Quelle sensation de fraîcheur et de second degré à l’écoute et la vue d’un concert ou d’un vidéo clip des trublions autrichiens d’Insanity Alert. Bourré de clichés et références musicales ou cinématographiques en tout genre (Iron Maiden, Queen, George Michael, Wayne’s World…) sur leur dernier EP Moshemian Thrashody, leur thrash crossover a le mérite de ne pas laisser de marbre dans le pit tant il est communicatif. Après, c’est comme Ultra Vomit avec leur pipi/caca : soit on aime, soit on déteste. Nous avons mis le grappin sur son chanteur et frontman d’origine néerlandaise au récent Riip Fest qui nous a surpris par son français car étant plus jeune, il avait pour habitude d’aller en vacances en caravane avec ses parents dans notre beau pays… [Entretien réalisé avec Heavy Kevy (chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]
Votre EP Moshemian Thrashody est paru en mai 2024 chez Season of Mist. Quelles sont les réactions globalement du public à son sujet quelques mois après sa sortie ? Les vidéos sur certaines des quatre chansons étaient plutôt funs et vous n’avez pas l’air de trop vous prendre la tête, on dirait… (sourires)
La plupart des réactions ont été plutôt bonnes en général vis-à-vis de cet EP. Cela correspondait visiblement à ce que les gens attendaient de nous, et ça leur plaît. On le voit bien même sur YouTube, il y a des réactions à nos vidéo clips dont tu parles, du genre : « ouais, on a pas besoin de ce genre de choses, c’est lamentable, etc. ». Je comprends ça, mais bon on est un groupe qui existe depuis treize ans maintenant, alors on s’en moque un peu, tu sais. En fait, on devait faire un nouvel album, mais durant le covid-19, on a rien fait, uniquement du skateboard et pris du bon temps. Alors quand il a fallu sortir quelque chose, on a décidé de faire ces nouvelles chansons de « parodie » histoire de roder notre nouveau line-up.
Votre dernier album studio remonte déjà à 2019, c’était 666-Pack. C’était aussi votre première publication sur le label français Season of Mist.
Oui, juste avant la pandémie du covid-19, un an avant ça…
Dans votre style musical de prédilection qu’est le thrash metal crossover, vous faites un peu comme le groupe espagnol Crisix qui alterne et enchaîne depuis quelques années les EP, plus ou moins sérieux (l’EP Pizza ou à Sessions : #1 American Thrash) et les albums studio ?
Ouais, on peut dire ça. On avait besoin de faire ça car comme je te disais précédemment, il y a eu quelques changements au sein du groupe dernièrement, dont un nouveau bassiste. Cela a permis de se faire la main ensemble en studio, c’était cool de voir comme ça se passerait en studio, s’ils rigoleraient à nos blagues nulles et familières, puis on a pu repartir donner des concerts avec quelques nouveautés à proposer au public.
Sur scène, vous jouez toutes ces quatre nouvelles chansons qui sont donc des « parodies » et non de simples « reprises » ?
On est obligé de faire une sélection de nos anciens morceaux et des nouveaux qui ne sont pas trop longs, sauf « Moshemian Thrashody » qui est une longue chanson. On doit s’adapter selon le timing, ici en festival par exemple, on en joue deux sur quatre : « Moshemian Thrashody » (Queen) donc, et « Beerless Fiesta » (George Michael).
Honnêtement, êtes-vous redevables de royalties aux ayant droits de Freddy Mercury (Queen) et George Michael et payez-vous des royalties pour ces deux chansons ? Car ce sont en fin de comptes des parodies exactement, et non des reprises, c’est bien ça ?
Alors probablement que oui pour les musiques, ça c’est notre label Season of Mist qui gère ça. Mais en fait pour les textes, ils sont différents. J’ai totalement changé les paroles de ces chansons. Les ayants droits de George Michael ont dû se faire beaucoup d’argent avec « The Last Christmas »… (rires) De toute façon, on ne fait pas d’argent avec ça, tu sais, on ne gagne pas notre vie avec Insanity Alert. Juste avec le merchandising, et encore, ça rembourse nos frais. De mon côté, j’ai un boulot où je suis auto-entrepreneur pour mon propre label en Autriche.
Et comment s’appelle ton label ?
C’est un petit label que j’ai fondé en 2007 avec des pressages vinyle. Il s’appelle Monster Zero. Je suis fan de The Ramones et Europe, tu sais ! (sourires) Je ne travaille qu’avec mon réseau d’amis, avec des groupes italiens, suédois, japonais, français même ! C’est très underground, mais durant le covid, ça s’est un peu développé.
Quels groupes français figurent donc sur ton label par exemple ?
Des groupes de Paris, Toulouse, etc. comme Maladroit (avec l’un des membres de Guérilla Poubelle), Length Shot, Charlie Fiasco, etc. Je n’ai pas d’employé ni trop de charges, et ça me permet juste de vivre un peu.
Avez-vous des nouvelles chansons sinon de prêtes pour Insanity Alert que vous commencez à proposer sur scène cet été en vue d’un tout nouvel album studio, en plus des quelques extraits de l’EP Moshemian Thrashody ?
Non, on ne joue jamais des morceaux que l’on n’a pas enregistré. C’est toujours délicat, mais on doit pratiquer avant, et durant l’été, on n’a pas trop le temps je dois dire. De toute façon, on n’a pas trop le temps en festival comme ce soir au Riip Fest car on a seulement trente minutes pour jouer.
Sur scène, vous aimez plaisanter avec les spectateurs, et je me souviens vous avoir déjà vus à plusieurs reprises, notamment au festival Motocultor en 2017 si ma mémoire est bonne, avec un gars qui venait sur scène avec des panneaux et des messages dessus. Qui était-ce ? Un membre du groupe ? Un roadie ? Est-ce qu’il y en aura un ce soir pour accompagner vos textes ?
Alors ce type, c’est un ami à moi. En fait, c’est un DJ mexicain qui vit dans le Tyrol en Autriche, mais il ne sera pas là ce soir car il est bien occupé. Ce soir on est en petite équipe, donc je vais le faire moi-même ou peut-être faire appel à quelqu’un dans l’équipe du festival. (rires)
Tu te souviens de ce show donné en France au Motocultor en 2019 ? L’audience avait plutôt bien réagi…
Ouais, il y avait Kreator et Mille Petrozza, je m’en souviens ! (sourires)
Mais dis-moi, tu as l’air de bien connaître la France, dis-moi, et parles même un peu le français. Comment ça se fait ?
Oui, d’ailleurs, avant ce festival se situait près de Vannes, en Bretagne. J’ai visité la Bretagne, la forêt de Brocéliande, Dinan (Cotes d’Armor), la famille Du Guesclin… J’ai vécu plusieurs mois à Paris aussi, et ma sœur vit à Vaison-la-Romaine (Vaucluse). Mais je suis originaire de Rotterdam aux Pays-Bas, donc quand j’étais gamin, comme bon nombre de Néerlandais, j’allais en vacances en caravane avec mes parents, et on traversait et visitait alors toute la France… (sourires)
J’ai cru comprendre aussi que toi et les autres aimaient le skateboard, et en faisaient à l’occasion notamment en France ?
Ouais, j’étais en vacances il y a une dizaine de jours en Normandie fin juin/début juillet (Ndlr : entretien réalisé le 06/07/14), et j’ai fait du skate là-bas. Et puis il y avait la plage, c’était super cool ! J’ai aussi visité les mémoriaux de la Seconde Guerre Mondiale. La France est un beau pays.
Enfin, quels sont les projets après l’été ? Un tout nouvel album studio d’Insanity Alert cette fois ?
Ouais, on commence à y travailler, on a des idées de riffs, etc. Comme on a un nouveau line-up vraiment cool, les choses reprennent et on bosse ensemble sur de nouvelles chansons.
Ce seront de réelles nouvelles compositions ou des parodies là encore ?
Non, là ce sont des nouvelles chansons totalement originales. J’ai déjà pas mal d’idées de textes et de titres de chansons… (sourires)
INSANITY ALERT : Moshemian Thrashody (Season of Mist)
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