HOST : IX

IX - HOST
HOST
IX
Pop rock/Gothic/New wave
Nuclear Blast

Quel joli pied de nez en 2023 envers les anciens détracteurs qui incendièrent Paradise Lost à l’époque de l’album Host en 1999 (heureusement il n’y avait pas encore les réseaux (a)sociaux !), après les succès commerciaux des incontournables Draconian Times et One Second ! En réutilisant ce même nom à présent pour prolonger l’expérience de cette parenthèse artistique incomprise, nos deux compères Greg Mackintosh (guitare, claviers) et Nick Holmes (chant) s’en moquent bien, humour anglais oblige, et sortent justement leur premier essai de ce nouveau super side-project pop/rock influencé par le gothic, l’electro, et la new wave (merci Depeche Mode). Ces influences sont très importantes, on l’a toujours su, chez nos amis anglais, et totalement assumées aujourd’hui.

En matière de teasing, rien n’a été lésiné côté marketing par l’énorme label metal allemand Nuclear Blast, qui prend toutefois moins de risque que la major EMI à la fin des années 90, à commencer par une salve de singles plus accrocheurs et mélancoliques les uns que les autres, tous appuyés par plusieurs vidéoclips : l’énorme tube « Tomorrow’s Sky », à la fois dark et classieux avec ses faux-airs de Depeche Mode ; le plus rock « Hiding From Tomorrow » qui nous renvoie plutôt à l’ère One Second avec sa guitare saturée et la voix claire de Sir Holmes, alors que nous nous étions plutôt habitués à ses growls bien gras sur les très bonnes dernières galettes de Paradise Lost mais aussi Bloodbath ; l’électronique « My Only Escape » avec ses nappes de claviers froides à la limite de la cold wave agrémentées par quelques riffs de guitare électrique bien sentis signés du gaucher Mackintosh. Quant à la batterie, a priori ce serait bien une batterie acoustique sur l’ensemble du disque mais à confirmer auprès des principaux intéressés que nous ne manquerons pas d’interviewer prochainement ou à l’occasion d’un prochain enregistrement de Paradise Lost à venir.

On note comme thème récurrent sur cet album IX un certain spleen, à la fois empreint de nostalgie et d’inquiétude face à l’avenir, à travers les titres des chansons « Hiding From Tomorrow », « Tomorrow’s Sky ». Une certaine anxiété persiste tout du long. Quant au titre de l’album, le guitariste l’explique par un double sens : à la fois « IX » signifie en chiffre romain le nombre 9, comme les neuf morceaux que contient le disque, mais aussi comme « I, X », c’est-à-dire « moi » en anglais, suivi de la lettre « X », un peu comme « Zezette épouse X » dans Le Père Noël est une ordure, c’est-à-dire par l’anonymat de nos personnes dans cette masse de données. L’être humain est souvent représenté ainsi, et réduit à un numéro de nos jours malheureusement, dans cette société moderne individualiste, même si la récente crise sanitaire a pu renouer certains liens sociaux, au demeurant fragiles.

À l’écoute de ce cru 2023 à la fois rafraîchissant et léché, même si ce genre de pop/rock/electro est bien entendu monnaie courante depuis les années 80, on ne peut qu’admirer le talent de composition et l’ouverture d’esprit de Mackintosh et Holmes. Être capable de revenir des abysses métalliques les plus violentes et profondes de Vallenfyre (projet cathartique suite à la mort de son père) et dernièrement Strigoi pour le guitariste (également ici claviériste) pour ensuite atteindre des sommets sur les derniers et excellents Medusa ou Obsidian avec Paradise Lost, en passant par la case boucherie avec le brutal death metal de Bloodbath pour Holmes, franchement, quelle versatilité et ouverture d’esprit en 2023 ! Un exemple d’évolution artistique, sans jamais renier ses racines, qu’elles proviennent de Celtic Frost, Nihilit, ou Depeche Mode. Chapeaux messieurs. So British ! [Seigneur Fred]

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