
Enregistré il y a tout juste un an en décembre 2021, soit quelques mois avant l’invasion russe de leur pays, ce sixième méfait des Ukrainiens de Hate Forest a pour lourde tâche de succéder au très bon Hour Of The Centaur paru en 2020 et qui marqua le retour de Hate Forest aux affaires, après quinze ans de disette discographique, et qui plus est par la grande porte de l’underground grâce à Osmose Productions, label français qu’on ne présente plus. Fort de cette nouvelle collaboration, la formation de Kharkiv repart ici à l’assaut des forêts empreintes de mythologie slave et autre paganisme avec son black metal virulent mais paradoxalement assez mélodique.
A l’instar de leurs compatriotes de Drudkh, ou plus récemment Grave Circles (ex-Goatflesh), Hate Forest taille dans le vif tout en pensant à un minimum syndical de mélodie afin d’hypnotiser ses fans sur la longueur. De courts breaks acoustiques, par exemple, aux mélodies de guitares plus chaleureuses ponctuent les six chansons que contiennent Innermost, mais malheureusement trop rarement, et c’est trop bref pour vraiment apprécier ces rares passages atmosphériques. Le chant détonne assez par son timbre grave, dans la mesure où il officie plutôt dans des growls typés death metal plutôt que des screams caractéristiques du metal noir en général. Il faut attendre la seconde moitié du long titre « By Full Moon’s Light Alone the Steppe Throne Can Be Seen » pour entendre quelques screams. Sur le troisième chanson, les vocaux se mélangent davantage, alors que le rythme est très rapide, pas loin des 250 bpm. On pense aux titres les plus violents de Mayhem.
Question guitares, celles-ci sont terriblement acérées, et donnent bien dans le black metal, avec des riffs particulièrement incisifs et froids propices à la misanthropie et au nihilisme. Le riffing peut se rapprocher de celui de Morgan Stenmeyer Hakkanson de Marduk. Néanmoins, il manque sur ce nouvel opus un peu de diversité (« Whiteout Silence »), même si cette linéarité volontaire en fait le principal charme finalement chez Hate Forest. Les fins de morceaux sont également brutes. Et là où le bas blesse, c’est dans le manque d’atmosphère par rapport à leur précédente et grandiose réalisation Hour Of The Centaur, même si ça commence bien parfois (l’utlime « Solitude In Starry December ») ou finit de belle manière (« Temple Of the Great Eternal Night ») mais l’inspiration n’est quand même pas tout à fait au niveau des dernières de Drudkh, s’il fallait comparer ce qui est comparable.
Etant donné le contexte actuel, jetez tout de même une oreille à Innermost afin de soutenir d’une façon ou d’une autre la scène metal ukrainienne qui tente de survivre coût que coût sous les bombes. [Seigneur Fred]
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