Que dire de plus si ce n’est « simple » et « efficace » ! Des qualificatifs tout en demi-mesure mais qui résument parfaitement en quelques mots, le peu de nouveautés qu’apporte ce nouvel et second opus de Helfró. Il a souvent été reproché au groupe islandais de cultiver une musique primitive et un visuel « too much », les enfermant à double tour dans une case du metal extrême « kitsch » ou daté. « Simple » et « efficace » ne sont pas synonymes d’impersonnel ou de simplisme pour autant, bien au contraire. La jeunesse du duo scandinave tend à dépoussiérer par sa musique les préjugés apposés sur le metal extrême, en l’occurrence ici du black/death metal old school, dit « classique », sans fioriture. Tálgröf n’a rien d’un album cosmopolite comme de nombreux combos du genre (et pas que), à la croisée de tout un tas de sous-genres musicaux (à tel point parfois qu’on s’y perd encore !). En cela, il est sobre et modeste, respectueux de ses aînés fondateurs du death et du black metal (Morbid Angel, Marduk, Deicide, Belphegor, 1349…).
Helfró s’adresse avant tout ici aux aficionados de sensations fortes et glaciales du true norwegian black metal mêlées à la brutalité du death metal américain. Amateurs d’innovation, passez donc votre chemin ! À la première écoute notre cœur oscille et vacille. Difficile de choisir entre « Fangelsaður í Tilvist að Eilífu », « Sindur » aux rythmiques épileptiques et « Jarteikn » qui nous rebute. À la fois bon, voire même excellent sur le plan technique et sur celui de la composition (notamment sur les morceaux « Fláráð Fræði », « Ildi Óhreins Anda » et « Minning um Morðingja »), ce second album demeure toutefois décevant quant à son manque cruel d’originalité. Difficile de construire une critique tant est grande l’ambiguïté de la réussite de ce nouvel opus à la fois rythmé dans ses compositions, et plat en termes d’innovation. On ne peut cependant pas imputer à Ragnar Sverisson (batterie) son talent indéniable pour la vitesse. Ici rien n’est fait dans la précipitation contrairement à ce que les déferlantes de blasts beats peuvent laisser entendre. Tout est technique et millimétré, chaque riff fait mouche, c’est comme écrit sur du papier à musique. Tálgröf est donc un album d’une grande violence destiné à tous ceux qui sont en quête d’un exutoire. Ce pur concentré de son islandais bien froid comme l’hiver, strident à vous couper le souffle, n’en est pas pour autant suffocant. C’est en cela que réside probablement la plus grande force de Helfró en dépit d’une tracklist quelque peu répétitive au final. En résumé, Helfró signe un second effort de bonne facture nous replongeant dans la nostalgie des pionniers des scènes extrêmes (européennes et américaine) de jadis. P.S. : Oreilles sensibles durant l’hiver, s’abstenir ! [Louise Guillon]
Publicité