Principalement portée par des grands noms comme Septicflesh ou encore Rotting Christ, la scène metal hellénique ne cesse de s’accroitre derrière ces grandes figures du genre, faisant des petits. Il semble toutefois que certaines vagues en Méditerranée n’ont pas encore été surfées. Né des abysses bleu azur, Isolert est désormais contraint de sortir de ces fonds marins si prisés. Plutôt discret, le quatuor originaire de Volos, en Thessalie, fêtera bientôt ses dix ans d’existence (en 2025 !). Il nous propose un troisième album studio solide qui n’a pas pu échapper à nos radars. Et autant le dire tout de suite, Wounds of Desolation est une pépite de la scène black metal grecque underground ! Comment ne pas penser alors à Necromantia en son temps, ou à Naer Mataron, qui marquèrent cette scène il y a déjà quelques décennies…
Bien que le premier titre introduise en douceur et symphonie l’univers d’Isolert (« The Downfall’s Monologue »), l’album s’enchaîne et se déchaine sans laisser le moindre répit. À première vue, ou écoute, aucune chance de survie, diriez-vous, or c’est tout le contraire qui se produit. Wounds of Desolation vous plonge, certes, entièrement dans un espace de pure misanthropie et de noirceur, la définition du black metal. Mais au-delà de ses apparences de bête noire isolée en Thessalie, Isolert peut s’enorgueillir d’une écriture intelligemment rythmée entre chaos et sérénité qui s’harmonise sans effort. Ici, pas d’artifice mais du son primitif et sincère, au tempérament spontané. Fort de ces atouts, les derniers titres de Wounds of Desolation finissent par faire exploser cette force de caractère (« Herald of Demise », « Reflections of Nothingness »). Les morceaux sont ainsi féroces et cathartiques, sans pour autant tomber dans le cliché d’un brutal black metal sans âme. Les rythmes sont saccadés mais travaillés, entrainants, frénétiques voire hypnotiques, à un point tel que l’on a toujours envie d’aller plus loin… ou d’engouffrer dans cette introspection glauque et sinistre. Wounds of Desolation est un véritable mur de sons, une abondance de sensations, une avalanche de coups, le tout porté par un travail vocal puissant accompli communément par le guitariste Panagiotis T. et le batteur Nick S. À la fois mortifère, criarde et vociférante, les voix font advenir une dose supplémentaire de rage et donne toute la dimension émotionnelle à cet album sonorisé par Achilleas K. (Varathron) au studio Suncord Audiolab. L’ambiance sombre ici explose dans un black metal old-school et mélodique subtilement complexe dont Isolert tire sa modernité en 2024. Les riffs classiques brûlants et diaboliques contrastent avec le fond glacial des chansons, mettant en avant des séquences de guitares aux griffes ou plutôt aux riffs acérées, servant paradoxalement des mélodies délicates et des voix introspectivement intenses. [Louise Guillon]
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