sont auto-influencés, dirons-nous, s’est lui aussi reformé en 2017. Inconnu des plus jeunes, plus discret, et pourtant signé sur le label RC Records, puis Roadrunner Records entre 1990 et 1992, auteur d’un album fracassant et provocateur (Slaughter In The Vatican) plutôt novateur à l’époque sur la scène power/thrash metal, et qui contribuera sans le savoir à lancer finalement le groove metal, popularisé avec Pantera ensuite, et repris plus tard par tant d’autres combos (Soulfly, Lamb of God ou DevilDriver…), Exhorder nous vient, pour rappel, de La Nouvelle-Orléans. Et si son guitariste/chanteur Kyle Thomas évolue aussi parallèlement depuis 1997 dans Trouble, célèbre formation de stoner/doom de Louisiane pas si éloignée de Down (décidément, Phil Anselmo n’est jamais loin, lui qui a œuvré à un moment au micro dans Exhorder en live), il a en lui des racines punk et heavy metal depuis sa plus tendre jeunesse. Voilà pourquoi il fonda Exhorder avec ses camarades en 1985. Mais des tensions internes trop fortes mirent fin à quatre reprises à l’activité du groupe. Depuis sa récente formation en 2017, est sorti Mourn The Southern Skies (Nuclear Blast), plutôt bien accueilli en 2019. Voilà à présent, le (seulement) quatrième opus du quatuor américain baptisé Defectum Omnium. Quatrième seulement, oui, à cause des multiples splits (et non slips ;-)) que connut Thomas avec ses membres.

Aujourd’hui, derrière cette sombre pochette signée Travis Smith (Nevermore, Heathen, Katatonia, God Forbid, Iced Earth…), Kyle Thomas et ses nouveaux petits camarades dépeignent à leur manière notre monde bien sombre et les maux de nos sociétés sur Terre car c’est avant tout ça le thrash metal : une attitude, des riffs qui envoient, un tempo généralement speed, des racines punk et heavy, et des textes qui provoquent et interrogent. Le premier single bien énervé et thrash, « Forever and Beyond Despair », met à l’image tout cela dans son clip vidéo, à travers des tubes cathodiques dans une approche Fox News/MTV très années 90’s. Il en va de même sur le puissant « Year Of The Goat » avec toujours cette allusion à la religion, et ce côté rageur et groovy, caractéristique du son d’Exhorder au début des années 90, à l’époque de la démo et surtout de leur album culte du même nom, Slaughter In The Vatican (Roadrunner Rec./1992) évoqué en préambule. Mais la formation sudiste a beau rajeunir son power/thrash/groove metal, appelez-ça comme vous voulez, avec une production sonore contemporaine (signée Jens Bogren pour le mixage final), ce n’est pas simplement un lifting thrash que nous sert là Kyle Thomas. Non, loin de là, et on passe par toutes les émotions et vitesses.

Les douze compositions s’avèrent extrêmement bien ficelées, peaufinées et calibrées, mais sans pour autant s’interdire des digressions, mais l’efficacité ici est de mise, car le frontman barbu ne veut pas reproduire les erreurs du passé. Ce nouvel album tient donc sacrément bien la route en 2024, grâce notamment à un travail de longue haleine durant la pandémie que nous avons tous connue de près ou de loin, et une équipe de rêve et de choc ici. Visez donc un peu ce line-up ! : à la guitare lead, Pat O’Brien (ex-Cannibal Corpse, ex-Monstrosity (live), ex-Slayer (live)…) ; à la batterie, Sasha Horn (ex-Forbidden, ex-Heathen (live), ex-Ava Inferi, ex-Novembers Doom…) ; et à la basse, un certain Jason Viebrooks (Beltfed Weapon, ex-Grip Inc., ex-Heathen…). Souvenez-vous du bassiste qui sévit à l’époque de Grip Inc. au côté de Dave Lombardo (Suicidal Tendencies, ex-Slayer…), le producteur & guitariste Waldermar Sorychta, et du regretté chanteur Gus Chambers (ex-Squealer) ! Ils envoyaient sacrément ! Et on retrouve cette patte punk/hardcore et thrash sur le titre « Sedition », écrit et composé par le bassiste Viebrooks justement, tiens donc… On est agréablement surpris aussi sur un morceau comme le très heavy et lyrique « The Tale of Unsound Minds », où Kyle chante d’une voix claire superbe, qui nous rappelle qu’il évolue également au sein de Trouble, le bougre. Pour le reste de Defectum Omnium, majoritairement on baigne dans un thrash US typique de la Bay Area, entre Exodus, Testament, Forbidden (en moins technique cependant), Vio-lence, assez moderne, mais aussi east coast avec ce côté bien rentre-dedans et nerveux à la Overkill avec qui ils ont d’ailleurs tourné pour leur précédent album en 2019-début 2020, puis en 2023. Cette tournée commune a laissé des traces. On retrouve également des traces plus boueuses celles-ci, marécageuses dirons-nous (dans le sens noble du terme ici), typiques de leur Louisiane natale, entre sludge, stoner et doom à la Trouble, l’autre groupe du leader Kyle Thomas, sur le titre final et épique « Your Six » où les deux guitaristes de Trouble, Rick Wartell et Bruce Franklin, sont justement invités à la six cordes, alors que le frontman chante admirablement un blues doom metal. Cela nous ravive la mémoire que Trouble n’a rien sorti depuis 2013, mais d’après nos sources (Kyle Thomas himself), du nouveau matériel est en cours d’enregistrement et verrait le jour en 2025. Alors pour ceux qui préfèrent les musiques plus lentes et tristes que le thrash groovy d’Exhorder : wait & see ! [Seigneur Fred]

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