Old school !!! Voilà le leitmotiv de nos trois vétérans de Fort Lauderdale (Floride), plutôt discrets discographiquement parlant depuis leur reformation en 2004. Excepté un enregistrement studio en 2009, Omnipotent Convocation (Xtreem Music) ainsi qu’un confidentiel live, A Night At The 5th (Ka-Rye-Eye Tapes), tiré à 100 copies en 2016, Hellwitch ne sort maintenant que son troisième album studio, ayant toujours privilégié les nombreuses démos et splits ou participations à divers compils en tout genre. Il est toujours mené par son frontman Pat Ranieri (guitare/chant) qui fonda en 1984, pour rappel, cette horde démoniaque, parmi la scène US locale de l’époque au côté des futurs Death (alors baptisé Mantas), et autres Atheist, ou bien Sadus ou Possessed côté ouest américain (Californie).
Ce nouveau brûlot de death/thrash technique à l’ancienne regorge de screams et divers growls, de riffs nerveux et moult soli de guitare à tout va, le tout truffés de breaks. Une énergie bouillonnante doublée d’une forte envie d’en découdre, et forcément de headbanguer aussi, transpirent tout du long d’Annihilational Intercention, ce qui constitue déjà une très bonne chose en soi. Dès le premier morceau « Solipsistic Immortality », on se prend une multitude de baffes dans la tronche qui ne peuvent que réveiller l’auditeur, qu’il soit vieux ou jeune et néophyte (l’âge étant bien souvent une question de point de vue ou perspective). Nos trois Yankees, Pat et ses deux sbires, John Brown (guitare) et Brian Wilson (batterie), envoient ainsi du lourd durant une quarantaine de minutes, c’est certain, et des oreilles non averties auront peut-être du mal à suivre (« Epochal Cessation » ou « Solipsistic Immortality » vous feront perdre votre latin et agiteront tous vos sens). Par contre on s’interroge qui a enregistré la basse sur le disque (personne n’étant crédité à ce sujet), et même s’il y en a eu d’enregistrée tant cela ne ressort pas dans la captation sonore faite par. « Delegated Disruption » part sur les chapeaux de roue avec son intro de batterie suivi d’un riff limite black metal et d’un méchant shred. On baigne donc vraiment là en plein death/thrash old school, avec un haut niveau technique, mais il est difficile de bien mémoriser tous les passages tant ça part très souvent dans tous les sens. Sur « Megalopalypytic Confine », on retiendra néanmoins les breaks plus lourds entre deux fulgurantes accélérations, ou le futur hymne très efficace du nom du groupe, « Hellwitch » (à la fin apocalyptique), entrecoupé d’un sombre interlude au nom très explicite « Sorcerous Imminence ». Hellwitch sait tout faire, et quand il se fait plus heavy, devient encore plus redoutable et presque séduisant (l’énorme pont final sur « Epochal Cessation », le plus varié et trompeur « Anthropophagi »).
A la fin d’Annihilational Intercention, on assiste à leur propre revisite de leur ancienne chanson « Torture Chamber » (parue à l’origine en 1987) d’une efficacité redoutable au feeling speed/thrash 80’s, ainsi qu’à la reprise du classique « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyrd (sur la version limitée en vinyle exclusivement). Si Hellwitch a toujours été un second couteau sur la scène metal, et n’a jamais véritablement percé durant les années 80 et 90, restant dans l’ombre de ses frères d’armes tels que Death, Atheist, et consorts précités, il peut encore jouer une carte aujourd’hui dans cette mode des revivals en tout genre (thrash metal, death metal…) mais il faudra beaucoup de concerts sur le Vieux Continent (le trio ayant privilégié son pays en ce début d’été pour défendre live ce nouveau disque) et davantage d’actualités pour conquérir un public toujours plus difficile face à l’offre musicale si fournie de nos jours grâce à internet, mais un public aussi parfois volage et plus aussi fidèle qu’il y a une trentaine d’années… [Seigneur Fred]
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