En tournée cet automne avec Fear Factory et Butcher Babies outre-Manche et un peu partout en Europe, Ghosts Of Atlantis signe son retour en grande pompe avec Riddles of the Sycophants, deux ans après son premier effort au titre énigmatique 3/6/2/4 (Black Lion Records). Avec un look à la God of War (jeu vidéo de SIE Santa Monica Studio) dans des paysages enneigés et des récits mythologiques, la formation britannique nous offre un mélange black/death metal symphonique, certes un peu inattendu, mais somme toute très efficace. Avec une pochette qui en jette, visuellement Ghosts of Atlantis a tout pour plaire. Toutefois, face à une playlist de neuf morceaux (assez longs !), il nous a semblé difficile de tous les passer en revue… Donc voici une petite sélection de ce cru 2023 pour décrire au mieux cet album d’un autre genre !
Commençons donc par le commencement « March of the Titans ». Ce premier titre, à notre grande surprise, est une très bonne entrée en matière ! Son intro à la Dimmu Borgir, groupe auquel est souvent comparé Ghosts of Atlantis, est un pur bonheur pour nos esgourdes. Les synthés donnent une atmosphère grandiose plus qu’appétissante pour la suite. S’il constitue un hors d’œuvre digne de ce nom, alors qu’en est-il du plat de résistance ? « Lands of Snow », tout aussi majestueux, se distingue toutefois par son lyrisme prenant notamment avec la présence de chœurs. Force est de constater que sur l’ensemble du disque, les musiciens développent les morceaux avec parcimonie et le temps nécessaire afin de mettre les choses en place dans l’évolution de chaque morceau, grâce par exemple à une petite intro symphonique (« A Maiden’s Scorn ») avant de déferler à toute vitesse. Le rythme est donc soutenu. En effet, malgré la longueur des morceaux, ceux-ci s’enchaînent finalement assez rapidement. Pas le temps de respirer que c’est déjà reparti pour une nouvelle aventure symphonique !
Un peu plus loin, c’est « Empires Burn at his Dawn » qui a retenu notre attention. Son intro sur un petit nuage de douceur et son final mélodique font du bien au rythme marathonien du morceau. Toutefois, notre enthousiasme se perd car la composition demeure moins bonne que les deux titres précédents. À ce stade de l’album, les morceaux sont de moins en moins marquants et semblent perdre en efficacité ainsi qu’en originalité. D’autres chansons s’avèreront tout à fait honorables mais moins marquantes. « Sacramental » est définitivement le titre le plus black metal avec une déferlante de blast beat. La mer autant que les instruments se déchainent telle une véritable tempête ; un son qui rappelle les origines « metal » du groupe anglais. « The Lycaon King », moins intéressant, demeure notable pour ses riffs groovy entraînants. Et enfin, « Behind the Wall » se démarque par un rythme plus lent et appuyé, qui soutient une mélodie très douce. Les férus de mythologie grecque et d’abysses marins seront probablement servis ! L’ambiance réussit indéniablement le pari de nous faire ressentir la grandeur mais aussi la colère des dieux.
Avec un folklore qui peut sembler rebutant au départ, voire kitsch ou « too much », Riddles of the Sycophants se défend plutôt bien sur la longueur. On a la bonne surprise de se laisser prendre facilement au jeu et de l’écouter avec un certain plaisir ! C’est le genre d’album pour ne pas se prendre au sérieux face à un groupe plus que sérieux. Voilà sans doute une nouvelle recette du succès dans un genre musical qui a parfois du mal à se renouveler. Les membres de Ghosts of Atlantis ne jouent pas avec le dos de la cuillère et sont totalement investis dans leurs univers et leur délire musical. Ils se déchaînent sur leurs instruments pour nous offrir finalement un ensemble cohérent et efficace. Très cathartique au départ, Riddles of the Sycophants perd peu à peu de sa superbe du fait de ces quelques riffs très groovy détonants et un mélange un peu trop exotique des styles et des genres par moment, faisant que l’on ne sait plus vraiment où donner de l’oreille. On y retrouve, certes, les éléments classiques, traditionnels et caractéristiques du black metal mais cela est-il suffisant pour classer ce disque dedans ? Difficile à dire… Malgré ces défauts, le chant de Phil Primmer, aussi bien en guttural que clair, s’avère extrêmement qualitatif. Pour ne pas déroger à leur thème mythologique grec omniprésent, c’est bien ici l’ubris, terme grec désignant la démesure, qui qualifie le mieux ce second opus des Fantômes de l’Atlantide. [Louise Guillon]
Publicité