Petite parenthèse expérimentale pour le guitariste de The Gathering, René Rutten, avec Habitants, projet initialement lancé en 2015 par lui et son frère, Hans Rutten (ce dernier a depuis quitté le navire pour se focaliser pleinement sur le prochain The Gathering). Rapidement rejoints par la chanteuse Anne van den Hoogen (Rosemary & Garlic), et la guitariste/pianiste d’origine chilienne Gema Pérez (déjà présente dans l’ombre du célèbre groupe de Métal/Rock atmosphérique néerlandais en tant que photographe/designer), Habitants avait tout d’abord publié le mystérieux single et plutôt réussi « Meraki » fin 2016 suivi de « Jupiter » en 2017, avant de financer et produire complètement ce premier album grâce à un appel aux dons (crowdfunding) comme c’est la grande mode dernièrement sur la toile. Sur One Self, on sombre rapidement dans un univers étrange, poignant, mélancolique (« Winter » et son spleen de saison), intimiste (le touchant « Vince »), grâce à la voix douce et fragile de sa chanteuse Anne den Hoogen (« The Wake », « Magnolia »). Cette dernière s’était révélée, rappelons-le, sur l’album The West Pole de The Gathering en 2009 à travers sa collaboration lyrique sur le titre « Capital Of Nowhere » (chant & textes) et quelques chœurs. En toute logique, on retrouve naturellement donc l’ambiance des dernières œuvres du célèbre groupe de Métal/Rock atmosphérique néerlandais sans le côté progressif et électronique cependant. A la fois douce, presque sirupeuse, mais aussi énigmatique, la musique épurée d’Habitants nous fait ainsi réfléchir sur notre propre condition d’être humain et notre dessein dans une société toujours plus individualiste à l’heure des réseaux (a)sociaux (« One Self ») au prix parfois d’une terrible souffrance personnelle (« Vince » qui conclut dramatiquement cet album en mémoire du fils mort-né de l’union de René Rutten et de la sud-américaine Gema Pérez). Si la mélancolie prime tout du long, certains morceaux plus rythmés nous réveillent toutefois heureusement un peu par moment pour nous extraire de cette agréable torpeur grâce à la discrète batterie de Jerôme Miedendorp de Bie du groupe Drive By Wire (« Jupiter », « Soul Traveller », « Runners »). D’ailleurs, la voix d’Anne van den Hoogen peut évoquer ponctuellement celle de la chanteuse Sharleen Spiteri sur les slows de Texas (« Jupiter » dédié peut-être à notre cher président ?) voire brièvement Annie Lenox (Eurythmics) comme sur l’intro de « Soul Traveller », toute proportion gardée. Mais Habitants invite avant tout l’auditeur à pénétrer dans son nouveau monde et à s’approprier son univers, ses chansons. Ce premier effort longue-durée s’avère donc intéressant et séduisant. Attention cependant à ne pas se répéter par la suite dans ce genre de Pop/Rock aux mélodies très épurées. Habitants devra également vite s’affranchir de ses influences un peu trop palpables. En attendant, vivement la tournée en 2019 ! [Seigneur Fred]
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