Helga s’écoute et se vit à l’instar d’un conte ou d’un songe. Êtes-vous prêts pour un plongeon au cœur des forêts suédoises ? Pour une introspection onirique ? Une transe quasi-chamanique ? Rencontrons sans plus attendre Helga, cette jeune formation anglo-suédoise prometteuse qui fera parler d’elle, à coup sûr, très bientôt. [Entretien avec Helga Gabriel (chant) et Cai Sumption (guitare) par Marie Gazal – Photos : DR]
Pour commencer, est-ce que vous pourriez nous parler de la genèse du projet Helga en 2019, s’il-vous-plaît ?
Helga : C’est quand j’ai rencontré Cai et les autres ! Mais en fait, j’ai commencé le projet en 2017, seule, en Suède. Quand je suis arrivée en Angleterre, j’ai posté une annonce en disant que je cherchais des musiciens pour mon groupe. C’est comme ça que tout a commencé ! Avec Cai Sumption (guitare), Cameron (Gledhill, guitare), et les autres.
Est-ce que ça a immédiatement « matché » entre vous si j’ose dire ? (sourires)
Helga : Oui ! Il y a plusieurs personnes qui ont auditionné, mais avec eux, cela semblait naturel, même juste le fait de traîner ensemble… Nous sommes devenus de très bons amis. Et c’est vraiment important pour moi, surtout que je suis arrivée à York sans connaître personne, donc avoir des copains aussi passionnés par la musique, c’était génial.
Cai : Cameron et moi sommes amis depuis l’enfance. On a joué dans des groupes toute notre vie. Quand nous avons vu l’annonce d’Helga en ligne et que Cameron m’a parlé de la musique d’Helga, ça m’est paru évident qu’il fallait faire quelque chose avec elle. Donc oui, on peut dire que nous avons bien matché ! (rires)
Vous avez été rejoints par un batteur après coup…
Cai : Sami (Javed) a rejoint le groupe l’année dernière. Quand nous l’avons rencontré, il est arrivé avec quelques morceaux que nous lui avions demandé de répéter, et ça a fonctionné directement. Il est méticuleux et tellement gentil.
Helga, tu as déjà sorti deux EP’s toute seule. Peux-tu nous en parler ?
Helga : En 2017, j’évoluais donc seule. Certains morceaux ont été enregistrés entièrement par mes soins, mais j’ai aussi rencontré notre producteur à ce moment-là, celui avec lequel nous travaillons toujours, Louis, originaire du Brésil. Il a découvert ma musique en ligne. Il a dit que ça avait du potentiel et qu’il fallait faire quelque chose ensemble. Il m’a aidée sur ces EP’s, mais tout était déjà en ligne.
Comment as-tu appris à chanter ainsi ?
Helga : Je ne sais pas ! Cela vient de mon enfance. Ma famille allait tout le temps à l’église donc j’ai appris à chanter là-bas très tôt. J’ai rejoint la chorale de l’église. En fait j’ai toujours aimé cette chorale, cette communion entre les voix en chœurs, les harmonies… Et c’est resté gravé en moi. J’ai continué à l’école en Suède par l’intermédiaire des chorales scolaires. Je participais à des événements de fin d’année, aux chants de Noël… J’ai toujours adoré ça.
Pouvez-vous nous parler de votre premier single « Skogen mumlar » extrait de votre album Wrapped In Mist ?
Cai : C’est le deuxième morceau qu’Helga a écrit pour l’album. Au début, nous pensions que ce serait un EP, pas un album d’ailleurs. Mais Helga, c’est ton morceau, je ne veux pas donc parler pour toi… (sourires)
Helga : L’influence est assez folk. J’écoute beaucoup de musique folk suédoise à vrai dire, donc j’ai voulu incorporer cette tradition musicale. J’ai le mal du pays, la Suède me manque, donc je pensais écrire cet hommage. Dans le même temps, j’ai aussi commencé à écouter Opeth. Et je me suis amusée à ajouter en quelque sorte du Opeth au morceau. J’adore leur façon très progressive de composer et de penser. Je craignais que ces deux influences ne se mélangent pas bien, Opeth et le folk suédois, mais je suis fière que ça fonctionne pour ce morceau !
Mais comment choisis-tu la langue dans laquelle tu écris et chantes ?
Helga : C’est une question de feeling, tout dépend ce qui sonne le mieux sur le moment et pour le morceau, surtout. Les langues sont belles et intéressantes, j’aime l’idée de promouvoir d’autres langues, comme le suédois !
Quels morceaux prévoyez-vous de sortir comme prochains singles ?
Cai : Le second single s’appelle « Burden », il sort le 16 octobre 2023. Puis, nous sortons le sixième titre de l’album, « Alive Again », le 9 novembre 2023, je crois.
Parlez-nous des chansons « Farväl » et « Som en Trumma », parce qu’il y a définitivement du black metal là-dedans ! Que s’est-il passé ?
Cai : J’adore ta réaction, c’est ce que j’espérais justement susciter auprès des gens. Jusqu’au milieu de l’album, nous installons l’auditeur dans une sortie de confort. Si tu écoutes la musique d’Helga sur Nebulous, surtout sur un morceau comme « Haunted », tu peux entendre l’influence du black metal, de Bathory et d’autres groupes de black scandinave chez Helga. Sur chaque morceau, nous avons essayé de capturer l’atmosphère du black metal, l’esthétique du genre, l’ambiance… « Farväl » en est sûrement l’exemple le plus frappant.
Mais en plus, il s’agit de ta voix, Helga ? Tu screames vraiment ?
Helga : Oui, je n’avais jamais fait ça avant. Je le fais un peu aussi sur « Haunted », un ancien morceau. Mais c’est la première fois avec le groupe, enregistré dans un véritable studio. À vrai dire, je me suis sentie mal à l’aise car je n’ai jamais crié de ma vie. Aller dans ce studio faire ça, ça m’a fait peur, j’étais timide et pleine d’émotions. Mais j’étais tellement fière de l’avoir fait et que ça sonne comme ça. Ça sonne authentique. Quand j’ai enregistré les cris, je me suis baissée vers le sol, je ne pouvais pas crier en restant debout toute droite, ça n’aurait pas été honnête. Je me suis baissée, et je me suis mise dans une situation de douleur et d’agonie. Je pense que c’est ce qui sonne le mieux et convient le mieux pour moi.
Vous prévoyez de jouer ces morceaux en live prochainement ?
Cai : En effet. « Farväl » sera l’un des premiers morceaux de la setlist. Nous adorons ces morceaux et voulons les faire découvrir au public.
Mais Helga, tu ne crains pas pour ta voix en concert lorsque tu chanteras ces morceaux criés en live ?
Helga : Oh si ! Je dois encore m’entraîner. C’est difficile de pratiquer dans mon appartement à cause des voisins ! Quand je me suis entraînée pour l’enregistrement, je me suis cachée dans le placard, et j’ai caché ma tête dans un oreiller pour ne pas effrayer les gens ! (rires)
Quelles sont les choses de la vie qui vous inspirent en fin de compte pour vos compositions ?
Helga : La nature est la plus grande inspiration. J’adore être dehors, en montagne, en forêt… Mais du point de vue musical, je dirais le folk suédois, le prog’ metal et le rock en général, bref, tout ce qui sonne bien à mes yeux. Si tu es amateur de musique, tu aimes ce que tu aimes !
Cai : Nous sommes de gros fans de post rock. Mais on aime bien la pop aussi.
Certains groupes de folk nordique font le choix de jouer avec des instruments traditionnels. Ce n’est pas votre cas, vous ne jouez que sur des instruments modernes d’une formation rock finalement : basse/guitare électrique/batterie. Pourquoi ?
Helga : Je me suis posé la question pour la chanson « Skogen Mumlar » au début. Je voulais quelqu’un qui sache jouer du hurdy-gurdy ou un autre instrument habituellement utilisé dans la musique nordique, car je connais des gens qui en jouent en Suède. Mais je n’ai pas eu l’énergie de me rapprocher de ces gens par ici ! (rires) Je me suis dit qu’on ferait alors aec les moyens du bord et que ce serait en plus moins cher.
Cai : Je voulais éviter que nous soyons étiquetés définitivement dans le folk nordique à vrai dire. On ne va pas dans cette direction en particulier. On essaie juste de mélanger toutes les influences que nous avons au sein du groupe, et on ne veut pas spécialement rentrer dans une case définie.
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